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COLOGNE, Allemagne -Un journaliste confus et un peu en panique jetait un regard furtif entre la glace du Lanxess Arena et la zone mixte, où joueurs et entraîneurs se succèdent pour donner des entrevues depuis le début du Championnat du monde 2017 de la FIHG.
Le nerveux reporter croyait vraisemblablement avoir raté la conférence de presse de l'entraîneur de la formation allemande Marco Sturm. Ce qu'il ne savait pas c'est que Sturm était pourtant bien là, seulement à quelques mètres de lui, s'apprêtant à répondre aux questions des journalistes à quelques heures du match de quarts de finale de son équipe face au Canada.

Cette confusion facilement perceptible dans les yeux du reporter - qui n'était visiblement pas allemand - est probablement due au fait que Sturm, du haut de ses 38 ans, n'a pas exactement l'allure d'un entraîneur-chef.
Il n'est après tout âgé que de trois ans de plus que son plus vieux joueur, le vétéran des Islanders de New York Dennis Seidenberg, n'a que deux ans de plus que le pionnier du Canada Chris Lee et, faut-il le rappeler, sept ans de moins que la véritable machine de hockey qu'est l'attaquant des Panthers de la Floride Jaromir Jagr.
Nommé à la barre de l'équipe à l'été 2015, alors que la formation allemande battait de l'aile depuis quelques années, Sturm est arrivé en sauveur. Après avoir terminé au 13e rang en 2014 et 2015 au classement mondial de la FIHG, l'Allemagne est passée au 10e échelon l'an dernier. En plus de tout ça, le statut d'ancien joueur de la Ligue nationale hautement respecté de Sturm a aussi aidé à convaincre plusieurs joueurs de la LNH de porter les couleurs de l'Allemagne lors de tournois internationaux.
En plus de Seidenberg, les gardiens Thomas Greiss (Islanders) et Philipp Grubauer (Capitals de Washington), l'attaquant des Coyotes de l'Arizona Tobias Rieder et la jeune sensation des Oilers d'Edmonton Leon Draisaitl ont tous traversé l'Atlantique après la fin de leur saison en Amérique du Nord pour évoluer sous les ordres de Sturm.
« Il y a eu beaucoup de changements au sein de l'organisation, a déclaré Sturm jeudi. On est sur la bonne voie, mais il y a encore beaucoup de travail à faire ici. Je pense qu'avoir un Championnat du monde à la maison aide beaucoup et ça se sent, ne serait-ce qu'avec le nombre de médias qu'il y a ici, de stations de télévision qui en parlent. Tout le monde est très excité par rapport à tout ça et notre travail est de poursuivre sur cette lancée dans le futur. Pas seulement nous, l'équipe nationale, mais aussi la ligue, les clubs. On devra tous faire un peu mieux à l'avenir. »
L'Allemagne avait également agi comme pays hôte lors de l'édition 2010 du Championnat du monde de la FIHG, alors que le tournoi avait été présenté dans les villes de Cologne, Mannheim et Gelsenkirchen, et y avait connu son meilleur résultat depuis 1953 en terminant au quatrième rang.
Depuis, l'objectif annuel de la formation allemande est d'atteindre les quarts de finale, chose qu'elle a réussie cette année grâce à une spectaculaire remontée lors de son dernier match de tour préliminaire face à la Lettonie, qu'elle a remporté 4-3 en tirs de barrage.
« C'était énorme. Les gars n'ont pas abandonné, a mentionné Sturm. On n'avait qu'un seul but; atteindre les quarts de finale, et on a été assez chanceux de pouvoir y parvenir. On doit maintenant poursuivre sur cette lancée, garder le momentum de notre côté. Ce n'est pas le moment d'abandonner, car ça peut se terminer à tout moment. Les carrières sont beaucoup trop courtes et le hockey beaucoup trop plaisant pour ne pas apprécier pleinement le fait d'affronter les meilleurs joueurs au monde. Ça devrait être très excitant.
« Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion d'affronter le Canada en quarts de finale, à la maison de surcroît. Alors il faudra en profiter, savourer chaque moment et donner tout ce qu'on a. »
Avec sa qualification aux Jeux olympiques de PyeongChang en 2018, sa première depuis les Jeux de Vancouver en 2010, et les bonnes bases qu'elle a réussi à se construire au cours des années récentes avec plusieurs jeunes joueurs prometteurs, la formation allemande n'a pas fini de se réjouir.
Une touche québécoise
Surprise au sein du personnel de l'équipe allemande alors que parmi les Sturm, Tobias Abstreiter et Andreas Groger qui figurent sur la liste du groupe d'entraîneurs et du personnel athlétique, un nom ressort particulièrement : Patrick Dallaire, l'entraîneur québécois des gardiens.
L'homme de 42 ans, au nom tout sauf allemand, avait occupé le même rôle pendant les années 2000 avec les Mooseheads de Halifax dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, avant de s'envoler pour l'Autriche avec le célèbre ancien entraîneur et directeur général des Nordiques de Québec Pierre Pagé afin de diriger l'EC Red Bull Salzbourg.
Dallaire a ensuite déménagé en Allemagne pour se joindre au EHC Munich - aussi une branche du programme hockey de Red Bull - après avoir terminé sa dernière année à Salzbourg en tant que champion d'Autriche. Et quand Sturm lui a donné un coup de fil en juillet dernier pour l'inviter à se joindre au personnel d'entraîneurs de l'équipe allemande, Dallaire n'a pas pu refuser.
« Je ne le connaissais pas vraiment avant de travailler avec lui », a évoqué Dallaire, croisé aux abords de la patinoire du Lanxess Arena pendant l'entraînement du Canada jeudi matin. « Je savais qui il était en tant que joueur, mais je ne l'avais jamais rencontré. J'ai demandé la permission de mon organisation à Munich et j'ai eu le feu vert, donc à ce moment-là la décision était très facile à prendre. »
Et Dallaire partage l'opinion d'à peu près tous les médias présents lors de la conférence de presse de Sturm; ancien joueur des Sharks de San Jose, des Bruins de Boston, des Kings de Los Angeles, des Canucks de Vancouver et des Panthers de la Floride, qui a pris sa retraite de la LNH en janvier 2014, Sturm livre actuellement une bataille féroce à Jon Cooper du Canada pour le titre d'entraîneur le plus sympathique et charismatique de ce tournoi.
« C'est avant tout une très bonne personne, a ajouté Dallaire. C'est aussi un très bon entraîneur. Il en est encore à ses débuts, mais on voit tout de suite qu'il a beaucoup d'expérience avec tout ce qu'il a vécu dans la Ligue nationale comme joueur. C'est un bon communicateur, on sait ce qu'il veut et il sait s'entourer. C'est un plaisir de travailler avec Marco. C'est un gentleman. »