La cérémonie d'intronisation 2022 du Temple de la renommée du hockey est lundi. La cohorte de cette année est composée de Herb Carnegie, à titre de bâtisseur, et de Roberto Luongo, Henrik Sedin, Daniel Sedin, Daniel Alfredsson et Riikka Sallinen, à titre d'anciens joueurs. Voici le profil d'Henrik Sedin, dressé par le journaliste principal NHL.com Dan Rosen.
Henrik Sedin a donné raison aux Canucks, en route vers le Temple
Le centre a livré la marchandise après que Vancouver eut manœuvré pour le repêcher avec son frère, qui sera lui aussi intronisé
© Icon Sportswire/Getty Images
Henrik Sedin ne s'est jamais soucié du fait que les Canucks de Vancouver l'ont repêché au troisième rang en 1999, tout juste après son frère jumeau Daniel. Pour Henrik, ça aurait pu être l'inverse et il n'y aurait eu aucune différence.
À LIRE AUSSI : Un changement de position qui a transformé Daniel Sedin | Luongo se fait une place au Temple grâce à sa nature compétitive
« Au plus profond de moi-même, je savais que j'étais aussi bon que Danny, a dit Henrik. Je savais ça depuis que j'étais petit. »
Mais le compétiteur en Henrik croyait malgré tout qu'il devait le prouver, car à l'époque, il avait l'impression que Daniel était perçu comme un meilleur joueur que lui.
« Plusieurs personnes pensaient que j'avais été sélectionné troisième seulement parce qu'il avait été choisi au deuxième rang et que c'était la seule raison qui faisait que j'étais sélectionné aussi hâtivement, a raconté Henrik. Être choisi en troisième ne changeait rien du tout, mais je sais que plusieurs personnes croyaient que j'aurais dû être sélectionné septième, huitième ou neuvième. Et que puisqu'ils ne pouvaient pas courir le risque que je sois choisi par une autre équipe, ils m'ont pris pour nous avoir tous les deux. »
En fait, les Canucks ont jeté leur dévolu sur Henrik au troisième rang parce qu'ils croyaient qu'avec Daniel à l'aile gauche, il deviendrait éventuellement le centre, le joueur de la LNH, la légende vancouvéroise et le membre du Temple de la renommée qu'il est maintenant.
Henrik sera intronisé au Temple avec Daniel, son ancien coéquipier Roberto Luongo, son compatriote suédois Daniel Alfredsson, Riikka Salinen et le regretté Herb Carnegie au sein de la cuvée 2022, lundi.
Henrik est le meneur de l'histoire des Canucks pour les passes (830), les points (1070) et les matchs joués (1330). Il a obtenu une mention d'aide sur 280 des 393 buts de Daniel. Il a joué 24 matchs de plus et terminé avec 29 points de plus que son frère jumeau.
Brian Burke, l'ancien directeur général des Canucks qui a tout mis en œuvre pour être en mesure de repêcher les deux frères, a soutenu que le vrai test pour Henrik afin de justifier sa place au Temple est survenu en 2009-10.
Daniel a raté 18 matchs consécutifs entre le 11 octobre et le 20 novembre en raison d'une blessure à un pied. Durant cette séquence, Henrik a mené Vancouver avec 10 buts et 18 points, en route vers une saison de 112 points (29 buts, 83 passes), sa meilleure en carrière. Il a remporté le trophée Art-Ross à titre de meilleur pointeur de la Ligue et le trophée Hart, remis au joueur le plus utile à son équipe.
« Quand Danny s'est blessé, il a pris les choses en main et mené l'équipe, a souligné Luongo. Il dominait et il rendait les autres autour de lui meilleurs. Ça explique pourquoi il a fini par gagner le Hart cette année-là. »
\\\
Henrik a toujours su qu'il pourrait évoluer dans la LNH, même avant qu'il fasse ses débuts le 5 octobre 2000, jouant 13:08 sans obtenir de point contre les Flyers de Philadelphie. Mais il savait, dès son arrivée en Amérique du Nord, qu'il devrait devenir plus fort physiquement pour s'établir comme un joueur efficace dans la LNH.
« Le côté plus difficile quand nous sommes arrivés dans la Ligue, c'est que tu ne peux pas tricher pour devenir plus gros, ça n'arrivera pas comme par magie le temps d'un été, a dit Henrik. C'était difficile mentalement en raison de la pression qu'il y avait sur nous, en sachant que ce n'est pas quelque chose qui survient du jour au lendemain. Ça va prendre deux saisons, peut-être trois. De savoir que ça va te prendre deux ou trois ans pour en arriver là sur le plan physique, c'était très difficile mentalement. »
Mais une fois arrivé à maturité physiquement, Henrik a commencé à engranger les points. Il a amassé 29, 36, 39 et 42 points, respectivement, à ses quatre premières saisons. Il en a récolté 75 à sa cinquième campagne, alors qu'il était âgé de 25 ans. Il n'allait pas abaisser ce chiffre jusqu'à ce qu'il inscrive 45 points en 48 matchs lors de la saison écourtée par le lockout en 2012-13.
Il a obtenu 50 points en 70 rencontres en 2013-14, mais a rebondi avec 73 points en 82 parties la saison suivante, avant d'en enregistrer 55, 50 et 50 à ses trois dernières saisons dans la LNH, se retirant en même temps que Daniel à la fin de 2017-18.
« Quand on regarde ses aptitudes, il n'avait pas un très bon tir et je pense qu'il serait le premier à l'admettre », a noté l'ancien défenseur des Canucks Kevin Bieksa. « Pas un mauvais patineur, mais assurément pas le plus rapide. Mais son cardio était tellement bon qu'il pouvait avoir la même vitesse en première période qu'en troisième, et c'est là qu'il avait le dessus sur plusieurs gars. Il ne ralentissait jamais dans le cours d'un match. »
Et il pouvait composer avec la robustesse.
« Dans les entraînements, si j'arrivais à lui soutirer la rondelle, c'était un exploit, a dit Bieksa. J'essayais chaque jour et c'était très difficile à faire. »
Bieksa soutient toutefois que c'est l'état d'esprit d'Henrik qui était son plus grand atout en tant que joueur, ce qui le différenciait vraiment des autres.
Henrik est perçu comme l'un des joueurs les plus cérébraux de sa génération.
« Par exemple, en avantage numérique, nous obtenons un tir au but et la rondelle se retrouve dans le coin, a relaté Bieksa. 'Kes' (Ryan Kesler) se précipitait dans le coin et Danny se précipitait dans le coin, un défenseur aussi, et Henrik allait se positionner complètement de l'autre côté de la glace pour qu'ils puissent faire circuler la rondelle vers lui. Ils ont rendu célèbre le tir-passe décoché depuis les traits hachurés le long de la rampe. Henrik savait qu'un tir de cet endroit ne serait pas dangereux, alors il est arrivé avec le concept de la redirection faite par Danny. »
Et les passes dans les espaces libres où Daniel pouvait arriver à toute vitesse, c'était parce qu'il lisait le jeu mieux que n'importe qui.
« Je pense que ça vient du soccer, du moins en bonne partie, a expliqué Daniel. Nous avons tous les deux joué au soccer quand nous étions jeunes et au soccer, tu passes rarement le ballon directement sur le joueur, tu le passes à l'endroit où le joueur va courir. Je pense que c'était sa plus grande force en tant que passeur. Il te passait rarement la rondelle de façon directe, il la passait à l'endroit où tu te dirigeais. Je pense que ça te forçait à être toujours en mouvement et c'est de cette façon que tu peux jouer rapidement. C'est une chose qu'il a toujours eue en lui. »
Bieksa a également souligné le talent de passeur d'Henrik, que la rondelle soit envoyée dans l'espace libre ou directement sur la palette.
« Dans les entraînements, quand la qualité de la glace était mauvaise, qu'il y avait de la neige partout et que les rondelles avaient tendance à sauter par-dessus les bâtons des gars, Henrik ne ratait jamais une passe, a dit Bieksa. Tout était toujours à ras la glace. Henrik était le meilleur sur une glace de mauvaise qualité. »
C'était frustrant pour les adversaires et pour les gardiens de Vancouver à l'entraînement.
« Tout le monde savait que ça s'en venait […] "Hé, quand Henrik a la rondelle derrière le filet, trouve Daniel, reste près de lui et empêche-le de marquer" », a raconté l'ancien gardien des Canucks Cory Schneider. « Et malgré tout, Henrik trouvait le moyen de faire marquer Daniel. C'est comme quand tu sais qu'un lanceur va t'envoyer une balle rapide, mais que tu n'es quand même pas capable de la frapper. »
\\\
Henrik est devenu le capitaine des Canucks le 9 octobre 2010. Mais il était déjà un leader bien avant d'avoir le « C » brodé sur son chandail, puisqu'il était capable de déceler ce qui se passait dans le vestiaire et d'apporter une touche de légèreté lorsque nécessaire.
Bieksa se souvient d'une fois où les Canucks étaient dans le vestiaire au Colorado après une très mauvaise première période. C'était durant la saison 2009-10, quand Luongo agissait comme capitaine.
« Entre les périodes, Roberto, pour la première fois, et probablement parce qu'il se sentait obligé de le faire en tant que capitaine, s'est levé et a commencé à crier après nous : "Les gars, qu'est-ce qui se passe, ressaisissons-nous, quelle sorte d'échec avant sommes-nous en train de faire?" Il voulait nous dire que nous ne jouions pas dans notre système, mais il ne savait pas vraiment ce qu'est notre système puisqu'il est le gardien, a raconté Bieksa. Alors, Henrik, qui ne dit jamais un mot et ne lève jamais le ton, a répliqué : "Contente-toi d'arrêter la rondelle, Lu". »
Selon Bieksa, Henrik ne tentait pas de se montrer supérieur à Luongo ou de lui fermer le clapet. Il y avait un énorme respect pour Luongo dans ce vestiaire. Mais à ce moment précis, Henrik a compris la situation. Il voulait détendre l'atmosphère.
« Luongo est debout au milieu du vestiaire avec son équipement de gardien et il répond : "Quoi?" Il pensait avoir bien entendu, mais il n'était pas certain, alors Henrik l'a répété, mais avec un sourire dans le visage, "Contente-toi d'arrêter la rondelle, Lu, on s'occupe du reste". Tout le monde a éclaté de rire, et Roberto aussi. Nous avons connu une très bonne fin de match. »
Cette histoire décrit bien le style de leadership d'Henrik, sur la glace comme en dehors. Il parlait quand c'était nécessaire et il prêchait toujours par l'exemple.
"Ses actions parlaient pour lui", a évoqué son ancien compagnon de trio Alexandre Burrows.
C'est ce que les Canucks espéraient quand ils l'ont sélectionné au troisième rang il y a 23 ans.
Henrik a livré la marchandise.