Il aurait fallu être particulièrement optimiste pour prédire que les Islanders de New York, malgré la perte de John Tavares, allaient être au sommet de la section Métropolitaine au lendemain du Match des étoiles. Grâce à un resserrement de leur jeu défensif, ils pourraient maintenant marquer l'histoire en devenant la première équipe depuis 1918-1919 à terminer au dernier rang pour les buts accordés en une saison, puis à terminer premiers l'année suivante.
Les Islanders pourraient marquer l'histoire
Grâce à son jeu défensif, New York pourrait devenir la première équipe de l'histoire à passer de dernière à première place pour les buts accordés lors de deux saisons consécutives
À l'époque, les Sénateurs d'Ottawa avaient réussi le même exploit. Notons toutefois que la LNH, qui en était à ses balbutiements, ne comptait que trois équipes. Bref, ça n'a rien à voir avec l'exploit des Islanders jusqu'à présent cette saison.
Jusqu'à présent cette saison, les Islanders ont accordé 122 buts à l'adversaire, ce qui les place au premier rang devant les Bruins de Boston et les Stars de Dallas à 128. Or, lors de la campagne 2017-2018, les Islanders ont permis 296 buts, bon pour le dernier rang.
Ce revirement spectaculaire peut assurément s'expliquer par l'arrivée derrière le banc de Barry Trotz.
Trotz venait tout juste de réussir l'exploit de donner aux Capitals de Washington leur première Coupe Stanley en 44 ans d'histoire quand il a accepté le poste de pilote des Islanders que lui offrait le tout nouveau président des opérations hockey de la formation de Long Island, Lou Lamoriello, le 21 juin.
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Le défi s'annonçait encore plus difficile que de remporter la Coupe Stanley puisque non seulement les Islanders venaient-ils de connaître une saison horrible défensivement pour terminer au septième rang de la section Métropolitaine avec 80 points, mais surtout, la perte du meilleur joueur de l'équipe en John Tavares au profit des Maple Leafs de Toronto sur le marché des joueurs autonomes allait complètement modifier le visage de l'équipe.
Un nouveau départ s'imposait, particulièrement en défensive. Les Islanders venaient d'accorder plus de buts que toutes les formations de la LNH depuis que les Flyers de Philadelphie avaient cédé à 303 occasions lors de la saison 2006-2007. Le système de jeu préconisé par l'entraîneur-chef Doug Weight l'année précédente ne fonctionnait pas.
« Cette équipe peut marquer, que ce soit avec ou sans John Tavares, avait dit Trotz à l'Athlétique en août dernier. Une des choses les plus faciles à corriger, si le niveau de dévouement et d'engagement est bon, c'est de garder la rondelle hors de ton filet. Les gars devront acheter le plan et nous allons mettre une structure en place, nous assurer que nous portons attention aux détails et que les joueurs seront responsables. »
Ce plan, Trotz avait eu la chance de le peaufiner avec les Capitals. Après avoir été la 11e équipe à accorder le plus de buts par tranche de 60 minutes dans la LNH entre octobre 2017 et le 8 mars 2018, les Capitals ont été la troisième équipe la moins généreuse lors du dernier mois de la campagne, en route vers la Coupe Stanley.
La recette fonctionne aussi pour les Islanders, qui ont grandement resserré leur jeu pour maintenant accorder 2,38 buts par tranche de 60 minutes. Cette marque était de 3,53 l'an dernier, au tout dernier rang dans la LNH.
Un tel changement de cap allait inévitablement s'accompagner d'une baisse de production offensive. L'équipe est passée de septième (3,14 buts/60 minutes) à 17e (2,92). C'est donc dire qu'à chaque match, les Islanders ont un différentiel positif de 1,34 but par rapport à la saison dernière. Voilà qui fait toute la différence au classement.
Comment expliquer ce changement drastique?
Une nouvelle direction pour les gardiens
Après avoir connu des saisons de misère l'an dernier, Robin Lehner - qui était avec les Sabres du Buffalo - et Thomas Greiss affichent certaines des meilleures statistiques du circuit. Le premier a le meilleur pourcentage d'arrêts de la LNH à ,931 alors que le deuxième est au septième rang à ,920. Les deux se sont divisé la tâche de manière presque égale et ont remporté 15 et 14 victoires.
Lorsque Trotz a fait le saut de Washington vers Long Island, il n'a pas seulement apporté son expertise dans ses valises, mais aussi le directeur des gardiens Mitch Korn. Les deux sont collègues depuis les débuts de Trotz avec les Predators de Nashville en 1998 et la feuille de route de Korn n'est plus à faire, lui qui a fait des merveilles avec les Dominik Hasek, Pekka Rinne, Tomas Vokoun et Braden Holtby, pour ne nommer qu'eux. Il semble en voie de faire de même avec Lehner et Greiss.
Moins de chances de qualité
La nouvelle structure de Trotz aura aussi permis aux deux gardiens de faire face à des lancers beaucoup moins redoutables que lors de la saison précédente, quand Greiss partagerait le filet avec Jaroslav Halak. Grâce au site Hockeyviz.com, on constate rapidement que les lancers non bloqués à cinq contre cinq en direction du but des Islanders sont moins redoutables puisqu'ils sont décochés de bien plus loin qu'il ne l'était lors de la saison 2017-2018. Il y avait davantage de trafic devant le filet des Islanders l'an dernier que sur l'autoroute Métropolitaine à l'heure de pointe.
Une autre sphère où les New-yorkais font mieux, c'est en désavantage numérique. L'équipe a maintenant un taux d'efficacité de 78,7 pour cent, bon pour le 22e rang dans la LNH. Ce n'est pas la gloire, mais c'est bien mieux que leur taux de 73,2 pour cent en 2017-2018, bon dernier parmi les 31 équipes de la LNH.
Surtout, comme le démontrent les graphiques de Hockeyviz.com, les Islanders sont parvenus à limiter le nombre d'endroits d'où sont décochés les lancers en infériorité numérique, majoritairement du centre de la patinoire. L'an dernier, les portiers de l'équipe devaient s'ajuster bien plus souvent puisque les tirs venaient de partout.
La participation des attaquants
Les attaquants et défenseurs des Islanders ont aussi mis l'épaule à la roue en accordant en moyenne 5,1 tirs de moins par rencontre. En défensive, les vétérans Johnny Boychuck et Nick Leddy ont d'ailleurs fait preuve de plus de stabilité cette saison après une année difficile l'an dernier, et les jeunes arrières Ryan Pulock, Adam Pelech et Scott Mayfield ont gagné en expérience. D'ailleurs, outre Pulock, tous les défenseurs des Islanders ont amélioré leur Corsi% cette saison, signe que la défensive contrôle mieux la rondelle et cède moins de lancers.
« C'est un ensemble de nos attaquants et nos défenseurs », a analysé Trotz en entrevue avec le quotidien Newsday le 26 décembre. « Je pense qu'ils ont appris à mieux défendre. Ils ont aussi eu droit à plus d'aide des attaquants. Ils reviennent plus près du filet. Ils se sont beaucoup améliorés. »
Est-ce que ça peut tenir?
Avec 33 matchs à faire à leur saison, les Islanders peuvent-ils demeurer au sommet de leur section et continuer de jouer du jeu défensif aussi efficace? Ce ne sera pas facile.
Pour ce faire, il faudrait que Lehner et Greiss continuent d'offrir des performances bien meilleures qu'ils ne l'avaient jamais fait dans leur carrière, surtout que les Islanders sont la neuvième équipe qui accorde le plus de chances de marquer dans la LNH, ce qui pourrait finir par coûter cher. La protection de l'enclave sera primordiale.
De plus, l'équipe n'aura pas une fin de calendrier facile. Sur ses 33 matchs restants, 19 le seront contre des équipes qui se retrouvent dans la première moitié du classement de la LNH. Trois duels intradivision contre les Blues Jackets de Columbus et deux contre les Capitals de Washington sont aussi à l'horaire. Quelques défaites et les Islanders pourraient se retrouver en troisième place de la section Métropolitaine.
Une situation des plus inhabituelles pourrait toutefois venir donner un coup de main aux Islanders, puisqu'ils disputeront 12 de leurs 15 prochains matchs à domicile au Nassau Coliseum plutôt qu'au Barclays Center. L'équipe a vécu des moments magiques cette saison lorsqu'elle a retrouvé son ancien domicile et les partisans de Long Island, qui n'ont jamais été chauds à l'idée de se rendre à Brooklyn pour voir leurs favoris, ont adoré. L'ambiance risque d'être survoltée.
Parfois, il faut un peu de magie pour être Cendrillon!