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La France n'est pas ce qu'on pourrait qualifier de puissance en matière de hockey. Le pays doit chaque année se battre pour rester dans le Groupe A, le meilleur échelon du classement mondial. Mais depuis une décennie, le hockey a fait des pas de géants dans l'Hexagone.
Avec près de 21 500 joueurs enregistrés sur son territoire, le hockey se retrouve loin derrière le football et le tennis pour le nombre de licenciés, mais aussi loin derrière le badminton, le tennis de table et la plongée sous-marine, qui occupent respectivement les positions 18, 19 et 20 des disciplines avec le plus de licenciés en France selon une étude des Services communications des Fédérations nationales et du Ministère des Sports de 2016. D'ailleurs, lorsqu'on tape LNH dans un moteur de recherche en France, ce sera les faits saillants de la Ligue nationale de handball qui vous seront offerts.

C'est donc à partir de presque rien qu'une révolution s'est opérée dans l'organisation du hockey en France. C'était en 2006.
Jusque-là, le hockey se retrouvait au sein de la Fédération française des sports de glace, avec 13 autres disciplines qui se déroulent sur une patinoire comme le patinage artistique ou de vitesse, mais aussi le bobsleigh, la luge et le curling. Le hockey devait donc se battre constamment pour obtenir sa part du budget.
Luc Tardif était alors le vice-président de la Fédération et le président du volet hockey de celle-ci. Il a vite compris, à son arrivée en 2000, que le seul moyen pour que le hockey grandisse était de devenir indépendant et de fonder la Fédération française de hockey sur glace.
« Il n'y avait pas intérêt pour les autres sports que le hockey se sorte la tête de l'eau. On n'avait pas la totale maîtrise de notre budget. En créant la Fédération (française de hockey sur glace), nous avions tous les outils pour aller de l'avant », a raconté le président dans une entrevue avec LNH.com.
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Depuis 2006, le nombre de licenciés est en croissance de 25 pour cent. Le budget de la Fédération est passé de 2,8 millions d'euros à 6 millions. D'une dizaine de personnes, le nombre d'employés a bondi à 30. Et surtout, sur la glace, les performances se sont grandement améliorées pour l'équipe nationale.
Tardif est un Québécois de Trois-Rivières qui, après avoir joué dans la LHJMQ et au hockey universitaire, s'est envolé pour la Belgique en 1975 afin de jouer dans le Championnat hollandais. L'année suivante, il s'installait en France à Chamonix, comme joueur, avant de s'impliquer dans la direction du club de Rouen, puis au niveau national. À l'époque, le hockey était une affaire de petites localités reculées, fortes de leur tradition en sports hivernaux.
Depuis, la discipline s'est rapprochée des grands centres. La Ligue Magnus, le summum du hockey professionnel dans l'Hexagone, compte des clubs dans trois des dix plus grandes villes du pays, soit Lyon, Bordeaux et Nice. Marseille, dont la température moyenne annuellement est de 14,2°C, aura droit à une patinoire toute neuve de 6000 sièges, un des nombreux projets en cours au pays de Cristobal Huet.
« Ce sont des villes à potentiel et ça grimpe naturellement. Il y a plus d'intérêt et plus d'écho médiatique, donc il y a plus de spectateurs, donc plus de sous, donc plus de marketing. Il faut s'assurer que ce ne soit pas une montée artificielle. Il faut que le club ait une base de hockey mineur et un savoir-faire. Ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut du développement durable, pas des étoiles filantes. »
En 2006, l'attaquant des Golden Knights de Vegas Pierre-Édouard Bellemare avait dû s'expatrier en Suède afin de poursuivre sa carrière, à l'âge de 21 ans. Il a été en mesure de constater tous les changements qui se sont opérés dans le hockey français.
« Sur les 10 dernières années, c'est une évolution incroyable. La Fédération et la Ligue française ont réussi à récupérer un certain respect », souligne-t-il.

Éviter l'erreur d'Albertville
En 1992, le hockey français s'est retrouvé pour une rare fois sur le radar de la scène mondiale. C'était aux Jeux olympiques d'Albertville. Comme la France était le pays hôte, une équipe pouvait la représenter. À la surprise générale, elle avait été en mesure de se qualifier pour les quarts de finale. Or, une grande partie de l'équipe française était composée de sept joueurs nationalisés, dont cinq Canadiens.
« Maintenant, nous avons une équipe 100 pour cent française. À Albertville, il n'y en avait que 60 pour cent. Ce n'était pas la réalité. Nous avons maintenant des joueurs dans la LNH et dans KHL. », a rappelé Tardif.
La publicité inespérée d'Albertville n'aura finalement pas fait de petits. Le hockey est retombé dans l'oubli général par la suite.
Il aura fallu attendre 25 ans avant qu'un autre coup de publicité de la sorte se produise. En 2017, la France a été l'un des deux pays hôtes du Championnat du monde de hockey senior, en compagnie de l'Allemagne. Une aventure risquée pour la petite fédération, qui s'est avérée être un franc succès.
« C'était un coup de folie, raconte Tardif. Avec notre petite fédération, on se demandait si on allait être capable. Avant de démarrer, on se demandait si tout allait bien aller. Maintenant, organiser de grands événements, ça ne nous fait plus trop peur. »
Non seulement les foules ont été au rendez-vous à Paris, mais les performances de l'équipe française aussi, qui est passée à un petit point de se qualifier pour les quarts de finale, mais qui a aussi sérieusement chauffé le Canada lors de leur affrontement dans un match qui s'est terminé par une défaite de 3-2.

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D'ailleurs, l'une des plus grandes fiertés du hockey français est d'avoir été en mesure de se maintenir dans le groupe principal mondial et de participer à toutes les éditions du Championnat du monde depuis 2008. Le meilleur résultat de l'équipe a été une huitième place durant cette période. Surtout, le classement annuel de la formation est passé de la 19e place mondiale en 2006 à la 13e en 2008.
« Ça fait 10 ans qu'on travaille en groupe A, qu'on fait les petites choses pour rester en groupe A. On a réussi deux ou trois "holdups" contre de grosses équipes, ce qui nous a aidés énormément. Le fait que la Fédération grandisse, que nous jouons plus de matchs et que ce soit plus professionnel, ça aide les joueurs français », a souligné Bellemare.

« Avant, on jouait pour se maintenir, a rappelé Tardif. Il ne fallait pas rater les matchs faciles, et les autres, on essayait de ne pas se faire humilier. C'est fini ça, on les joue tous pour gagner. On n'attaque plus le championnat avec le frein à main, on vise les quarts de finale maintenant. »
Le prochain objectif reste la participation aux Jeux olympiques. Pour Tardif, il s'agit du coup de publicité dont a besoin le hockey dans l'Hexagone. Or, la dernière participation des Français aux Olympiques remonte à 2002, à Salt Lake City. Soyez certains que Tardif veut mener ses joueurs à cet objectif, puisqu'il a été le chef de mission de la délégation française à Sotchi en 2014 et à Pyeongchang en 2018.
« Chaque fois, on rate la qualif d'un poil. Il faut continuer à travailler fort. On commence à avoir les joueurs pour jouer dans ces grands championnats. Ils sont allés jouer ailleurs et ils ont ramené un savoir-faire, un état d'esprit différent. On continue de progresser en ce sens. »