L'heureux Lepage

Zachary L'Heureux n'a pas besoin de la validation de son entraîneur ou des observateurs pour savoir exactement quand il est au sommet de son art. Il a ses indicateurs bien à lui pour évaluer son travail.

« Si l'entraîneur adverse est fâché après moi, j'imagine que ses joueurs aussi ne sont pas contents, a amorcé l'attaquant des Mooseheads d'Halifax au bout du fil. Si le monde n'est pas content, ça veut dire que j'ai bien fait ma job. C'est comme ça que je vois ça. »
Une manière bien unique de voir les choses, à l'image du joueur qu'il est. Reconnu pour son caractère bouillant, l'espoir des Predators de Nashville a été suspendu à huit reprises en trois saisons dans la LHJMQ - la dernière, une de dix matchs, pour avoir dardé un partisan. Peu glorieux.
Mais depuis le début des séries éliminatoires, L'Heureux a repris son rôle de vilain tout en marchant directement sur la ligne qu'il ne doit pas franchir.
Un travail d'équilibriste pas toujours simple, mais qui rapporte gros quand il est exécuté à la perfection. Comme dans la série de deuxième tour face aux Wildcats de Moncton que les Mooseheads ont éliminé en cinq rencontres.
« Il a été notre meilleur joueur et il a démontré qu'il était capable de jouer une ronde solide dans les règles de l'art », a souligné sans détour son entraîneur Sylvain Favreau.
Le jeune homme de 19 ans a récolté six buts et trois aides en cinq rencontres, en plus de distribuer de solides coups d'épaule, de narguer la foule de Moncton autant sur la glace que dans les médias, et d'entrer dans la tête de ses adversaires - y compris celle de l'entraîneur d'expérience Dan Lacroix.
Ce dernier lui a reproché son arrogance en affirmant qu'il trichait et que les siens profitaient souvent de sa présence sur la patinoire pour marquer. Ça n'a pas semblé ébranler notre homme, qui se réjouissait probablement de l'effet de la célébration très peu discrète qu'il a effectuée en complétant son tour du chapeau dans le match no 3.

Seule ombre au tableau pour L'Heureux; une expulsion au deuxième match de cette série pour une mise en échec jugée dangereuse à vitesse réelle, mais que la Ligue a jugé légale ensuite.
« Je pense que ça fait partie de la game, je suis là pour faire un show, a affirmé le principal intéressé. Chaque fois que je suis capable d'entrer dans la tête de l'adversaire, de frustrer du monde ou les joueurs de l'autre équipe, ça me donne une petite joie. C'est quelque chose que j'aime.
« J'ai réussi, jusqu'à présent, à jouer sur la ligne sans la dépasser. C'est comme ça que je peux avoir le meilleur impact sur mon équipe et c'est comme ça que je joue mon meilleur hockey. J'ai été capable de prouver à moi-même et aux gens qui me jugeaient que je suis capable de le faire. »
Les Mooseheads sont les premiers à s'en réjouir. Un Zachary L'Heureux au sommet de son art et en plein contrôle de ses émotions est le type d'atout dont bien peu d'équipes disposent. Son apport est d'une importance capitale, surtout qu'il n'y a plus que quatre équipes toujours en vie dans ces séries.
La troupe de Favreau se mesurera au Phoenix de Sherbrooke tandis que les Remparts de Québec ont rendez-vous avec les Olympiques de Gatineau dans l'autre demi-finale.
« C'est sûr qu'il y a une corrélation entre son style de jeu et sa production, a analysé l'entraîneur. Lorsqu'on regarde la production offensive de Zach, ça commence souvent sans la rondelle. Ça part d'un lancer bloqué, d'une mise en échec en territoire adverse, puis les points viennent quelques secondes plus tard.
« On aura besoin de lui contre une grosse machine de hockey qui aime le jeu physique comme Sherbrooke. Il a de l'expérience et il ne craint pas la robustesse. Il sera un élément très important pour nous. »