Bobrovsky-no-bug

BOSTON - S'il y avait eu une image à retenir du match no 5 entre les Bruins de Boston et les Panthers de la Floride, elle aurait été incarnée par les dernières secondes de la troisième période, quand une mise en jeu en territoire offensif pour les Panthers est rapidement devenue le moment le plus dangereux de la soirée.
Un moment marquant pour tout le monde, excepté Sergei Bobrovsky.

Avec 6,7 secondes à jouer au temps réglementaire, Brad Marchand est parvenu à pousser à rondelle derrière les défenseurs des Panthers et à s'échapper. Il restait 0,6 seconde au cadran quand Bobrovsky a fait l'arrêt pour sauver la saison des Panthers.
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« J'avais déjà oublié ce moment pour être honnête », a répondu Bobrovsky au terme de la rencontre, remportée 4-3 grâce au but de Matthew Tkachuk à 6:05 en prolongation qui a forcé la tenue d'un match no 6.
Au lieu de se retrouver au centre de la glace pour une poignée de main, les Bruins et les Panthers reprendront l'avion en direction de la Floride pour le prochain duel au FLA Live Arena, vendredi (19 h 30 HE; TNT, CBC, TVAS, SN, BSFL, NESN).
« C'est juste un arrêt sur le moment, un jeu qui arrive à ce moment, a nuancé Bobrovsky. Je savais qu'il ne restait pas beaucoup de temps au cadran, alors il allait probablement tenter un tir. J'ai tenté de garder ma position, d'être agressif. J'ai été chanceux de faire l'arrêt. »
Si Bobrosvky a minimisé l'impact de ce jeu, son entraîneur Paul Maurice, lui, l'a vu autrement. Il a fait une pause quand il a été questionné par les journalistes, cherchant ses mots.
Il était inexplicablement calme.
« Je savais que ça ne rentrerait pas, a dit Maurice. Et tu ne peux pas le savoir, alors c'est bête ce que je suis en train de vous dire. Mais je n'ai pas l'impression que le karma a été souvent en notre faveur dans cette série. C'est une belle façon de dire que je n'étais pas en accord avec plusieurs des appels. Alors j'avais l'impression que nous avions emmagasiné suffisamment de karma pour que cette rondelle n'entre pas dans le filet. »

Maurice avait envoyé Alex Lyon devant la cage pour le début de la série, ce dernier ayant signé six victoires consécutives pour aider les Panthers à se qualifier pour les séries dans la dernière ligne droite de la saison. Mais Bobrovsky, qui avait été à l'écart depuis le 27 mars en raison d'un virus, a remplacé Lyon tard dans le match no 3 et il n'a pas perdu le poste depuis.
Bobrovsky a accordé cinq buts sur 30 tirs dans le match no 4. Puis, dans le match no 5, il s'est levé.
« La décision d'envoyer Sergei Bobrovsky a été prise par Sergei Bobrovsky. Mon esprit était partagé à propos de mes deux gardiens avant ce match. Mais j'avais l'impression que la pression devait être sur Sergei pour ce match. Il devait porter ce poids.
« Et il a été brillant. Et tout lui revient. Ce n'est pas la décision de l'entraîneur. Ce n'est pas la foi que je lui ai montrée. C'est Sergei Bobrovsky. »
Et l'équipe devant lui a été résiliente.
Chaque fois que les Panthers marquaient, les Bruins répliquaient. Les locaux ont d'ailleurs dominé la deuxième période et une bonne partie de la troisième. Taylor Hall a créé l'égalité à mi-chemin au troisième tiers, mais Marchand n'a pu concrétiser la remontée sur la dernière chance en temps réglementaire. Au final, quand le match s'est joué en prolongation, il n'y avait plus de temps pour répliquer.
On ne verrait que Tkachuk.
« Ce gars est - insérez plusieurs blasphèmes - la définition d'un joueur qui se lève dans les moments cruciaux, a dit Maurice. Ne l'est-il pas? »
Les Panthers débarquaient à Boston en ayant perdu deux matchs de suite en Floride et en étant au bord du gouffre. Ils devaient l'emporter mercredi, sans quoi leur saison estivale commençait.
« Le sentiment du désespoir, a dit Tkachuk. Nous devions jouer avec ce sentiment. […] Nous étions censés être balayés dans cette série, n'est-ce pas? Personne ne nous donnait la moindre chance après ces deux défaites à la maison, alors que nous nous amenions ici le dos acculé au mur.
« On dirait que cette série était terminée avant qu'elle ne commence. Notre début de match a donné une étincelle pour notre équipe. Nous étions prêts, nous croyions en nos moyens. Nous ne voulions tout simplement pas que notre saison prenne fin. »
Mission accomplie. Tkachuk a fait payer la mauvaise sortie de Linus Ullmark derrière son filet en prolongation. La table est maintenant mise pour le match no 6.
Les Bruins auront une autre chance d'en finir, et les Panthers auront une nouvelle chance d'étirer leur saison. Tkachuk et Bobrovsky auront une autre chance de jouer les héros.
Une autre chance, c'est tout ce qu'ils voulaient.
« Ils vont s'amener en Floride et nous savons que dans leur esprit, et dans celui de tout le monde à Boston, il ne peut pas y avoir un match no 7, a dit Tkachuk. Alors c'est à nous de tout faire pour vous revoir ici dans quelques jours. »