Hugues - Marcotte

Notre chroniqueur Anthony Marcotte nous parle de l’actualité chez le Rocket de Laval ainsi que dans l’ensemble de la Ligue américaine de hockey (LAH). Il permettra aux partisans de suivre assidûment ce qui se passe dans l’antichambre de la meilleure ligue de hockey au monde.

Kent Hughes n’a pas perdu de temps avant de pourvoir le poste de quatrième gardien sous contrat de la LNH dans l’organisation des Canadiens de Montréal en s’entendant dès le 6 juin dernier avec le gardien de but Connor Hughes. Une signature qui n’a pas fait grand bruit dans le marché montréalais, probablement en raison du moment où elle est survenue, mais aussi en raison du statut de Hughes

Le gardien de 28 ans obtient pour une première fois un contrat avec une organisation de la LNH.

Il faut dire que le natif de London, en Ontario, a eu un parcours atypique dans le monde du hockey. Il n’a jamais joué au niveau junior majeur canadien et vient de passer les sept dernières saisons en Suisse, partageant son temps entre la National League et la deuxième division.

Une saison remarquable avec le club de Lausanne la saison dernière a ouvert des yeux en Amérique du Nord et les Canadiens se sont montrés particulièrement intéressés à le mettre sous contrat pendant le parcours en séries de l’équipe. Grâce entre autres aux performances de Hughes, le Lausanne HC a atteint la grande finale du circuit contre le club de Zurich avant de s’incliner dans un septième et ultime match, à une petite victoire seulement d’offrir au club le tout premier championnat de son histoire.

« J’ai eu vent de l’intérêt de clubs de la LNH à peu près au tiers de la saison par le truchement de mon entraîneur (Geoff Ward, l’ancien pilote des Flames de Calgary), a révélé le longiligne gardien de 6 pieds 4 pouces au début du camp d’entraînement du Rocket de Laval, la semaine dernière. J’ai malheureusement subi une blessure en novembre, mais j’ai compris que l’intérêt était bien réel quand je suis revenu et que le nom des Canadiens revenait constamment dans les discussions avec mon agent. Leur intérêt s’est concrétisé en finale après le troisième match, et les discussions ont continué de cheminer par la suite. »

Mais pourquoi, à ce stade-ci de sa carrière, signe-t-il un premier contrat professionnel en Amérique du Nord? Hughes explique qu’il s’agit surtout d’une question d’opportunités et de progression naturelle. On n’atteint pas sa pleine maturité comme gardien aussi rapidement que d’autres joueurs de position.

En sept saisons en Suisse, Hughes ne revendique qu’une saison de plus de 30 matchs (36 avec Genève-Servette en 2022-23). Même la saison dernière à Lausanne, son nombre de départs en séries (18) est presque l’équivalent de ses sorties en saison régulière (19). Malgré un nombre de matchs amorcés peu élevé, il a été en mesure d’attirer l’attention avec une moyenne de buts alloués de 1,73 et un excellent pourcentage d’arrêts à ,940.

« C’est sûrement un peu plus long pour la majorité des gardiens d’atteindre notre apogée parce que ce n’est pas toujours facile d’obtenir beaucoup de temps de glace à un jeune âge, a sereinement expliqué Hughes. C’est un peu ce qui m’est arrivé. J’ai surtout développé ma technique en redoublant d’ardeur à l’entraînement. J’avais 25 ans quand j’ai eu ma première chance comme partant. Ça s’est bien passé et depuis, j’ai l’impression de progresser tous les ans. »

Le nouvel entraîneur du Rocket, Pascal Vincent, a la ferme impression que la position de gardien pourrait constituer une des forces de sa jeune formation, ce qui tranche un brin avec ce qu’on a vu de cette équipe l’an dernier. Après des débuts professionnels cahoteux, Jakub Dobes s’est ensuite brillamment ressaisi en milieu de saison pour amener l’équipe tout juste à court d’une place en séries. L’organisation avait aussi lancé un SOS au vétéran Kasimir Kaskisuo pour venir prêter main-forte à Dobes, le portier le plus sollicité du circuit la saison dernière.

À Laval, tout le monde s’attend à ce que le jeune gardien tchèque de 23 ans soit l’homme de confiance du Rocket pour poursuivre sa progression. Il reste à savoir si Connor Hughes sera prêt à le supporter plus adéquatement que Strauss Mann l’avait fait en début de saison l’an dernier.

« C’est assez évident qu’il est un excellent gardien, mentionne Hughes. J’ai eu la chance de le voir bien performer dans le match qu’il a joué contre Toronto (32 arrêts le 26 septembre). Mon travail comme vétéran est d’être un bon coéquipier pour l’équipe et de le supporter adéquatement. Je pense vraiment que Montréal m’offre une belle occasion de continuer de me développer. Même si je prends de l’âge, mon rêve est toujours d’atteindre la LNH. »

\\*

Le Rocket amorcera la huitième saison de son histoire vendredi soir en croisant le fer avec les Bruins à Providence avant de rendre visite aux Thunderbirds de Springfield le lendemain. On s’attend à ce que Dobes obtienne le premier départ et il est fort possible que Hughes le relève le lendemain.

D’ailleurs, les trios qu’entend utiliser Pascal Vincent pour ses débuts à la barre de l’équipe vont comme suit :

Sean Farrell – Brandon Gignac – Joshua Roy
Laurent Dauphin – Lucas Condotta – Xavier Simoneau
Jared Davidson – Owen Beck – Filip Mesar
Luke Tuch - Florian Xhekaj – Riley Kidney

Du nombre, on retrouve quatre recrues (Beck, Mesar, Tuch et Xhekaj) et quatre joueurs de deuxième année (Farrell, Roy, Davidson et Kidney). Le Rocket affichera assurément une des attaques les plus jeunes de toute la Ligue américaine. Un manque d’expérience qui pourrait amener des hauts et des bas au fil de la saison. Ça constitue probablement le plus gros défi de Vincent; faire fonctionner une attaque au nombril vert.

En défensive, Adam Engström obtiendra la responsabilité de quart-arrière de la première vague de l’avantage numérique. Voilà qui est un peu surprenant compte tenu de l’excellente saison qu’a connu Logan Mailloux l’an dernier sur le plan offensif en supplantant notamment Justin Barron pour la responsabilité du premier jeu de puissance.

Le droitier suédois Gustav Lindström est de retour avec le Rocket après avoir accepté un contrat à deux volets, mercredi, lui qui avait amorcé la saison 2023-24 avec l’organisation l’espace de quatre rencontres. Il devrait rejoindre l’équipe au cours des prochaines heures sur le présent voyage sur la route. L’acquisition d’un troisième droitier devenait primordiale en l’absence de David Reinbacher, perdu pour la saison. Mailloux et le vétéran Joshua Jacobs se partageront aussi la tâche sur le flanc droit de la ligne bleue.