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Les émotions sont encore vives pour Bryan Trottier, qui a été forcé de dire adieu à trois de ses amis proches et anciens coéquipiers des Islanders de New York dans la dernière année.

Deux d'entre eux, Mike Bossy et Clark Gillies, évoluaient à ses côtés sur le « Trio Grande Line », qui avait permis aux Islanders de remporter la Coupe Stanley lors de quatre années consécutives, entre 1980 et 1983. Jean Potvin, l'autre ami que Trottier a perdu, faisait partie des équipes championnes de 1980 et 1981.
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Gillies et Bossy ont tous les deux étés emportés par le cancer, le premier à l'âge de 67 ans le 21 janvier, alors que Bossy est décédé à 65 ans le 15 avril. Potvin a rendu l'âme le 15 mars à l'âge de 72 ans. C'était une cicatrice profonde pour les Islanders, qui célèbrent leur 50e anniversaire, mais ce n'est pas ce qui va briser le lien qui s'est créé entre les joueurs au cours d'une dynastie comme on risque de ne plus jamais revoir.
Trottier peine à parler du sujet, mais c'est important pour lui de garder le sourire en compagnie des familles des trois anciens joueurs.
« Je veux célébrer leur mémoire, a dit Trottier au LNH.com. J'ai parlé avec (les filles de Bossy) Josiane et Tanya ainsi qu'à son épouse Lucie. J'ai aussi discuté avec (la femme de Gillies) Pam et (leur fille Brianna). Je partage mes histoires avec elles et ça remonte le moral. Elles ne sont pas tristes. Ce sont des souvenirs puissants et amusants qui me font rire. »
Les Islanders tiendront leur traditionnelle soirée Le hockey pour vaincre le cancer, samedi, alors qu'ils accueilleront les Blue Jackets de Columbus (19 h 30 HE; MSGSN2, BSOH, ESPN+, SN NOW), et des invités spéciaux, dont d'anciens joueurs et des célébrités, y participeront. Même la mascotte Sparky le dragon portera un uniforme spécial.
L'initiative Le hockey pour vaincre le cancer a amassé plus de 32 millions $ en 24 ans d'histoire et vient en aide à la Fondation des Islanders pour l'enfance, qui a récolté 14 millions $ à elle seule depuis qu'elle a été créée en 2003 par le propriétaire de l'époque, Charles Wang. Cet élan de générosité se poursuit sous la direction des copropriétaires actuels Jon Ledecky et Scott Malkin, ainsi que par l'entremise des joueurs qui rendent visite à des patients atteints de cancer, peu importe leur âge.
Gillies a été un ambassadeur dans la lutte contre le cancer. Bossy, dans une lettre écrite pour l'enfant qu'il était et publiée sur le site Players' Tribune en 2017, avait indiqué qu'il regrettait d'avoir fumé la cigarette. Il n'est pas toujours facile de sensibiliser, mais c'est un mal nécessaire qui nécessite des efforts qui ne sont pas qu'en surface.
« Ça ne se fait pas qu'en portant une cravate ou une épinglette, a souligné Ledecky. Il faut que la prochaine génération et l'actuelle comprennent les sources du cancer, mais aussi qu'il est possible de battre le cancer en continuant nos efforts pour trouver un traitement. Nous pensons que les Islanders peuvent réussir à sensibiliser la communauté avec ce message.

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Les Gillies et Bossy ont laissé leur marque à Long Island. Les partisans se sont toujours fait entendre lorsqu'ils étaient présentés sur l'écran géant du Nassau Coliseum, l'ancien domicile de l'équipe, en particulier lorsque Gillies s'écrasait une canette de bière en plein front. L'attaquant Matt Martin n'avait pas de difficulté à s'identifier à l'aspect physique que Gillies a apporté durant toute sa carrière. Mais il s'est aussi inspiré de lui pour lancer la Fondation Matt Martin, qui appuie financièrement plusieurs causes.
Martin a accepté à plusieurs reprises de donner un coup de main à la Fondation Clark Gillies, qui vient en aide aux enfants qui sont dans le besoin, que ce soit au niveau de leur développement physique ou intellectuel, ou encore financièrement. Gillies lui manque. Les messages qu'il lui envoyait pour lui dire qu'il le regardait aussi.
« Il avait une telle présence, s'est souvenu Martin. C'était une personne spéciale. Je pense qu'on va s'ennuyer de lui pendant longtemps. »
Gillies, c'était les muscles (6 pieds 3 pouces, 215 livres) de cette dynastie, l'ailier gauche de Trottier et Bossy. Il a récolté 663 points (304 buts, 359 passes), au quatrième rang de l'histoire des Islanders. Le plus incroyable, c'est qu'en 12 saisons à New York, il n'a jamais franchi le cap des 100 minutes de punitions en une même campagne.
Le cancer, Trottier le connaît bien plus qu'il ne le voudrait. La maladie n'a pas épargné Gillies, Bossy, les grands-parents de Trottier ou encore Bob Johnson, qui était son entraîneur-chef lorsqu'il a remporté la Coupe Stanley pour la sixième fois, en 1990-91 avec les Penguins de Pittsburgh. Johnson était décédé d'un cancer du cerveau quelques mois plus tard, le 26 novembre 1991.
Trottier n'arrivait pas à croire que le gentil géant qu'était Gillies allait être emporté par la maladie.
« Je voulais lui rappeler qu'à mes yeux, il était pratiquement invincible, s'est remémoré Trottier. Quand nous avons appris que le cancer s'était propagé à tout son corps, je disais que c'était impossible. Nous étions vraiment sous le choc parce que c'est allé vraiment vite. Je me disais que ça ne pouvait pas arriver à un gars si fort et si puissant pour moi.
« Ma gorge se noue juste à en parler. Ç'a fait mal. Mike aussi a fait mal. Clark a fait mal. 'Johnny' Potvin a fait mal. Guy Lafleur (décédé le 22 avril) a fait mal. Tous ces gars qui sont partis, ç'a été douloureux, mais pour moi, c'était juste impossible que la maladie puisse faire tomber mon gros bonhomme "Clarkie". Mais le cancer n'a pas de préférence. »
Potvin, un défenseur et frère ainé du légendaire capitaine des Islanders Denis Potvin, a joué 402 matchs à New York. Bossy a inscrit 573 buts en 10 saisons avant de devoir prendre sa retraite en 1986-87 en raison de douleurs au dos. Trottier, dans son livre "All Roads Home, A Life on and off the Ice" s'est souvenu du Québécois comme d'un attaquant maigrichon, qui, lors d'un test de force de préhension après leur premier entraînement ensemble, avait obtenu la marque de 90 avec sa main gauche, puis de 98 avec la droite, sa plus forte. La moyenne des joueurs des Islanders était entre 40 et 60.
Trottier (1997), Bossy (1991) et Gillies (2002) sont tous membres du Temple de la renommée.
Une semaine après le décès de Bossy, c'était au tour de Lafleur de rendre l'âme, à l'âge de 70 ans. Un autre dur coup pour les amateurs de hockey, en particulier ceux des Canadiens de Montréal qui ont vu le légendaire « Démon blond » marquer 50 buts lors de chacune de ses saisons entre 1974-75 et 1979-80, en plus de gagner la Coupe Stanley quatre fois de suite entre 1976 et 1979.
Le cancer est injuste. Il frappe fort et là où ça fait mal. Mais l'espoir subsiste. Trottier le sait très bien, puisqu'un de ses quatre enfants, Bryan John Trottier Jr, en est témoin chaque jour, lui qui est hématologue/oncologue spécialiste des cancers du sang à l'hôpital St. Louis Park, au Minnesota. La recherche a mené à la création de traitements qui ont permis à plusieurs d'être en rémission. Il existe des solutions, et tout le monde peut mettre la main à la pâte en faisant un don ou en offrant du soutien moral.
\Avec la collaboration de Denis Gorman, correspondant indépendant NHL.com