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SUNRISE, Fl. – Ce match aurait pu prendre une tout autre tournure dès la première minute de jeu.

Les Panthers de la Floride avaient l’avantage de la glace. Ils étaient gonflés à bloc et bien reposés après une pause d’une semaine. Un but à la 40e seconde aurait mis le feu au Amerant Arena et les hommes de Paul Maurice en pleine confiance face aux Bruins de Boston.

Anton Lundell a sauté sur un retour de lancer à l’embouchure et n’avait qu’à pousser la rondelle de l’autre côté de la ligne rouge. Mais Jeremy Swayman en a décidé autrement. Le gardien a étiré la jambière droite et a repoussé la menace de brillante façon.

C’était sa façon d’afficher ses couleurs rapidement. Il a continué le travail tout au long de la soirée pour aider les siens à prendre les devants 1-0 dans la série grâce à une victoire de 5-1, lundi.

« Ce jeu m’a vite mis dans le bain, a analysé le gardien de 25 ans. Mon travail est d’arrêter la rondelle, peu importe le genre d’arrêt que je dois faire. On a été chanceux d’obtenir cet arrêt tôt dans le match. On a pu bâtir là-dessus pour le reste de la rencontre. »

Swayman, qui a eu la peau des Maple Leafs de Toronto au premier tour, a donc poursuivi sur sa lancée. Il faudrait peut-être commencer à parler de Swaymania, comme le suggérait un estimé collègue.

Il s’est dressé devant 38 lancers – son plus haut total en carrière en séries – et a aidé les siens à gérer les quelques poussées générées par les Panthers à différents moments de la rencontre. L’Américain est clairement dans la zone en ce moment, et rien ne semble pouvoir le battre.

« Oh, ce gars est toujours dans la zone, on n’est jamais inquiets de ça, a rigolé le jeune défenseur Mason Lohrei, qui a enfilé le premier but de sa carrière en séries. Il est incroyable. C’est le pilier de notre équipe et nous sommes chanceux de l’avoir. Il est l’un des meilleurs gardiens de la Ligue. »

Le tir précis de Matthew Tkachuk, au milieu du deuxième vingt, a été le seul à avoir raison de lui. Pour le reste, ç’a été le même refrain qu’au premier tour. L’adversaire a obtenu des chances en or, mais Swayman était tout simplement partout en même temps.

« Son niveau de compétition inspire notre équipe et nous donne de l’énergie, a résumé l’entraîneur Jim Montgomery. Nous avons commis plusieurs erreurs. Si ça n’avait pas été de Jeremy Swayman, ce match aurait été bien plus serré. Ils auraient peut-être même gagné. Le score n’indique pas l’allure de la rencontre. »

Il fallait quand même s’attendre à une légère baisse de rendement de la part de la formation bostonienne, moins de deux jours après une victoire haute en émotions dans le match no 7 contre les Leafs. Swayman, lui, a simplement continué de surfer sur la vague à son cinquième départ de suite.

Craignant justement que le gardien ne soit pas en mesure de garder le rythme, Montgomery et ses adjoints ont jonglé avec l’idée d’envoyer Linus Ullmark dans la mêlée.

« Avec les émotions du match ultime et la journée de voyagement, c’est une option que nous avons analysée, a révélé le pilote montréalais. Nous avons autant confiance en Linus. Mais quand un gars joue aussi bien que ça, il ne faut pas tenter de se montrer plus malin que les autres. »

Si on se fie à cette logique, il ne devrait pas y avoir de changement devant la cage des Bruins au prochain match, mercredi. Mais sait-on jamais.

Un but pour Crew

Brandon Carlo risque de bien dormir à son retour à l’hôtel. Les 36 dernières heures de la vie du défenseur ont été fort occupées. Il a appris, après le match ultime contre les Leafs, que sa femme avait pris la route de l’hôpital pour donner naissance au deuxième enfant du couple.

Ils ont patienté durant toute la journée de dimanche avant que le travail ne se mette en branle dans la nuit de dimanche à lundi. Vers 3h du matin, le petit Crew se pointait le bout du nez. Quelques heures plus tard, papa Carlo sautait dans un avion vers la Floride pour arriver à temps pour le match.

BOS@FLA: Un but pour le nouveau papa!

L’arrière de 27 ans a non seulement joué durant 18:40 avec très peu d’heures de sommeil dans le corps, il a aussi inscrit son deuxième but des séries, le troisième des siens avec 21 secondes à écouler en deuxième.

Swayman a même célébré à l’autre bout de la patinoire. Il a assuré que ce moment serait l’un des plus mémorables du parcours des Bruins, ce printemps.

« Ce sont 24 heures que je n’oublierai pas, a conclu Carlo. Je sais que tous mes coéquipiers auraient joué ce soir s’ils avaient été dans ma situation. Nous sommes tellement dévoués les uns envers les autres. Je voulais venir ici et jouer pour un gars comme Sway. J’ai tellement de plaisir à jouer avec lui. »

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 6:47

C’est le temps que ç’a pris aux Bruins pour inscrire trois buts en deuxième moitié de deuxième période, aspirant du même coup toute l’énergie du Amerant Bank Arena. Morgan Geekie, Lohrei et Carlo ont fait mouche coup sur coup sur coup.

Justin Brazeau, en échappée et Jake DeBrusk, dans un filet désert, ont complété la marque en troisième.

Riposte rapide

Les Bruins commencent à en faire une spécialité. Geekie a eu besoin de seulement 1:07 pour donner la réplique après le but de Tkachuk, qui procurait l’avance 1-0 aux Panthers. Ce phénomène s’est produit à deux occasions lors de la série de premier tour contre les Maple Leafs de Toronto.

Brad Marchand a inscrit le but de la victoire 28 secondes après le but égalisateur des Leafs au troisième match, et Hampus Lindholm a créé l’égalité 1:21 après la première réussite de l’adversaire lors du match ultime. C’est le signe d’une équipe qui ne se laisse pas ébranler par les aléas de la rencontre.

« Je n’avais aucun doute que nous allions répondre, même si nous n’avions pas obtenu le premier but, a dit Swayman. Cette équipe sait comment réagir dans des situations du genre. »

Encore le désavantage numérique

La tendance commence à être bien claire. À l’instar de Swayman, l’unité de désavantage numérique des Bruins est quasiment imbattable dans ces séries. Elle a écoulé trois autres punitions face aux Panthers pour porter son taux d’efficacité à 95,8 pour cent (23-en-24) depuis le début des séries.

« Je ne vois pas d’élément précis qui fait en sorte qu’on a des difficultés sur le jeu de puissance contre eux, a commenté l’entraîneur des Panthers, Paul Maurice. On travaille là-dessus. »

Signe encore plus inquiétant, les Panthers avaient été blanchis en 11 occasions contre Boston cette saison. Il leur faudra trouver une solution rapidement s’ils veulent éviter que ça leur coûte la série, comme ce fut le cas pour les Leafs.

Bobrovsky solide, mais…

Difficile de faire aussi bien que Swayman dans ces séries. Bobrovsky semblait en voie de le défier solidement avec plusieurs arrêts spectaculaires en première période, mais le portier des Panthers n’a pu maintenir la cadence au deuxième engagement, cédant trois fois sur trois tirs consécutifs.

Lohrei et Carlo l’ont déjoué sur des tirs dans la partie supérieure du filet, juste sous la barre transversale. Il s’agissait de missiles bien précis, certes, mais aurait-on identifié une faiblesse chez le vétéran gardien? Bobrovsky a cédé quatre fois sur 28 lancers, son deuxième plus haut total de buts accordés dans ces séries.

« Ce n’est pas la faute de Sergei, a défendu Maurice. Sur deux buts, nous n’avons pas sorti la rondelle de la zone et sur l’autre, on a mal lu la contre-attaque. On aurait dû défendre cela facilement. »