J'y avais fait allusion dans cette chronique, mais cinq mois plus tard ce contact en apparence anodin me permet de mieux comprendre le retournement de situation des Canadiens.
Replaçons-nous dans le contexte du temps. C'est la tourmente à Montréal. Max Pacioretty vient d'être échangé aux Golden Knights de Vegas, Shea Weber est sur le carreau blessé et on se demande si Carey Price va revenir fort. La grande majorité des observateurs prédisent donc une autre saison de misère au CH.
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Nous sommes la veille du début des camps d'entraînement dans la LNH. Je suis à Montréal avec ma conjointe parce que je dois prendre un vol pour le Colorado le lendemain afin de voir mon fils à l'œuvre au camp de l'Avalanche. Nous allons au restaurant le soir et nous croisons Marc Bergevin sur le trottoir avant d'entrer.
Droit comme un chêne et enjoué comme on le connaît, il m'avait donné une solide poignée de main. Il m'avait paru comme un homme confiant et en plein contrôle de la situation. Je ne l'avais pas du tout senti ébranlé. J'avais aimé voir son assurance.
De toute évidence, il voyait déjà des choses que personne ne voyait venir. Cinq mois plus tard, force est d'admettre que le plan qu'il a élaboré fonctionne.
Le leadership au sein d'une organisation vient d'en haut. Le changement d'attitude chez les Canadiens s'est opéré quand le président et propriétaire Geoff Molson s'est présenté à la conférence de presse de fin de saison pour clamer haut et fort que la situation était inacceptable et qu'on prendrait tous les moyens afin d'y remédier.
Ç'a été selon moi le tournant. On ne s'est pas mis la tête dans le sable. On a pris nos responsabilités et on a posé les gestes qu'il fallait. On a laissé aller les joueurs malheureux. On a échangé Alex Galchenyuk et Pacioretty. On a sans doute permis à l'entraîneur Claude Julien de se dénicher de nouveaux adjoints.
Le leadership vient d'en haut, disais-je. M. Molson a envoyé un message clair à tout le monde. Bergevin l'a relayé à tous les membres de l'organisation, à l'entraîneur et ses adjoints qui eux l'ont transmis au capitaine et aux joueurs.
Ce n'est pas dans une seule réunion qu'on a décidé qu'un changement d'attitude était nécessaire. C'est grâce à l'effort et l'acharnement de la part de tous les membres de la chaîne de commandement et, ultimement, des joueurs qu'on arrive aux résultats positifs actuels.
Il ne faut pas trop s'emballer, mais les succès des Canadiens reposent sur des bases solides. On parle d'une équipe de séries, contrairement à ce que 99 pour cent du monde pensait, moi le premier qui les avait écartés des séries avant le début de la saison. J'écrivais dans cette chronique que les Canadiens ne seraient pas si mauvais qu'on le croit, mais pas suffisamment bons pour participer aux séries éliminatoires. Je fais aujourd'hui mon mea culpa. Les Canadiens vont participer aux séries.
Il faut donner à Bergevin le mérite qui lui revient. Autant son plan n'avait pas fonctionné au cours de l'été 2017, quand les Russes Andrei Markov et Alexander Radulov lui ont fait faux bond, autant il a pressé sur tous les bons boutons à l'été 2018. Les acquisitions des Max Domi, Joel Armia et Tomas Tatar, la sélection comme premier choix au repêchage de Jesperi Kotkaniemi, tout lui a souri.