OTTAWA – Cole Hutson n’a pas pris le temps de jeter un œil aux statistiques du Championnat mondial junior avant de se présenter dans la zone mixte du Centre Canadian Tire avec sa médaille d’or accrochée au cou.
On comprend qu’il avait mieux à faire. Un collègue lui a donc appris qu’il avait conclu le tournoi au premier rang des pointeurs avec sa récolte de 11 points, dont trois buts, en sept petits matchs. Il en a d’ailleurs inscrit un très important dans ce gain de 4-3 en prolongation face à la Finlande en finale.
« Je ne le savais pas, a rigolé le défenseur quand on lui a posé la question. Honnêtement, on a gagné l’or, et c’est tout ce qui importe. »
Il ignorait donc qu’il avait établi un record pour un défenseur américain à ce tournoi, et qu’il était devenu le premier arrière à conclure le tournoi seul au premier rang des pointeurs. Erik Johnson, en 2007, et Hakan Nordin, en 1981, l’avaient fait, mais avaient terminé à égalité au premier échelon.
Mais une chose n’était pas passée inaperçue pour l’espoir des Capitals de Washington. Il n’a eu besoin que d’une participation au tournoi pour surpasser le total de son frère Lane en deux présences – le défenseur des Canadiens a un but et 10 points à son actif au Mondial.
« Ça, je le savais », s’est exclamé le cadet.
Il savait aussi qu’il vient de se faire un prénom. À partir de maintenant, il ne sera plus seulement « le frère de l’autre ». Il sera l’un des brillants espoirs de la LNH à la ligne bleue.
« J’espère que c’est l’effet que ça aura et que je serai traité avec un peu plus de respect, a laissé tomber le jeune homme de 18 ans, qui ne manque pas de confiance. Lane m’a évidemment beaucoup aidé tout au long de ma carrière. Mais c’est le moment pour moi de me détacher et de faire mes propres choses. »
Cole a suivi les traces de son frère en aidant les États-Unis à remporter une deuxième médaille d’or de suite avec plusieurs de ceux qui ont triomphé avec Lane l’an dernier en Suède. C’était la première fois de leur histoire que les Américains parvenaient à défendre leur titre à ce tournoi.
Grâce à sa domination, Hutson a été nommé sur l’équipe d’étoiles des médias. On peut aussi se douter qu’il a été considéré pour le titre de meilleur défenseur du tournoi, un honneur qui est finalement revenu au Suédois Axel Sandin-Pellika, pour une deuxième année de suite.
Hutson n’a pas à rougir de ses prestations pour autant.
« J’ai toujours su de quoi il était capable, a fait valoir son coéquipier James Hagens. Quand tu le vois faire ses trucs sur la glace, tu sais à quel point il est bon. Quand tu es sur la glace avec lui, tu sais qu’il va réussir à faire un jeu. Tu dois mettre ta palette sur la patinoire et être prêt à recevoir le disque. »
Plus de contrôle
Le petit arrière a amorcé son tournoi de brillante façon en récoltant cinq passes dans un gain de 10-4 contre l’Allemagne. Autant cette performance donnait le ton pour la suite, autant elle a obligé son entraîneur David Carle à lui demander de corriger certaines choses en défensive.
« Je lui ai demandé d’être un peu plus sur les freins, a expliqué l’entraîneur. Dans les premiers matchs, lui et Zeev (Buium) tentaient d’en faire trop par moments. Notre équilibre n’était pas ce qu’il devait être. Ils ont ensuite mieux choisi leurs moments. Ça ne leur a rien enlevé offensivement, ça les a plutôt aidés. »
Sa production n’a pas été aussi impressionnante dans les six matchs suivants, mais il s’est avéré un élément auquel le pilote pouvait faire confiance dans les grands moments. Alors que les États-Unis tiraient de l’arrière par deux buts, dimanche, il a jumelé Hutson à Buium, et le vent a changé de côté.
« Je suis très fier de lui, a conclu Carle. Il n’y a pas grand-chose de plus à dire. Il a une vision de classe mondiale, il a tout un tir. Il y a tellement d’éléments qui sautent aux yeux. Tout ce qu’il fait est exceptionnel. »