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Alexandre Doucet était bien au courant de l'intérêt des Red Wings de Detroit. Il avait eu droit à un souper avec un de leurs recruteurs à la mi-janvier, mais c'est quand il a vu le nom de Steve Yzerman apparaître sur l'écran de son téléphone qu'il a compris que les choses étaient très sérieuses.

L'attaquant des Mooseheads d'Halifax a discuté avec le directeur général des Red Wings pendant une trentaine de minutes sur Facetime. Quand il a raccroché, il savait qu'il signerait son contrat de recrue avec eux.
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« J'avais aussi discuté avec d'autres équipes, mais après avoir parlé avec Steve, c'est devenu clair dans mon esprit », a-t-il raconté, jeudi, au lendemain de l'annonce de son entente. « Il avait déjà entendu parler de moi, et le but de son appel était plus de m'en apprendre sur l'équipe, ses installations et sur l'organisation. »
Yzerman avait donc le pressentiment qu'il n'était pas seul en lice. Il devait en quelque sorte vendre son projet à un jeune homme de 21 ans jamais repêché, qui n'avait même pas reçu d'invitation à un camp d'entraînement professionnel au début de la saison. C'est dire à quel point Doucet a fait tourner le vent.
Avec ses 45 buts en 58 matchs, il occupe le premier rang des buteurs de la LHJMQ - un de plus que son coéquipier Jordan Dumais et Alexis Gendron, des Olympiques de Gatineau. Il avait commencé le travail de démolition avec les Foreurs de Val-d'Or et il le poursuit depuis qu'il est passé aux Mooseheads en décembre.
« Ce qu'on voit de lui, c'est exactement ce qu'on voyait à Val-d'Or, a vanté son entraîneur Sylvain Favreau. Il est très efficace en échec avant, il est tenace et il veut la rondelle. Il a un lancer exceptionnel, une belle vision du jeu et il est capable de se démarquer avec sa vitesse.
« Il marque d'un peu toutes les façons. Il est capable de lancer en débordant un défenseur par l'extérieur. Il est vraiment efficace devant le filet en avantage numérique et il sait se faire oublier dans l'enclave. Avec la touche et la finition qu'il a, ses buts viennent de partout. »
Après des années de dur labeur, marquées par quelques déceptions, Doucet est ainsi parvenu à convaincre une équipe de la LNH de lui donner sa chance. Pas mal pour un joueur qui n'a pas joué dans le midget AAA à 15 ans et qui a disputé sa première saison dans les rangs juniors majeurs à 17 ans.
« Je ne l'ai pas toujours eu facile, a-t-il souligné. J'ai mangé mon pain noir, j'ai eu des doutes, mais j'ai continué de travailler. Je me demandais cet été si j'avais une chance chez les pros, mais j'ai toujours cru en moi. Ç'a été une motivation. Il n'y a rien de fait encore, reste que c'est un pas dans la bonne direction. »
« Il a eu un parcours différent, mais ça importe peu maintenant, a renchéri Favreau. On le dit souvent à nos joueurs : l'important ce n'est pas où tu commences, mais où tu finis. C'est tout à son honneur. »
Le patineur de 6 pieds et 187 livres avait montré des signes avant-coureurs de son éclosion, l'an dernier, en marquant 33 buts et 75 points en 68 matchs avec les Foreurs. Rien d'équivalent à ce qu'il parvient à faire cette saison, même si le principal intéressé avait confiance en ses moyens.
« Je comprends mieux la game, je me positionne mieux, a-t-il évoqué. J'ai toujours eu la touche, mais je suis plus fort et plus rapide. C'est aussi une question d'opportunités. Le hockey, c'est une question de confiance. Quand tu joues plus, tu joues mieux. Tout ça mis ensemble fait en sorte que le déclic s'est fait. »
Maintenant que la question de son avenir à moyen terme est réglée, Doucet peut se concentrer entièrement sur le dernier droit de la saison régulière et les séries à venir. Il aura dans sa mire le championnat des buteurs et le trophée Gilles-Courteau, qui lui a échappé en 2021 avec les Foreurs.
Les Mooseheads (40-9-7) occupent présentement le deuxième rang du classement général, six points derrière les Remparts de Québec, avec un match de plus à disputer.
« Veux, veux pas, j'y pensais toujours un peu, a-t-il conclu. C'est ma vie aussi, et c'est difficile de ne pas savoir ce qui va arriver. C'est un stress en moins et je peux me tourner vers la fin de la saison et les séries. Je sais qu'on a l'équipe pour gagner le championnat. »
Photo: Trevor MacMillan/LHJMQ