La cérémonie d'intronisation 2022 du Temple de la renommée du hockey est lundi. La cohorte de cette année est composée de Herb Carnegie, à titre de bâtisseur, et de Roberto Luongo, Henrik Sedin, Daniel Sedin, Daniel Alfredsson et Riikka Sallinen, à titre d'anciens joueurs. Voici le profil d'Alfredsson, dressé par le journaliste NHL.com Mike Zeisberger.
La route de Daniel Alfredsson jusqu'au Temple de la renommée du hockey va atteindre son point culminant lorsque l'ancien capitaine des Sénateurs d'Ottawa y sera officiellement intronisé lundi.
Alfredsson: d'une sélection en sixième ronde au Temple de la renommée
Contre vents et marées, il est devenu le deuxième pointeur suédois de l'histoire du circuit
© Andre Ringuette/Getty Images
Le parcours de l'homme de 49 ans était beaucoup plus improbable que celui des trois autres anciens de la LNH qui font partie de la cuvée 2022 : les attaquants Daniel et Henrik Sedin ainsi que le gardien Roberto Luongo.
Pensez-y : Daniel (repêché au deuxième échelon par les Canucks de Vancouver en 1999), Henrik (troisième, Vancouver, 1999) et Luongo (quatrième, Islanders de New York, 1997) ont tous été sélectionnés dans le top-5 de leur repêchage respectif. Le scénario a été tout autre pour Alfredsson.
Repêché au 133e rang par Ottawa en 1995, il a dû montrer au monde du hockey qu'il aurait mérité d'être choisi plus rapidement. Il peut dire mission accomplie, puisqu'il deviendra seulement le septième joueur suédois intronisé au Temple, rejoignant les Sedin, Borje Salming, Mats Sundin, Peter Forsberg et Nicklas Lidstrom.
« C'est un immense honneur, a dit Alfredsson. Je ne sais pas comment le dire, mais il n'y a aucun doute que c'est une validation. »
Sundin, intronisé en 2012, est d'accord.
« Combien de joueurs au Temple ont connu un parcours similaire après avoir été repêché si tardivement? », a demandé Sundin. « C'est une histoire exceptionnelle. »
Une histoire qui a fait d'Alfredsson le deuxième joueur suédois le plus productif de la LNH avec 1157 points (444 buts, 713 passes). Seul Sundin en cumule plus (1349 points).
« C'est encore surréel, honnêtement, a ajouté Alfredsson. Surtout quand je regarde l'histoire du hockey suédois. Il n'y avait que quatre joueurs au Temple avant les Sedin et moi. Ça remet les choses en perspective, car la Suède a produit de nombreux bons joueurs de hockey.
« C'est un honneur qu'on puisse parler de moi dans la même phrase que les Lidstrom, Sundin, Salming et Forsberg. Quand je dis que c'est surréel, c'est difficile à réaliser. […] On se demandait si j'allais être intronisé cette année ou la suivante. Tu ne le sais pas jusqu'à ce que tu reçoives l'appel, et être inclus dans cette cuvée est extraordinaire. »
C'était la cinquième année d'admissibilité d'Alfredsson depuis qu'il a fait partie du scrutin pour la première fois, en 2017. Son cas a suscité de nombreux débats.
« Est-ce que tout le monde est d'accord? », a demandé Alfredsson au sujet de son intronisation. « Non, mais c'est ce qui est génial du sport. Ça fait ressortir les émotions des deux côtés.
« Ça boucle la boucle de terminer ma carrière en entrant au Temple de la renommée du hockey. »
Alfredsson a accroché ses patins avec 1157 points (444 buts, 713 passes) en 1246 matchs dans la LNH avec les Sénateurs et les Red Wings de Detroit entre 1995 et 2014. Il a pris le cinquième rang des pointeurs de la LNH au cours de cette fenêtre de 18 saisons.
Même s'il n'a jamais gagné la Coupe Stanley, Alfredsson a fait partie d'éditions des Sénateurs qui ont participé aux séries éliminatoires pendant 11 saisons consécutives entre 1997 et 2008. Ses 426 buts, 682 aides et 1108 points sont tous des records de concession. Celui qui a participé au match des étoiles à six reprises a remporté le trophée Calder à titre de recrue de l'année en 1996. En 2012, il a également mis la main sur le trophée King-Clancy, remis au joueur qui démontre un leadership hors pair tant sur la patinoire qu'à l'extérieur et qui s'implique de façon exceptionnelle au sein de sa communauté. Il a aussi remporté le trophée Mark Messier, qui récompense le leadership, en 2013.
Son épouse et lui relaxaient avec des amis en Suède au mois de juillet lorsqu'il a reçu l'appel du Temple lui annonçant qu'il allait être intronisé. Puisqu'on l'avait ignoré quatre années de suite, Alfredsson a admis que ses attentes étaient modestes. À la blague, il a raconté qu'il pensait que l'appel provenait de sa compagnie d'assurances.
Mais cette fois, ce n'était pas une blague. Et c'est grandement mérité, selon Forsberg.
« Je ne pense pas qu'on puisse remettre en question la décision de faire entrer ces trois joueurs suédois », a mentionné Forsberg, qui a fait partie de la cuvée 2014. « Les trois ont eu une grande carrière. Et n'oubliez pas : Daniel a été capitaine des Sénateurs (1999 à 2014) et Henrik a occupé le même rôle avec les Canucks (2010 à 2018).
« Leur combinaison de talent et de leadership est admirable. »
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Quand Alfredsson a fait son entrée dans la LNH, il croyait que ça n'allait être qu'un court chapitre de sa vie.
Il ne s'attendait pas du tout à une longue carrière, encore moins à un parcours qui le mènerait au Temple de la renommée. Il avait été ignoré à plusieurs reprises au repêchage, et plusieurs équipes le disaient trop petit et frêle pour jouer dans la LNH à 5 pieds 11 pouces et 180 livres (il pesait 203 livres durant la majorité de sa carrière).
Quand il est débarqué dans la capitale canadienne en 1995, c'était le chaos chez les Sénateurs. Ils avaient terminé avec une fiche de 9-34-5 lors de la saison 1994-95 et avaient accordé 57 buts de plus qu'ils en avaient marqués (174-117). L'optimisme était loin d'être de mise.
« Lors de ma première année, j'essayais de faire ma place au sein de l'équipe sans en savoir beaucoup à propos de la LNH, a raconté Alfredsson. Être assis ici 27 ans plus tard est surréel, car je m'attendais à rester dans la LNH deux ou trois ans si tout allait bien. »
Il a rapidement montré au monde du hockey qu'il allait rester beaucoup plus longtemps. Sa saison de 61 points (26 buts, 35 mentions d'aide) lui a valu le trophée Calder. Ç'a été la première de 13 saisons d'au moins 20 filets pour lui.
Mais les déceptions en séries éliminatoires ont été nombreuses.
Même avec des joueurs de talent comme Alfredsson, Marian Hossa, Zdeno Chara et Dany Heatley, les Sénateurs ont perdu quatre séries en cinq ans contre leurs rivaux, les Maple Leafs de Toronto, dans la très suivie bataille de l'Ontario entre 2000 et 2004. Ottawa a atteint la finale en 2007, mais s'est incliné contre les Mighty Ducks d'Anaheim en cinq rencontres.
Encore aujourd'hui, ses anciens coéquipiers louangent Alfredsson pour sa grande classe. Son leadership déteignait sur ses coéquipiers.
Pour le défenseur Chris Phillips, qui a joué avec les Sénateurs de 1997 à 2016, ce n'est pas une coïncidence si les Sénateurs sont devenus une équipe unie lorsque Alfredsson les a rejoints. Il l'a qualifié de leader « discret », ajoutant que lorsque le capitaine prenait la parole, toute l'équipe l'écoutait.
« Il est le joueur qui a permis à Ottawa d'atteindre le seuil de la respectabilité et il en a tellement fait sur la glace et à l'extérieur », a affirmé en 2020 Jason Spezza, aujourd'hui adjoint spécial au directeur général des Maple Leafs et qui a joué avec les Sénateurs de 2002 à 2014.
Une dispute contractuelle avec les Sénateurs l'a mené à signer un contrat d'un an avec les Red Wings en vue de la saison 2013-14, sa dernière dans la LNH. Le 14 décembre 2014, il a signé un contrat d'une journée avec Ottawa, puis il a annoncé qu'il prenait sa retraite dans la LNH en tant que joueur des Sénateurs.
« Les résultats n'ont peut-être pas toujours été au rendez-vous, mais l'éthique de travail y était », a-t-il dit.
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Les partisans ainsi que les actuels et anciens joueurs des Sénateurs s'entendent sur une chose : Alfredsson était et est toujours le visage de la concession d'Ottawa.
Ça ne pouvait pas être plus évident que lors du match d'ouverture des Sénateurs contre les Bruins de Boston le 18 octobre. Il a procédé à la mise en jeu protocolaire et été accueilli par une ovation monstre au Centre Canadian Tire.
Claude Giroux fait partie de ceux qui croient que cette vague d'amour était grandement méritée.
L'attaquant des Sénateurs a évolué de l'autre côté de la rivière des Outaouais, avec les Olympiques de Gatineau dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) de 2005 à 2008, pendant qu'Alfredsson était au sommet de son art. Une fois rendu dans la LNH, Giroux passait ses étés dans la région d'Ottawa, où il a pu voir ce qu'Alfredsson représentait pour la concession et la communauté.
« Il bataillait férocement sur la glace et il est un grand leader, a souligné Giroux. Comme je l'ai dit auparavant, j'ai eu la chance de le rencontrer à quelques reprises au cours des dernières années et je comprends pourquoi les gens ici l'aiment. »
Alfredsson est bien au fait de la campagne menée par plusieurs à Ottawa pour le faire entrer au Temple et il est reconnaissant envers ceux qui ont milité en sa faveur.
« Le soutien que j'ai reçu de la part d'Ottawa durant toute ma carrière et jusqu'ici aujourd'hui est quelque chose de très spécial, a-t-il dit. Je sais que beaucoup de gens ont soutenu ma candidature pour m'aider à entrer au Temple de la renommée. Ils sont derrière moi depuis le début, et c'est réciproque.
« C'est un très grand honneur. »
En plus de recevoir son veston et sa bague du Temple de la renommée, Alfredsson participera au match des légendes du Temple au Scotiabank Arena le 13 novembre, un autre moment marquant de sa fin de semaine. Il fera partie de l'équipe Sundin, où il sera réuni avec ce dernier ainsi que les Sedin, ses coéquipiers au sein de l'équipe olympique suédoise qui a remporté la médaille d'or à Turin en 2006.
Ce sera le point culminant d'un parcours improbable auquel plusieurs ne croyaient pas.
« Je serai prêt », a-t-il assuré.
Comme il l'a toujours été.