Notre chroniqueur Anthony Marcotte nous parle de l'actualité chez le Rocket de Laval, ainsi que dans l'ensemble de la Ligue américaine de hockey (LAH). Il permettra aux partisans de suivre assidûment ce qui se passe dans l'antichambre de la meilleure ligue de hockey au monde.
Quand Jean-François Houle a accepté de devenir le troisième entraîneur-chef de l'histoire du Rocket de Laval, il savait exactement ce qui l'attendait.
Marcotte: Jean-François Houle, le bon gars à la tête du Rocket
Notre chroniqueur soutient que les Canadiens ont trouvé le pilote idéal pour mener à bien le développement de ses principaux espoirs
Il était au courant qu'il allait remettre les pieds dans un marché où le hockey attire les regards 365 jours par année et où les critiques peuvent s'avérer sans merci. Il savait aussi qu'il allait devoir remplacer un entraîneur, Joël Bouchard, très populaire auprès des amateurs qui avait effectué un excellent travail pendant trois ans à la barre du club. De plus, il était pleinement conscient que pour le bien du jeune marché de la Ligue américaine à Laval, il était primordial de conduire son équipe aux séries éliminatoires pour la première fois de son histoire.
À LIRE AUSSI : Marcotte: Harvey-Pinard « le cœur et l'âme » du Rocket | Repêchage 2022 : Le jeu des comparaisons
À quelques semaines de la fin de la saison régulière, ce dernier objectif est presque dans la poche pour Houle et son équipe.
Il faut voyager avec l'équipe pour constater les qualités de meneur de Houle, et voir à quel point le rapport humain est important pour lui. Le père de trois enfants, qu'il a dû laisser derrière à contrecœur aux États-Unis pour obtenir un poste qu'il chérissait depuis longtemps, est un homme de famille et ça paraît. On le voit plusieurs fois par jour aller discuter avec certains de ses joueurs ou membres du personnel tout simplement pour prendre de leurs nouvelles, pas simplement pour les questionner au sujet du hockey. Houle semble être un très bon meneur d'hommes, mais aussi quelqu'un d'accueillant avec qui un joueur n'aurait aucune gêne à se confier pour lui parler de ses déboires.
On a senti toute la saison que la confiance du Rocket augmentait de jour en jour puisque le nouveau pilote en ville a réussi à établir son leadership tout en faisant de la Place Bell un environnement où ses joueurs se plairaient à se présenter tous les jours dans le but de tout donner pour aider l'équipe à gagner. Les Lavallois n'ont d'ailleurs perdu qu'à neuf reprises en 33 matchs à domicile, une des meilleures fiches du circuit.
La Ligue américaine n'a pas changé au fil du temps. C'est le circuit le plus près de la Ligue nationale. Elle peut être la dernière rampe de lancement pour propulser un espoir dans la grande ligue, tout comme elle peut être la terre d'accueil d'un athlète en fin de carrière qui s'y retrouve afin d'écouler les derniers mois de son entente. Il arrive aussi qu'un joueur en perte de confiance débarque parce qu'il a carrément perdu son poste dans la LNH. C'est précisément à ce moment qu'un entraîneur-chef entre en jeu afin de trouver les bons mots pour motiver un joueur à la recherche de ses repères.
Cédric Paquette a renoué avec son ancien entraîneur neuf ans après son départ de l'Armada de Blainville-Boisbriand, à l'époque où Houle était à la barre de l'équipe. Malgré les blessures qui continuent de l'embêter, Paquette connaît un excellent départ à Laval avec sept buts en 11 matchs.
« Je connaissais évidemment très bien 'JF' avant d'arriver ici, a expliqué Paquette. C'est d'abord et avant tout un très bon gars avant d'être un bon entraîneur. Les joueurs aiment jouer pour lui parce qu'il est proche de ses joueurs. Il a le don de rendre l'environnement d'une équipe agréable, que ça aille bien ou pas. On a une bonne équipe et c'est le funde se présenter à l'aréna tous les jours. »
Houle a su manœuvrer à travers les aléas d'une saison où la COVID-19 s'est invitée pour décimer son propre vestiaire, et celui des Canadiens. Après une pause forcée de 26 jours en décembre et janvier en raison des restrictions sanitaires liées à la pandémie, Houle avait dû se débrouiller avec une formation dépouillée de 12 joueurs qui faisaient partie de la formation inaugurale de l'équipe, le 15 octobre.
Quelques semaines plus tard, le Rocket avait tellement de retard à reprendre au calendrier qu'il a dû jouer 14 matchs en 23 jours, un rythme effréné où la fatigue a certainement mené à quelques blessures importantes, notamment en défensive. Des joueurs importants à l'attaque comme Lukas Vejdemo et Alex Belzile ont raté presque deux mois d'action. Malgré tout ça, Houle a réussi à tirer les bonnes ficelles pour trouver le moyen de soutirer des points importants et maintenir son équipe dans une position avantageuse dans la course aux séries.
L'autre élément à prendre en considération pour évaluer le travail de l'homme de hockey de 47 ans, c'est le départ de Marc Bergevin et son principal lieutenant, Scott Mellanby, qui avaient un gros mot à dire sur la gestion des effectifs à Laval. Ces deux départs ont augmenté la charge de travail de Houle, qui s'est retrouvé à gérer les nombreux mouvements de personnel de son équipe, de concert avec John Sedgwick, désormais directeur général adjoint des Canadiens.
Plusieurs joueurs rappelés de Trois-Rivières ont été en mesure de se démarquer, comme le gardien Kevin Poulin, les attaquants Peter Abbandonato et Justin Ducharme, ainsi que le défenseur Olivier Galipeau. Un autre arrière, Nicolas Mattinen, embauché comme joueur autonome en provenance des Gee Gees d'Ottawa, a été une belle révélation. Depuis le début de cette saison complètement folle, Houle aura été impliqué dans plus de 140 mouvements de personnel avec les Canadiens, les Lions de Trois-Rivières, et aussi différentes équipes de l'ECHL, de la NCAA ou du USports pour trouver des joueurs en mesure d'enfiler l'uniforme.
« Je pense que JF a été en mesure de très bien gérer ses effectifs pour nous permettre de gagner sur une base régulière, a mentionné l'attaquant Kevin Roy. Ce n'est pas toujours facile de garder tout son personnel heureux alors qu'on cherche tous à avoir un bon temps de glace. Je trouve qu'il a une bonne touche pour évaluer comment son équipe se présente tous les soirs tout en gardant en tête l'identité qu'on veut se donner. Je pense que la fiche qu'on a actuellement représente bien le travail du coachet de ses adjoints. »
Martin Laperrière a accepté de relever le défi d'accompagner Houle derrière le banc du Rocket après plusieurs années à seconder Patrick Roy chez les Remparts de Québec dans la LHJMQ. Au début des années 1980, les deux jeunes garçons s'étaient liés d'amitié dans les coulisses du Forum de Montréal quand leurs pères Réjean Houle et Jacques Laperrière travaillaient pour l'organisation. Le sang tricolore coulait déjà dans les veines des deux futurs entraîneurs qui ont finalement la chance de travailler ensemble dans le giron des Canadiens.
« Il a toujours volé un peu en dessous des radars parce que ce n'est pas quelqu'un de très exubérant, a d'abord mentionné Laperrière. Je pense que pour lui, sa principale qualité est la relation qu'il entretient avec ses joueurs. C'est un gars extrêmement honnête. Il leur dit la vérité, il n'y a pas de zone grise. Quand il a un message à passer, c'est toujours dans le but d'aider le joueur à devenir meilleur. Si on regarde son historique comme entraîneur, il a toujours connu du succès et ses joueurs ont toujours aimé jouer pour lui. »
Avec cinq matchs à disputer au calendrier, la troupe de Houle se retrouve dans une bonne position pour réussir son objectif de se qualifier pour les séries éliminatoires. La lutte est palpitante dans la section Nord. Le Rocket est présentement deuxième, mais n'est séparé que par quelques points de pourcentage des Americans de Rochester qui sont pour le moment exclus du portrait des séries, en sixième position.
Il y a fort à parier que ce n'est qu'au tout dernier match de la saison, le 30 avril, qu'on saura avec exactitude quelles équipes participeront aux séries et contre qui elles joueront au premier tour éliminatoire. Quoi qu'il en soit, cette première saison à la barre du Rocket de Jean-François Houle aura été remplie de défis, mais les Canadiens ont assurément trouvé la bonne personne pour mener à bien le développement de ses principaux espoirs à Laval.