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QUÉBEC – Il aurait fallu être un peu fou pour prédire qu’un jour, le numéro de Jonathan Marchessault se retrouverait au plafond du Centre Vidéotron avec les autres légendes des Remparts, des Nordiques et autres clubs qui ont représenté la ville de Québec au hockey.

C’est pourtant ce qui s’est passé samedi alors que la bannière no 18 a été hissée dans les hauteurs de l'édifice devant l’attaquant des Predators de Nashville, sa famille et plusieurs invités avant le match entre les Remparts et les Tigres de Victoriaville.

Rien ne prédisait que le petit attaquant de 5 pieds 9 pouces, qui avait été un lointain choix de 12e ronde des Remparts en 2007, allait connaître un tel destin. Repêché alors qu’il évoluait au niveau midget espoir, Marchessault n’a disputé qu’un match dans le midget AAA avant de faire le saut dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).

Quatre ans plus tard, il avait 254 matchs au compteur, lors desquels il a amassé 239 points, en plus d’être nommé sur la première équipe d’étoiles de la LHJMQ en 2010-11.

« On est parti de loin, a lancé Marchessault. Le chemin a été un peu plus ‘bumpy’ (cahoteux) que pour certains, mais on s’est rendu. Mon cheminement, c’est une des choses dont je suis le plus fier. »

Même s’il faisait lever le toit du vieux Colisée de Québec soir après soir, Marchessault n’a pas été repêché dans la LNH – ou même mis sous contrat après son stage junior. Il s’est retrouvé dans la Ligue américaine de hockey (LAH) avec l’organisation des Rangers de New York, avant de finalement recevoir une offre de contrat des Blue Jackets de Columbus la saison suivante et de disputer ses deux premiers matchs dans la LNH.

Douze ans plus tard, l’attaquant de 33 ans compte 638 matchs dans la Ligue avec les Blue Jackets, le Lightning de Tampa Bay, les Panthers de la Floride et les Golden Knights de Vegas. Il a récolté 487 points (230 buts, 257 passes) et remporté la Coupe Stanley ainsi que le trophée Conn-Smythe, remis au joueur le plus utile des séries éliminatoires, quand les Golden Knights ont gagné la Coupe en 2023.

« Tu peux demander à n’importe qui, personne ne pensait que je pourrais (me rendre à la LNH), a-t-il rappelé. Mon objectif quand j’ai fini (mon junior) à 20 ans, c’était d’essayer la LAH pour voir si je pouvais y jouer. Mais l’organisation de Hartford, qui était celle des Rangers, me voyait plus dans la East Coast quand elle m’a (mis sous contrat). Quand je suis arrivé, il y a eu deux blessés, et j’ai eu un bon camp d’entraînement. J’ai commencé la saison sur la première ligne et j’ai bien fait dès le début. J’ai eu une opportunité et je l’ai saisie. »

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Une grande absente

La route a encore une fois été ‘bumpy’ pour Marchessault, samedi. Il y avait une grande absente parmi les invités sur la glace du Centre Vidéotron : la mère de Jonathan, Lesly Marchessault. Celle-ci est décédée jeudi.

La nouvelle n’avait pas été ébruitée, si bien que c’est Marchessault lui-même qui en a fait l’annonce aux spectateurs. Malgré l’émotion, il a été en mesure de terminer son discours avec la persévérance qui aura fait sa renommée.

« J’ai su que j’ai perdu ma mère hier matin, a-t-il expliqué après la cérémonie. C’est sûr que c’est difficile, pas juste pour moi, mais pour toute la famille. Toute personne qui connaissait ma mère sait qu’un moment comme aujourd’hui, ce serait l’un des plus beaux moments de sa vie. C’est ça que je trouve plate. Elle aurait tellement aimé voir ça, voir son nom monter au plafond du Centre Vidéotron.

« On vient tellement de loin. J’ai été très proche de ma mère pendant longtemps, quand j’étais dans le junior. Elle a été très bonne pour moi, incroyable. C’est horrible, mais ça fait partie de la vie, et elle aurait voulu qu’on soit tous ici en famille. »

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L’impact de Patrick Roy

Lors de son discours à la foule, Marchessault est revenu sur l’impact que Patrick Roy avait eu sur sa carrière, lui qui était l’entraîneur-chef des Remparts durant tout son stage dans la LHJMQ.

Il a raconté à la foule des anecdotes où l’actuel pilote des Islanders de New York avait été particulièrement dur envers lui, dont une fois où il lui avait dit, devant tous ses coéquipiers, qu’il avait été le pire joueur de l’équipe lors du match de la veille… même s’il avait marqué deux buts et amassé une passe dans une victoire de 3-2.

Marchessault a souvent dû retenir sa colère envers son entraîneur, mais il comprend aujourd’hui qu’il ne serait jamais devenu le joueur qu’il est sans la rigueur et l’éthique de travail que Roy lui a inculquées.

« Avec Pat, durant mon junior, je ne dirai pas que je l’adorais, a-t-il souligné. C’était mon entraîneur, et il était excessivement dur. C’était difficile pour moi mentalement. Mais avec du recul, j’ai réalisé qu’il a été tellement bon pour moi. Au hockey, il m’a appris l’importance de jouer défensivement, et ce qu’il me disait, je l’ai réentendu (de la bouche d’autres entraîneurs) plus tard. Il était excellent pour de telles choses. Il n’y a pas de meilleur entraîneur, je pense, pour te préparer mentalement pour une ‘bumpy ride’ comme la mienne. »