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Martin Biron a connu une carrière de 15 saisons dans la LNH et il a signé 230 victoires en 508 matchs, connaissant notamment deux saisons de 30 gains et plus. Il a également atteint la finale de l'Association de l'Est avec les Flyers de Philadelphie en 2008. Le gardien natif de Lac-St-Charles a été sélectionné au 16e rang au total du repêchage 1995 par les Sabres de Buffalo. Il a évolué avec les Sabres, les Flyers, les Islanders de New York et les Rangers de New York. Martin a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com chaque semaine afin de discuter de l'univers des gardiens et d'analyser l'actualité de la LNH.

Carter Hart est devenu cette semaine le 23e gardien à enfiler l'uniforme des Flyers en seulement 10 ans quand il a signé sa première victoire dans la LNH face aux Red Wings de Detroit.
Ça m'a rappelé à quel point cette organisation manque de patience en ce qui a trait au développement de ses gardiens. Le marché de Philadelphie en est un où tu dois tout faire pour gagner. Ça force les Flyers à tenter d'acquérir des joueurs via transactions ou sur le marché des joueurs autonomes au lieu d'investir dans leur développement.
Mais plus que n'importe quelle autre position, les gardiens se doivent d'avoir eu le temps de se développer et d'avoir pris l'expérience pour pouvoir livrer la marchandise au prochain niveau.
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Si on regarde les dernières saisons, l'un des seuls gardiens de but qu'ils ont produits a été Sergei Bobrovsky et ils ont manqué de patience avec lui. Il était en plein développement et on pouvait voir qu'il avait des qualités exceptionnelles, mais les Flyers ont vu l'occasion d'acquérir Jakub Voracek. Ce dernier a été très bon avec les Flyers, mais quand on voit ce qu'il a accompli avec les Blue Jackets de Columbus, on constate que Bobrovsky aurait réglé leurs problèmes devant le filet.
Leur feuille de route depuis le début des années 2000 parle d'elle-même.
En 2000, ils ont atteint la finale de l'Est avec Brian Boucher, un jeune qui a connu des débuts éclatants dans la Ligue, mais ils ont décidé de l'échanger contre Robert Esche, quelques années plus tard. Ce dernier s'est rendu en Finale de l'Est en 2004 et les Flyers ont abandonné le projet avant de faire mon acquisition en 2007.
Je me suis rendu en Finale d'association en 2008, mais ils ont décidé de changer de plan encore une fois. En 2010, ils ont participé à la Finale avec le duo de Michael Leighton et de Brian Boucher, mais ont finalement décidé d'accorder un lucratif contrat de neuf ans à Ilya Bryzgalov sur le marché des joueurs autonomes avec les résultats qu'on connaît.
Ils n'ont jamais eu de solution à l'interne. Ils n'ont jamais priorisé le développement de leurs gardiens. La mentalité de l'organisation est particulière. Chaque fois qu'ils ont atteint la Finale d'association, ils se sont dit qu'ils auraient pu s'y rendre avec n'importe quel gardien.
Le marché en est un très exigeant et c'est sûr que ç'a un impact sur les décisions de l'état-major. J'ai tout de même aimé jouer là-bas. À ma première saison complète en 2007-08, nous avions connu un excellent début de saison et les partisans étaient derrière nous. On avait de jeunes joueurs, c'était plaisant et nous avons atteint la Finale de l'Est.
Cette série contre les Penguins de Pittsburgh n'a pas été ma meilleure, mais tout le monde était satisfait de ma progression et de celle de l'équipe. Mais à ma deuxième saison, les attentes du public et de l'organisation étaient complètement différentes en raison de mes succès.
On a perdu en première ronde contre les Penguins cette année-là et la perception de tout le monde envers moi a vite changé. On ne savait plus si j'avais l'étoffe d'un gardien no 1. La patience des partisans avait atteint sa limite.
Les meilleurs athlètes sont capables d'ignorer le bruit autour de l'équipe, mais tu sais ce qui se dit sur toi. C'est un marché très difficile pour les gardiens. Peut-être que tu n'écoutes pas les lignes ouvertes, mais tu dois quand même répondre aux questions des médias sur les possibilités d'échanges, sur les doutes qui pèsent sur toi, etc.
Au final, le mécontentement des partisans joue un rôle dans cette problématique des gardiens. Les grosses organisations comme les Flyers ont un côté hockey, mais un côté business qui doivent communiquer. Les victoires aident, mais souvent, c'est le fait d'amener un nouveau joueur par un échange ou sur le marché des joueurs autonomes qui aident le côté business à vendre des billets et à amener des commanditaires.
Quand Ron Hextall s'est fait congédier, c'était en partie en raison d'une divergence d'opinions avec le côté business. C'est probablement à ce moment-là que la pression des amateurs vient influencer ce qui se passe au sein du département hockey. C'est une roue qui tourne.
Hart sera-t-il la solution?
Je pense que les Flyers voulaient finalement être patients avec Hart puisqu'il est vraiment l'un des meilleurs espoirs devant le filet. Les blessures et les contre-performances ont fait en sorte qu'ils ont dû le rappeler tout de suite et je n'ai aucun problème avec ça. Je pense que c'est une très belle occasion pour le jeune d'avoir une idée de ce que c'est la Ligue nationale et de démontrer ses aptitudes à ce niveau.
Mais aussitôt que les autres gardiens seront de retour en santé, je pense qu'ils devront le renvoyer dans les mineures pour qu'il poursuive son développement. Ils auront cependant une meilleure idée de l'approche qu'ils doivent prendre avec Hart.
C'est sûr que c'est une saison à oublier pour les Flyers, mais pour le futur, pour le nouveau directeur général et le nouvel entraîneur, c'est la chance de voir ce que le jeune a dans le corps. C'est une petite fenêtre qui s'ouvre sur le futur de l'organisation.
Ce ne sera pas une décision populaire auprès des amateurs de le renvoyer dans la Ligue américaine, mais les meilleures décisions sont souvent celles qui sont impopulaires. Même si Hart connaît quelques bons matchs avec les Flyers, je pense que les conditions ne sont pas réunies pour lui permettre de prendre confiance.

La défensive de l'équipe a beaucoup de difficultés et ça pourrait lui faire plus de mal que de bien de le garder pour le reste de la saison. À force de vouloir gagner à tout prix, le jeune pourrait prendre de mauvais plis dans le filet. À son âge, tu ne peux pas baser ton évaluation sur les victoires, tu dois regarder où il en est dans son développement.
Je me souviens que Ryan Miller avait été rappelé pour quelques matchs avec les Sabres en 2003-04 alors que l'équipe connaissait une saison difficile et était en changement de propriétaire. Il avait eu de bons et de moins bons matchs, mais l'équipe s'en est servi pour voir où il en était physiquement et mentalement.
Lors de la saison qui a suivi le lock-out de 2004-05, Miller était prêt à occuper le poste de partant et savait à quoi s'attendre. Espérons que c'est ce qui attend Hart avec les Flyers.
\Propos recueillis par Guillaume Lepage, journaliste LNH.com*