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MONTRÉAL -- Peu d'événements font autant parler d'eux que le Repêchage de la LNH.

Chaque seconde est retransmise à la télévision par différents canaux, et des milliers de partisans regardent en retenant leur souffle et en rêvant à l'avenir.
Les espoirs les mieux classés invitent famille et amis à l'événement, dans l'espoir d'entendre leur nom être appelé le plus tôt possible, alors qu'ils rêvent de faire leurs premiers coups de patin sur une glace toute fraîche de la LNH.
Une fois choisis, les joueurs sont emmenés dans la salle de presse, où ils sont soumis à une attention particulière qui accompagne la sélection. Une foule d'entrevues ont lieu, sans compter les diverses autres disponibilités médiatiques, y compris celles exigées par l'équipe qui a fait le choix.
Et bien que ce soit un processus assez long, c'est un moment qui peut passer en un éclair. Demandez simplement à Kaiden Guhle, le 16e choix au total du Repêchage de 2020.

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« Vous n'êtes repêché dans la LNH qu'une fois », a déclaré Guhle. « Profitez-en autant que possible. Il va y avoir des médias, du bruit extérieur. Essayez de les bloquer autant que possible et profitez simplement de cette journée. C'est une journée spéciale. »
Mais comme c'est le cas pour la plupart des événements sportifs, le Repêchage n'a pas toujours été un exercice de grandeur. En fait, il était tout sauf grandiose, surtout en 1969, lorsque les Canadiens ont sélectionné Réjean Houle avec le premier choix au total.
« Claude Ruel m'a appelé et m'a dit de me rendre à l'hôtel », a déclaré Houle. « Je suis resté debout dans un couloir, nous n'avions pas accès à la salle principale. J'ai donc attendu là jusqu'à ce qu'ils sortent de la pièce pour me dire que j'avais été choisi par les Canadiens. »
Très peu de joueurs ont assisté au repêchage et encore moins de membres des médias, ce qui est difficile à imaginer compte tenu du paysage médiatique sportif actuel.
Houle était accompagné de Marc Tardif, le joueur que les Canadiens ont choisi deuxième au total, mais au-delà d'une certaine familiarité avec son coéquipier du Canadien junior de Montréal, ce n'était pas un événement particulièrement excitant pour Houle et compagnie.

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« Après que Claude Ruel nous ait dit qu'on était les premier et deuxième choix, » dit Houle. « On a fait demi-tour et on est retourné chez nous à Verdun. »
Aujourd'hui, les équipes ont l'occasion de s'entretenir avec des joueurs potentiels plusieurs fois avant le Repêchage. Le Camp d'évaluation de la LNH, créé en 1993, offre aux équipes la possibilité de s'entretenir longuement avec les espoirs.
Houle, par contre, n'a même pas eu l'occasion de parler à Sam Pollock, le légendaire directeur général des Canadiens qui a joué un rôle important dans la création du Repêchage.
Outre l'absence d'apparat, les règles étaient également très différentes.

GettyImages-961950790 - Beliveau Geoffrion

Le Repêchage amateur, tel qu'il a été appelé de 1963 à 979, a permis d'améliorer considérablement la parité au sein de la ligue, mais il a fallu du temps pour optimiser la réserve de talents.
Avant le repêchage, les équipes de la LNH parrainaient des équipes juniors. À partir de là, elles présentaient l'un des trois formulaires suivants : le formulaire A, qui ressemble beaucoup à un contrat d'essai amateur d'aujourd'hui ; le formulaire B, qui donnait aux équipes la possibilité de signer l'espoir en échange d'un bonus ; et le formulaire C, qui garantissait les droits professionnels.
Ce nouveau format, qui élimine le parrainage, désavantage des équipes comme les Canadiens, étant donné qu'ils parrainaient des centaines d'équipes et des milliers de joueurs, et qu'ils avaient donc le choix entre le repêchage habituel et la possibilité de sélectionner deux joueurs canadiens-français.
L'équipe n'a pas exercé son option avant 1968, lorsqu'elle a choisi le gardien de but Michel Plasse des Rangers de Drummondville. L'année suivante, Houle et Tardif sont choisis, mais ils seront les deux derniers joueurs à être repêchés selon la règle canadienne-française.

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Non seulement le format du Repêchage a évolué, mais également l'argent reçu par les joueurs après celui-ci.
Aujourd'hui, un joueur peut gagner jusqu'à 3 750 000 $ au cours de sa première année s'il atteint certains seuils, dont un salaire de 925 000 $ et une prime à la signature de 92 500 $.
En comparaison, Bobby Orr, l'un des meilleurs joueurs de l'histoire du hockey, n'a gagné que 35 000 $ en 1968.
Il n'est pas surprenant que le contrat de Houle ait pâli par rapport aux contrats de plusieurs millions de dollars d'aujourd'hui.
« Si je me souviens bien, j'ai reçu une prime à la signature de 15 000 $ », a déclaré Houle. « Ma première année en tant que professionnel, j'ai reçu 7 500 $. L'année suivante, j'ai gagné 15 000 $. On n'avait pas vraiment le choix à cette époque. »
La prime elle-même était un montant relativement élevé, qui a permis à Houle d'aider son père à acheter une maison.
Houle a ensuite remporté cinq coupes Stanley avec les Canadiens, et a même passé un certain temps avec les Nordiques de Québec de la défunte Association mondiale de hockey. Il a finalement accédé au poste de directeur général des Canadiens, ce qui lui a donné la connaissance et l'expérience nécessaires pour offrir quelques mots de sagesse au joueur que l'équipe choisira en premier lors du prochain Repêchage.

Rejean Houle Stanley Cup

« Jouer à Montréal, c'est spécial », a déclaré Houle, qui est actuellement président de l'Association des anciens Canadiens. « J'ai aimé chaque moment. C'est un privilège de jouer pour les partisans et l'équipe. »
Houle n'a pas reçu le même type d'attention que le premier choix au total recevra cet été, mais son message résume bien plus que ses meilleurs souvenirs de joueur à Montréal.
Il se souvient de son jour de repêchage avec une clarté parfaite, parce que, peu importe le lieu et les règles, le Repêchage de la LNH est un moment qui changera la vie de tous ceux qui ont la chance d'être choisis.