Fantilli-Carlsson

MONTRÉAL- La cuvée 2023 du repêchage de la LNH ne manque assurément pas de talent, mais il faudra faire preuve d'un peu de patience avant de voir ses meilleurs éléments à l'œuvre dans la grande ligue - en excluant, bien sûr, le prodige Connor Bedard de l'équation.

C'est du moins ce qu'a laissé entendre le recruteur du Bureau central de dépistage de la LNH, Jean-François Damphousse, dans le plus récent épisode de « La tasse de café », le balado de LNH.com.

« C'est mon opinion, mais je suis toujours plus conservateur à ce sujet, a-t-il amorcé. Je trouve que les joueurs font parfois le saut un peu trop rapidement. Bedard sera probablement le seul à avoir un impact l'an prochain. Est-ce que d'autres joueurs pourraient jouer? Peut-être.

« Mais vont-ils avoir le rôle et l'impact que les gens attendent d'eux? Probablement pas. Parfois, des années de développement supplémentaires peuvent payer à long terme. »

Les attaquants Adam Fantilli et Leo Carlsson, susceptibles d'être réclamés derrière Bedard, pourraient donc jouer encore quelques années à un calibre inférieur avant de s'amener avec l'équipe qui les choisira lors de la première ronde du repêchage, mercredi au Bridgestone Arena de Nashville.

Les deux jeunes hommes affichent un gabarit similaire à un peu plus de 6 pieds et près de 200 livres, mais ils ont encore beaucoup de maturité physique à acquérir avant de se mesurer aux meilleurs au monde.

« Les deux ont un gabarit qui va nécessiter encore quelques années pour le remplir à cent pour cent, a souligné Damphousse. Mais quand on regarde leurs habiletés de fabricant de jeux et leur capacité à réagir sous pression, ce sont deux talents qui vont bien s'intégrer à la LNH. »

Le recruteur a aussi été questionné au sujet du dossier chaud de ce repêchage : Matvei Michkov. Il n'y a pas si longtemps, l'attaquant russe était considéré comme une potentielle menace à Bedard pour l'obtention du premier rang de sélection.

Or, les sanctions sportives contre la Russie l'ont empêché de se faire valoir sur la scène internationale et la situation géopolitique dans son pays a empêché la plupart des recruteurs de le voir à l'œuvre en personne cette saison.

Le contrat qui le lie au club de Saint-Pétersbourg, dans la Ligue continentale de hockey (KHL), jusqu'au terme de la saison 2025-26 pourrait aussi refroidir les ardeurs de certaines équipes. Michkov est maintenant répertorié au deuxième échelon sur la liste des espoirs internationaux du Bureau central, derrière Carlsson.

« Sa faible visibilité et le fait que Carlsson a eu une très bonne saison ont certainement eu un impact sur le classement, a expliqué Damphousse. À mon avis, ils sont très proches en termes de talent. […] Michkov est un talent intéressant, mais il y a une part de risque. Le fait qu'il sera à Nashville risque d'aider son cas. »

Et les défenseurs?

Si les attaquants risquent de voler la vedette en première ronde, il faudra tout de même garder un œil sur certains défenseurs, surtout qu'ils se font plus rares.

L'arrière autrichien David Reinbacher (5e) et le Suédois Axel Sandin Pellikka (7e) sont les mieux classés sur la liste internationale du Bureau central, tandis que Lukas Dragicevic (18e) et le Québécois Étienne Morin (19e) sont les deux meilleurs défenseurs en Amérique du Nord.

Le vice-président du Bureau, Dan Marr, a d'ailleurs indiqué aux journalistes présents à la séance d'évaluation des joueurs que Morin, des Wildcats de Moncton, serait son premier choix s'il devait choisir un arrière.

« J'ai été content de lire ces commentaires », a dit Damphousse, qui couvre particulièrement le territoire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). « Je suis un grand partisan d'Étienne Morin. Je trouve qu'il a des habiletés difficiles à trouver. Il lit bien le jeu, il exécute sous pression et il affiche beaucoup de calme à la ligne bleue. »

Malgré le brio du natif de Salaberry-de-Valleyfield, le Québécois le mieux répertorié est l'attaquant Ethan Gauthier, qui a évolué avec le Phoenix de Sherbrooke cette saison.

« Ethan est un joueur facile à aimer, a fait valoir le recruteur. Il fait un peu de tout. Il patine bien, il marque des buts et il fabrique des jeux. Il a un peu de Tkachuk dans lui dans le sens qu'il aime aller au filet et frapper tout ce qui bouge. »