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GATINEAU - Le vent a changé de côté, et il souffle désormais dans les voiles de Noah Warren.

S'il arrivait par le passé que l'on entende davantage parler des aspects que le défenseur des Olympiques de Gatineau devait améliorer dans son jeu que de ceux qui le distinguaient des autres, tout indique que le discours tend à changer. À quelques mois du repêchage de la LNH, le timing est plutôt intéressant.
« Souvent, on semble regarder des joueurs et leur trouver des bobos au lieu de parler de leurs forces, a plaidé son entraîneur Louis Robitaille. Ce qu'il faut souligner chez nos jeunes, c'est ce qu'ils apportent et ce qui fait d'eux des joueurs d'élite.
« Noah a des qualités que peu de joueurs ont dans notre ligue. L'an dernier, j'ai l'impression que l'accent était mis sur ses faiblesses tandis que cette année, on remarque plus la progression de ses forces. Il mérite cette attention, mais il ne doit pas trop l'écouter. Tout est à recommencer à chaque match. »
Du haut de ses 6 pieds 5 pouces et fort de ses 214 livres, il est assez facile d'imaginer que Warren ne laisse pas sa place sur la patinoire. Sans jouer au rouleau compresseur, il complique la vie de ses adversaires grâce à sa longue portée et à son coup de patin qui ferait l'envie de plusieurs joueurs de son gabarit.
À sa deuxième saison dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), il entre de plus en plus dans le moule que voulait lui concocter Robitaille à son arrivée en Outaouais : celui d'un défenseur difficile à affronter, capable de boucler le territoire défensif.
Il est aussi capable de contribuer à l'attaque, comme en fait foi sa récolte intéressante de 17 points, dont quatre buts, en 41 rencontres - 13 points de plus que ce qu'il avait amassé en 29 matchs, l'an dernier.
« Ça m'a pris du temps à prendre confiance et à jouer comme un vétéran, a raconté le gaillard. J'utilise beaucoup plus mon physique qu'à ma première saison. Je suis solide devant le filet et dans les batailles pour les rondelles - c'est rare que j'en perds. J'essaie aussi d'envoyer la rondelle au filet plus souvent. »
Tout vient à point à qui sait attendre, comme le dit le dicton. Sans changer son style de jeu du tout au tout - il a toujours plus mis l'accent sur la qualité de son jeu défensif - il a simplement compris comment il pouvait exploiter ses forces tout en travaillant sur ses faiblesses.
« C'est un des gars qui a l'une des meilleures améliorations depuis l'an passé », a analysé son coéquipier Tristan Luneau, qui partage sporadiquement la glace avec Warren depuis leur enfance.
« C'est quelqu'un qui sait exactement quel est son rôle et qui le joue très bien. Il évalue ses performances selon les attentes reliées à son rôle, et il sait ce qu'il doit faire dans un match pour aider l'équipe à gagner. Il en est très conscient et c'est une éponge. Il fait tout ce que les entraîneurs lui demandent. »
Robitaille confirme. Si l'arrière montréalais le fait aussi efficacement, c'est d'abord et avant tout parce qu'il a rapidement adhéré au plan qu'il lui a présenté, il y a un peu plus d'un an.
« Il fallait lui définir un moule, a expliqué le pilote. On sait ce qu'est Noah Warren à 16 et 17 ans, mais notre travail est de projeter ce qu'il sera à 23 ou 24 ans dans la LNH. On lui a parlé de simplifier certaines décisions en zone défensive et d'améliorer son aspect physique - de se servir de son gabarit - et c'est ce qu'il fait.
« C'est plaisant de le voir embarquer dans ce plan à son âge, de mettre l'aspect plus flashy de côté pour continuer de grandir du point de vue de l'efficacité, et d'y aller pour la qualité plutôt que sur la quantité. C'est facile de lui présenter un plan, mais ça doit être un partenariat entre le joueur et les entraîneurs. »
Du rond-point à la LNH
Ce partenariat a de bonnes chances de le mener aux portes de la LNH, en juillet prochain. Il est pour l'instant considéré comme le 49e meilleur espoir nord-américain par le Bureau central de dépistage, et certains le voient être réclamé dès la deuxième ronde.
Le rêve qu'il caresse depuis la première fois qu'il a enfilé les patins commence lentement à prendre forme.
« Ç'a commencé avec un de mes voisins quand j'étais jeune, a-t-il raconté. Je le voyais jouer sur la patinoire que son père faisait dans le rond-point devant chez moi. J'ai dit à mon père que je voulais jouer et j'ai appris à jouer au hockey sur cette petite patinoire. Depuis ce temps, je suis en amour avec le sport. »
Après ce premier hiver, il a perfectionné son coup de patin en suivant des cours de patinage artistique et n'a jamais cessé de l'améliorer par la suite quand il a fait la transition vers le hockey. Une dizaine d'années plus tard, c'est entre autres ce qui lui permet de tomber dans l'œil des équipes de la LNH.
« J'ai grandi en regardant P.K. Subban et en voulant être aussi dominant que lui, a conclu Warren. Ç'a toujours été plus un rêve qu'autre chose, mais j'ai réalisé il y a deux ans que j'avais peut-être des chances de m'y rendre. Pour l'instant, je me concentre sur ce que je peux faire pour aider mon équipe, et non pas sur ce qui va se passer à la fin de l'année. »
CRÉDIT PHOTO : Dominic Charette