GÖTEBORG, Suède – Jonathan Lekkerimaki est un homme de peu de mots.
L’attaquant suédois venait de quitter la glace du Scandinavium sous les chants endiablés des partisans après une prestation de deux buts, qui a aidé les siens à battre la Tchéquie 5-2 et de passer en finale du Championnat mondial junior. Il s’est pourtant présenté devant les médias avec un air très sérieux et un calme désarmant.
Un peu comme s’il venait de disputer un vulgaire match sans importance. À analyser son non-verbal, il serait difficile de ne pas le croire quand il affirme que son équipe ne ressent aucune pression à l’aube du match pour la médaille d’or qu’elle disputera aux États-Unis.
« Aucune pression. C’est juste du hockey », a brièvement résumé l’espoir des Canucks de Vancouver au cours d’une mêlée de presse de 2:05 au cours de laquelle on lui a posé 16 questions.
Le discours pourrait pourtant être différent si l’on commence à mettre tout ce qui sera à l’enjeu, vendredi, pour cette équipe suédoise. Il y a bien sûr la possibilité de l’emporter à la maison pour la première fois de son histoire – elle a échappé la médaille d’or à deux occasions en sol suédois.
Il s’agit aussi d’une belle occasion de renverser une croyance voulant que cette nation ne soit jamais en mesure de livrer la marchandise quand ça compte vraiment. Après tout, elle n’a remporté l’or qu’à deux reprises dans l’histoire de ce tournoi, la dernière remontant à 2012, malgré de nombreuses dominations en ronde préliminaire.
« Nous avons beaucoup parlé du fait que nous n’avons que deux médailles d’or en 45 ans à ce tournoi, a lancé le défenseur Axel Sandin-Pellikka. C’est spécial d’avoir la chance de l’emporter ici à la maison. L’occasion est incroyable et nous allons offrir notre meilleure performance demain.
« Nous ne ressentons pas vraiment de pression. Nous aimons l’énergie de la foule, c’est comme si nous avions un septième joueur. C’est formidable. Ce n’est qu’un avantage pour nous. »
Il y a eu des moments dans ce tournoi lors desquels on a senti cette salle comble de 11 512 spectateurs nerveuse. Le plus récent, en quarts de finale, quand les favoris ont eu besoin de la prolongation pour se débarrasser de la Suisse. La nervosité s’est transmise des gradins au banc des joueurs et vice-versa.
Ça ne s’est pas produit dans cette demi-finale contre la Tchéquie. La marque était pourtant égale 2-2 après 40 minutes de jeu. Mais au lieu de jouer sur les talons, les Suédois sont sortis des blocs en attaque, soufflés par les deux réussites de Lekkerimaki et celle de Noah Ostlund.
« Je pense que nous avons joué de façon plus détendue aujourd’hui, a commenté l’entraîneur Magnus Havelid. On voulait offrir un bon match à nos partisans. Nous avions une mentalité axée sur l’attaque et nous nous sommes fait confiance. »
Impact énorme
La confiance, voilà un aspect dont Lekkerimaki ne manque pas dans ce tournoi. À défaut d’être un grand orateur, il laisse parler son talent sur la patinoire. Il mène les siens au chapitre des buts (6) et est à égalité au premier rang avec Ostlund pour les points (9). Son impact sur ce groupe est indéniable.
« Son tir est incroyable, a fait valoir Sandin-Pellikka. J’ai obtenu une aide sans trop d’efforts aujourd’hui juste en lui remettant la rondelle. Il ne craint pas de faire des jeux. Il joue à sa façon. »
« Sa présence est énorme pour nous, a ajouté Ostlund. J’adore jouer avec lui. Il nous donne un avantage, et il est une menace constante sur l’avantage numérique. Son tir est tout simplement mortel. »
Lekkerimaki et Ostlund font partie d’un groupe de 14 joueurs de cette équipe qui ont mené le pays vers l’or au Championnat mondial des moins de 18 ans, il y a deux ans. Ils espèrent que cette expérience les servira quand la rondelle tombera, vendredi.
« Ça nous donne de la confiance, a conclu Ostlund, un espoir des Sabres de Buffalo. On sait qu’on peut bien jouer dans un match où l’enjeu est important. […] Si nous jouons comme nous l’avons fait aujourd’hui, aucune équipe ne pourra nous battre. »