SIDE PATRICK ROY BADGE LEPAGE

MONTRÉAL – Patrick Roy avait été clair : il ne voulait pas être le centre d’attention à son retour à Montréal comme entraîneur-chef des Islanders de New York, jeudi.

Les Canadiens de Montréal se sont assurés exactement du contraire.

Lors de l’interprétation du « Ô Canada », chanté par Cherylyn Toca, des images de Roy dans l’uniforme du Tricolore ont défilé sur l’écran géant. Notamment son fameux clin d’œil à Tomas Sandstrom en finale face aux Kings de Los Angeles, les célébrations du défilé de la Coupe Stanley sans chandail et le retrait de son no 33.

Posté derrière le banc de l’équipe adverse, le pilote n’a rien vu de tout ça. Il fixait le sol pendant que le grondement de la foule ne faisait que s’amplifier pour atteindre son apogée au terme de l’interprétation, quand la caméra s’est braquée sur lui. Il a alors levé la tête, puis la main en guise de remerciements.

« Je ne savais pas à quoi m’attendre, pour être honnête, a-t-il dit après le revers de 4-3 des siens. Je ne regarde jamais le tableau. J’ai levé les yeux et j’ai vu quelques images, mais je voulais rester concentré sur ma tâche. Ce match n’était pas à propos de moi, mais de notre équipe.

« Je tiens à remercier l’organisation des Canadiens. C’était vraiment un beau geste de leur part. La réaction des partisans a été extraordinaire, comme d’habitude. Ils ont toujours été A1. Je suis très reconnaissant de tout ce qui s’est passé ici ce soir. »

Roy avait prévenu tout le monde avant le match qu’il n’avait jamais été le meilleur pour se permettre de vivre ses émotions. Il a toutefois paru ému quelques instants avant la mise au jeu initiale, et semblait avoir hâte que la rondelle tombe alors qu’il régnait une énergie spéciale dans l’amphithéâtre.

Il s’agissait du quatrième match (1-3) qu’il dirigeait au Centre Bell, son premier depuis le 14 novembre 2015, et les amateurs s’étaient visiblement ennuyés.

« Les matchs en séries sont toujours spéciaux ici, a commenté l’attaquant Jean-Gabriel Pageau. Mais ça doit être l’un des matchs où j’ai eu le plus de frissons pendant l’hymne. En tant que Québécois, j’ai grandi en regardant une légende comme Patrick. C’était vraiment quelque chose de spécial qu’il mérite amplement. »

Roy et sa troupe sont cependant vite retombés sur le plancher des vaches. Nick Suzuki, Cole Caufield et Sean Monahan ont tous touché la cible dans les 13 premières minutes de jeu, forçant l’entraîneur à demander un temps d’arrêt pour éviter que les choses ne dérapent davantage.

Du calme

Ç’a fonctionné puisque les Islanders et Semyon Varlamov ont fermé la porte jusqu’au but gagnant de Monahan dans les dernières minutes de la rencontre.

« Nous avons parlé de notre mentalité dans les derniers jours, a expliqué Roy. Nous étions mis à l’épreuve à ce moment-là et je voulais qu’on demeure concentrés sur ce qu’on avait à faire. Je voulais qu’on le fasse ensemble, et non individuellement. Il restait encore beaucoup de temps, et j’ai aimé notre résilience. »

« On voulait être résilients et montrer qu’on a du caractère, a renchéri Pageau. On a eu plusieurs épreuves durant la saison et Patrick a été positif dans son discours. Il fallait revenir à la base et continuer à travailler ensemble. C’est ce qu’on a fait jusqu’à la fin pour se donner une chance de gagner. »

Malgré une belle remontée, les Islanders ont encaissé un deuxième revers en trois matchs sous la gouverne de Roy. Ils ont assurément démontré plus de combativité sous les ordres de l’ancien gardien, mais ils ont encore du travail à faire au chapitre défensif pour se maintenir dans la course aux séries.

« C’est sûr qu’on a des correctifs à apporter sur les revirements, a souligné l’entraîneur. Il va falloir s’améliorer. Quand on commence par exemple à envoyer la rondelle dans les gradins, à leur redonner la rondelle, ça vient casser notre momentum et ça affecte beaucoup le rendement de l’équipe. »

Le résultat viendra peut-être teinter les souvenirs que Roy gardera de cette soirée, lui qui aime tant la victoire, mais on s’en souviendra comme l’un des beaux chapitres dans la relation entre les amateurs montréalais et leur no 33.

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