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La série opposant le Lightning de Tampa Bay aux Penguins de Pittsburgh se transporte de nouveau à Pittsburgh ce soir. Après avoir gagné le premier match, le Lightning s'est fait rosser au cours des deux affrontements suivants, avant de prendre sa revanche au cours du quatrième match. Pourtant, il semble bien que les Penguins aient encore nettement l'avantage du jeu, notamment à forces égales. Les hommes de Jon Cooper ne sont pas sortis du bois.

Question d'efficacité
Le Lightning a réussi à reprendre le contrôle d'une dimension bien précise du jeu au cours du dernier match, contrôle qui avait aussi été exercé au cours du premier affrontement (J'ai décrit en détail
mercredi dernier
les données que je recueille au cours de cette série). Globalement, Pittsburgh a, à forces égales, un avantage net aux chances de marquer obtenues après quatre matchs, avec 72 contre 40.
Mais toutes ces chances ne surviennent pas dans les mêmes circonstances. Les chances de marquer les plus dangereuses sont celles qui sont obtenues en entrée de zone offensive (lorsque la défensive n'a pas eu le temps de refermer le blocus défensif) et à la suite d'une première chance. Dans l'ensemble, Pittsburgh a aussi l'avantage lorsqu'on isole ces chances de grande qualité, en ayant obtenu 37 contre 27. Mais lorsqu'on découpe le tout match par match, un portrait plus contrasté émerge.

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Si les Penguins ont encore eu le dessus aux chances à forces égales lors du quatrième match (16 contre 10), le Lightning a tout de même réussi à émousser un peu les attaques de la bande à Sidney Crosby. Reste qu'avec un pareil avantage aux chances de marquer, la pression reste forte sur Andrei Vasilievskiy, mais on lui donne quand même un peu d'air en s'assurant que les chances surviennent une fois la défensive installée devant lui, ce qui permet au moins de nettoyer les dégâts une fois le premier arrêt effectué.
Pour avoir tenu ce genre de statistiques l'an dernier lors de la série contre les Canadiens de Montréal, j'ai pu constater que le Lightining avait alors adopté le même genre de « rope-a-dope » (excusez l'anglicisme). Avec Ben Bishop dans les buts, la formule était encore plus efficace! Mais la méthode n'avantage pas que les gardiens du Lightning. Ondrej Palat et, surtout Nikita Kucherov et Tyler Johnson, peuvent de cette façon utiliser pleinement leur vitesse en entrée de zone offensive.
Pittsburgh aussi tente de s'ajuster
Il semble bien que ce soit donc sur le plan tactique, bien plus que sur celui des confrontations, que se font les ajustements lors de cette série. Les Penguins ne sont manifestement pas dupes de la tactique du Lightning et on doit considérer qu'on adapte graduellement le jeu de l'équipe à cet effet.
Concrètement, cela se manifeste par un renversement marqué dans une phase bien précise du jeu, soit les sorties de zone à forces égales. Au cours des deux premiers matchs, les Penguins sortent de leur territoire en contrôle de la rondelle un peu plus souvent qu'ils ne la dégagent. Ce bilan va graduellement verser dans le négatif, en partie le résultat d'une avance confortable protégée au cours du troisième match (on voit le même mouvement chez le Lightning dans les deux matchs où ils ont l'avance). Mais le quatrième match montre que, même en tentant de revenir de l'arrière pour l'essentiel de la rencontre, les Penguins ont continué à dégager leur territoire plus souvent.

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Il m'a semblé, du moins à l'œil nu, qu'on est ici en présence, en partie du moins, d'un choix tactique. Le Lightning aime, pour organiser ses descentes en zone offensive, créer des revirements en zone neutre et relancer l'attaque avec ses défenseurs, quitte à ramener la rondelle en zone défensive pour se donner de l'espace. Il semble que les Penguins, pour enlever cet espace aux défenseurs de Tampa Bay, ont décidé de lancer leurs attaquants à leurs trousses, quitte à s'enlever des options en sortie de zone. C'est ainsi qu'à partir du troisième match, les ailiers du club se mettent à afficher un lourd déficit aux sorties de zone.

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En fait, cinq attaquants des Penguins sortent plus souvent en contrôle du disque qu'ils ne le dégagent : Evgeny Malkin (+13), Sidney Crosby (+12), Bryan Rust (+5), Conor Sheary et Phil Kessel (tous deux +3). Le mot d'ordre est clair. Chez les défenseurs, c'est encore plus clair : seul Kris Letang a un solde positif (+7). Son principal partenaire, Brian Dumoulin, affiche quant à lui un ronflant déficit de -20!
La série est égale, mais sous les scores officiels, on voit maintenant plus clairement où s'organise la lutte. Les Penguins restent l'équipe ayant l'avantage depuis le deuxième match, déclassant leurs adversaires aux chances indépendamment du score. Mais Tampa Bay semble désormais avoir trouvé sur quel terrain aller pour pouvoir amoindrir l'extraordinaire force de frappe de son adversaire. Les Penguins le savent et agissent en conséquence. Le constat est net : chaque équipe a trouvé cette force sur laquelle elle va s'appuyer pour faire casser l'opposant. Reste à voir qui réussira à mettre le plus de pression.