Il effectue un tir. Un son percutant retentit dans tout l'aréna. Il adore ce qu'il entend. Il s'élance de nouveau. Puis recommence.
« Qu'est-ce que tu fais là? », crie le responsable de l'aréna, Ti-Paul Meloche. « Il est six heures du matin! Comment as-tu fait pour entrer? »
«J'ai passé à travers le mur », explique Lafleur.
« Ah, parce qu'en plus, tu passes à travers les murs! », réplique Meloche, vêtu d'un pyjama.
Meloche convient d'une entente avec Lafleur. Il ne fixera pas les planches chambranlantes tant et aussi longtemps que Lafleur gardera le secret et qu'il limitera le bruit qu'il fait sur la glace.
Mais ce n'est pas une entente pro-boni. Pour chaque heure passée sur la patinoire, Lafleur doit faire une heure de travail à l'aréna.
La plupart des amateurs de hockey ont au moins une histoire à raconter au sujet de Lafleur, que ce soit une interaction qu'ils ont eue, un souvenir d'une coupe Stanley ou un récit valsant avec la mythologie ayant pour but de faire perdurer sa mémoire génération après génération.
Véritable légende, Lafleur aura eu sur la grande famille des Canadiens et le monde du hockey un impact dépassant largement ses prouesses sur la glace.
« J'ai eu de la chance », a reconnu le propriétaire des Canadiens, Geoff Molson. « J'ai pu le voir dès le tout début. J'ai pu le voir jouer quand j'étais enfant. Je le regardais avec admiration, et je n'arrivais pas à croire à quel point j'étais privilégié de pouvoir parler au meilleur joueur de hockey au monde à cette époque.
« C'est un gagnant. C'est quelqu'un qui était complètement dévoué à être la meilleure version possible de lui-même chaque jour. »
Lafleur, qui portait le numéro 4 sur son chandail en guise d'hommage à l'exceptionnel Jean Béliveau avant de débarquer à Montréal, s'est en fait déjà fait offrir le numéro par l'ancien capitaine légendaire des Canadiens lui-même.
Mais Béliveau, toujours empreint d'une grande sagesse, s'était ravisé.