C’était surtout improbable que ça se produise, il y a deux semaines à peine.
Thatcher Demko, finaliste pour l’obtention du trophée Vézina, remis au meilleur gardien de la LNH cette saison, s’est blessé lors du match no 1 de la série. Casey DeSmith est donc devenu le gardien de confiance de l’équipe, mais il s’est à son tour blessé au bas du corps. À partir du quatrième duel, Silovs avait les rênes.
Y’avait-il, à partir de ce moment, de la panique dans le vestiaire des Canucks?
« Non, a catégoriquement répondu le défenseur Ian Cole. Nous avons confiance en notre équipe et en ce que nous avons accompli cette année. Nous avons confiance en nos gardiens, de Demmer, à Casey, à Arty. Nous avons beaucoup de profondeur, plusieurs gars qui sont en mesure d’élever leur jeu d’un cran lorsqu’ils sont appelés à remplacer des joueurs clés.
« Certaines personnes éclosent sous pression. Il est sans doute l’un de ces gars qui accueillent la pression et les projecteurs. Il n’a pas peur du succès. Il y a un phénomène de méfiance de certaines personnes lorsqu’elles sont exposées à la pression, à être la personne clé, à devoir prendre de l’importance soudainement. C’est anxiogène. Tu peux choisir de laisser cette anxiété te miner, ou plutôt t’en servir comme carburant. Dans son cas, il s’est levé. »
Avant de blanchir Nashville vendredi, Silovs avait déjà connu de bonnes prestations avec 27 arrêts dans le match no 4, remporté 4-3 par les Canucks en prolongation, puis 20 arrêts dans une défaite de 2-1 lors de la rencontre suivante.
Vendredi, l’entraîneur-chef des Canucks, Rick Tocchet, avait une décision importante à prendre : Casey DeSmith, rétabli, pouvait maintenant obtenir le départ. Qui choisir? Le vétéran de 32 ans ou la recrue encore peu connue de la planète hockey? La deuxième option a prévalu.
« Sa conduite est remarquable, a d’abord justifié Tocchet. Même lorsqu’il était troisième gardien, pendant la saison, il travaillait sur son jeu à l’entraînement. Il jonglait. Il complétait sa routine pendant des heures dans le corridor. Ce soir, le moment n’a pas été pas trop gros pour lui. Il a été calme devant le filet. Ce sont les séries éliminatoires de la Coupe Stanley, vous êtes le troisième gardien de votre équipe et vous devez assurer la relève. C’est impressionnant qu’il ait réagi de la sorte et qu’il ait aussi rapidement gagné la confiance de ses coéquipiers. »
Silovs avait déjà la confiance de son entraîneur, mais il n’a pas été préféré à DeSmith sans qu’il y ait préalablement dilemme. Jamais Tocchet n’avait-il eu à prendre une décision de la sorte depuis ses années d’adjoint avec les Penguins de Pittsburgh.
« Mike Sullivan devait prendre une décision entre [Marc-André] Fleury et [Matt] Murray, a-t-il raconté. Tu dois prendre tous les éléments en compte. Qui est en santé? Qui a connu de bons entraînements? Qui a joué des matchs récemment? Puis tu prends une décision. »
Les Penguins avaient finalement opté pour le jeune Murray. Décision visiblement judicieuse qui a aidé l’équipe à remporter deux fois la Coupe Stanley, en 2016 et 2017.
Et, au même niveau que Murray, Silovs a gagné le respect de ses coéquipiers au terme de prestations inspirées.
Si bien que l’attaquant J.T. Miller a porté le chandail rose au look des plus excentriques du gardien à l’entraînement, jeudi.
« Je savais que ça s’en venait. Ça lui fait bien », a souri Silovs après l’entraînement. « Ils ne m’en ont pas trop parlé, mais visiblement, ils ne l’aimaient pas, parce qu’ils ont décidé de l’apporter sur la glace. »
Peut-être Miller est-il l’un des premiers d’une vague de gens à porter un chandail de Silovs, si le Letton continue à conquérir les partisans vancouvérois.
« Je suis très heureux pour lui, s’est réjoui Miller. C’est tout un scénario qui s’est présenté à lui! Il fait les arrêts alors que tout est plus gros et plus fou. Nous sommes tous très heureux pour lui. »