Drouin Lepage

MONTRÉAL – À son dernier point de presse en tant que membre des Canadiens de Montréal, Jonathan Drouin avait dit croire dur comme fer qu’il pouvait encore s’établir comme un joueur d’un point par match dans la LNH.

La déclaration avait fait sourciller, avec raison. Il n’était, après tout, même pas parvenu à franchir la barre des 30 points à ses quatre dernières saisons dans l’uniforme tricolore. Mais voilà que l’attaquant québécois montre des signes d’une renaissance en cours avec l’Avalanche du Colorado.

Il débarque dans la métropole pour un premier duel face au CH en territoire hostile, alors qu’il vient d’amasser 16 points, dont sept buts, à ses 15 derniers matchs. Probablement son meilleur hockey en carrière.

« Je me sens confortable, a-t-il déclaré dans le vestiaire des visiteurs, en matinée. Ça aide quand tu joues avec des gars comme (Nathan) MacKinnon et (Mikko) Rantanen. Je sais que je peux amasser des points à l’occasion sans faire grand-chose. J’aime la façon dont je joue dernièrement.

« Je reçois beaucoup de temps de glace et l’entraîneur (Jared Bednar) me fait confiance. Il aime ma game et j’aime ma game. Quand le coach t’en donne, tu veux lui en donner. »

Pour lui en donner, il lui en donne. Royalement, à part ça.

Drouin a joué au moins 21 minutes à ses sept derniers matchs, et a franchi la barre des 25 minutes deux fois, atteignant même un temps de jeu de 28:16 dans un gain en tirs de barrage contre les Bruins de Boston.

« Je veux toujours être sur la patinoire, et c’est son cas aussi, a commenté MacKinnon. Bednar nous utilise beaucoup et nous faisons bien. On doit poursuivre dans cette veine. »

COL@DAL: Drouin pousse la rondelle au fond du but en A.N.

Ça n’a pas toujours été comme ça. L’adaptation à sa nouvelle équipe s’est faite plutôt lentement, et Drouin a même été laissé de côté en début de saison. Il n’avait récolté qu’un but et deux aides à ses 15 premières rencontres au Colorado. Bref, rien qui n’annonçait une explosion offensive.

Mais de fil en aiguille, le patineur de 28 ans a pris ses aises et a gravi les échelons au sein d’une formation qui fait partie des puissances du circuit.

« Je pense que j’étais gêné au début, a-t-il avoué. Tu arrives à une nouvelle place, tu veux être une bonne personne, faire la belle passe. Je joue plus à ma façon, je prends mes décisions et je vis avec elles. »

« Il joue vraiment sans crainte (comparativement au début de la saison), a observé MacKinnon. Il joue de façon agressive, et c’est ce que tu dois faire pour connaître du succès dans cette Ligue. Tu ne peux pas avoir peur de faire des erreurs et laisser les choses se produire de façon passive. »

Leader exemplaire

Chose certaine, la chimie qui opérait entre Drouin et MacKinnon à l’époque où les deux évoluaient avec les Mooseheads d’Halifax dans les rangs juniors n’avait pas été remisée bien loin. Les deux complices ont rapidement repris là où ils avaient laissé, il y a un peu plus de dix ans.

« C’est un de mes amis très proches, a dit MacKinnon. Je m’éclate en jouant avec lui cette année. Nous sommes sur le même trio, sur le jeu de puissance, et il joue très bien. Il m’aide beaucoup sur la glace. »

Et c’est la même chose de l’autre côté. Bednar a souligné en long et en large, dimanche, que l’impact de MacKinnon se ressentait dans le jeu de Drouin, et dans sa manière de se comporter.

« Je savais dans quoi je m’embarquais en signant ici, a fait valoir Drouin. Nathan ne te demandera jamais de faire quelque chose qu’il ne ferait pas. Il va être le premier sur la glace, le dernier à sortir, il va te demander ci et ça, mais il va être là à le faire avec toi. »

MacKinnon sera là, à ses côtés, alors que Drouin vivra une soirée fort émotive. Il a eu des hauts et des bas à Montréal, et une relation en dents de scie avec les partisans, mais il est encore très attaché à la ville.

« J’ai joué ici pendant six ans, j’ai rencontré plein de gens qui sont importants dans ma vie, a-t-il conclu. C’est spécial. […] Je ne peux pas dire comment je vivrai ça. Je le saurai sur le moment. Je ne sais pas si je serai émotif. J’ai adoré mes six ans et le soutien des partisans. Je les remercie. »

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