Smith Montembeault badge Chaumont

MONTRÉAL – Martin St-Louis avait décanté un peu plus longtemps qu’en temps normal avant de se présenter au podium pour répondre aux classiques questions des médias. Ce pas de recul lui permettait d’analyser ce revers de 7-2 contre les Rangers de New York sans trop grincer des dents.

« J’aimerais avoir une réponse pour savoir comment je vais gérer le prochain jour. Oui, je suis très déçu du résultat, a dit St-Louis. Mais je retournerai à la maison, je regarderai le match et j’aurai un plan demain. Il n’y a rien qu’on peut faire pour ce soir. Le match est fini. Il faut penser à la prochaine étape. Maintenant, il faut penser à réparer des erreurs. Nous nous sommes endormis sur un dégagement. Je sais que nous en parlerons de ce jeu, mais il y a d’autres endroits où nous devons mieux jouer. »

Sur le deuxième but du match, celui de Jonny Brodzinski, il y a eu une confusion entre Logan Mailloux, Jayden Struble et Samuel Montembeault. Les trois joueurs du CH s’attendaient à un dégagement refusé, mais il n’y a jamais eu de coup de sifflet. Et les Rangers en ont profité pour marquer un but facile.

C’était un mauvais jeu dans une soirée où il y en a eu plusieurs. Pour une autre fois en ce début de saison, le Tricolore a connu un autre faux départ en accordant quatre buts en un peu plus de onze minutes en première période.

Les Ken Dryden, Serge Savard, Yvan Cournoyer, Yvon Lambert et les autres membres de la dynastie des années 1970 venaient tout juste de quitter la glace et le CH se retrouvait déjà au tapis. Une situation qu’ils n’ont pas souvent vécue à leur époque. Mais à leur époque, on ne parlait pas d’une reconstruction à Montréal.

« C’est difficile de gagner un match quand tu donnes un field goal (placement) avant le premier temps d’arrêt pour la télévision » a imagé St-Louis en faisant une allusion au football.

Mika Zibanejad, Brodzinski et Reilly Smith ont tour à tour déjoué Montembeault avant qu’on sorte les pelles une première fois sur la patinoire du Centre Bell. Et au retour de la première pause publicitaire, Filip Chytil a chassé Montembeault du match en inscrivant le quatrième but des visiteurs.

En matinée, St-Louis avait fait une petite sortie sur l’utilisation des statistiques avancées (datas) pour illustrer le lent début de saison de son équipe. À ses yeux, une telle analyse, après six rencontres, était trop hâtive pour réellement décortiquer le jeu des siens. Dans le ratio des tentatives de tirs (Corsi) à cinq contre cinq, le CH se retrouvait au 32e rang de la LNH à 39,86%. Et c’était la même histoire pour les buts attendus (37,54%) à cinq contre cinq avec un autre 32e et dernier rang du circuit.

Face aux Rangers, les chiffres n’étaient toujours pas avantageux. Selon le site naturalstattrick, le CH a terminé ce match avec un Corsi à 39,62% et un indice des buts attendus à 33,93%.

Toujours à sa façon, St-Louis avait indiqué avant le passage des Rangers qu’il jugeait plus le début de saison de son équipe avec le test de ses propres yeux. Pour lui, ce n’est pas aussi sombre qu’on peut le croire. Et il attendra un plus gros échantillon, soit entre 15 à 20 matchs, avant de se tourner davantage vers les statistiques avancées.

Un résultat trompeur

Dans le vestiaire du Tricolore, Nick Suzuki cherchait aussi à garder le moral après ce quatrième match sans victoire (0-3-1). Auteur des deux buts des siens, le capitaine n’avait pas le sentiment que son équipe venait de se faire malmener complètement.

« Je ne trouve pas que ça ressemblait à un résultat final de 7-2, sauf quand tu regardes le tableau indicateur, a noté Suzuki. Mais nous nous sommes encore une fois creusé un trou et nous ne pouvons pas faire ça contre une aussi bonne équipe. Nous étions un peu endormis pour les premières minutes.

« Nous avons accordé un but lors de la première présence, a-t-il continué. Nous avions pourtant obtenu une chance juste avant. Après ce jeu, nous étions un peu plus sur les talons et nous avons fait des erreurs. »

Au sujet des erreurs, Lane Hutson a gaffé en perdant une rondelle sur sa propre ligne bleue contre Smith lors du troisième but.

Rangers vs Canadiens | Résumé 22/10/24

Jake Evans, qui a tenté de réveiller ses coéquipiers avec du jeu robuste, avait une vision un peu différente de celle de son capitaine.

« Il y a des recrues dans cette équipe et d’autres jeunes joueurs, mais il y a aussi plusieurs vétérans, a rappelé Evans. Nous sommes fatigués de perdre et de sortir du portrait des séries rapidement dans une saison. »

Barron sonné

Déjà privé de Kaiden Guhle et de Juraj Slafkovsky, le CH a perdu un autre soldat lors de ce match. Sonné par une mise en échec percutante de Jacob Trouba, Justin Barron a eu besoin de l’aide de Suzuki pour regagner le vestiaire. Le jeune défenseur a quitté la rencontre à mi-chemin en troisième période.

Evans, Suzuki, David Savard et Martin St-Louis ont chacun condamné la mise en échec du robuste défenseur des Rangers, avançant que la tête était le point d’impact. Mike Matheson, qui n’a rien d’un policier, a invité Trouba pour un combat pour venir à la défense de son coéquipier.

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 11:05

C’est le temps que ç’a pris aux Rangers pour s’emparer d’une priorité de quatre buts dans ce match, chassant Samuel Montembeault de la rencontre après qu’il eut fait face à 10 tirs.

Le cirque sans le soleil

St-Louis a admis que son équipe avait eu de la difficulté à contenir « l’attaque circassienne » des Rangers, une attaque qui tourne sans cesse et qui mise sur le mouvement en zone offensive. L’unité de cinq du Tricolore a souvent semblé mêlée comme un jeu de cartes dans sa défensive de zone.

« On s’adapte à la défensive de l’autre équipe, a observé l’entraîneur des Rangers, Peter Laviolette. Il y a beaucoup plus de mouvement dans le jeu maintenant. Les joueurs vont partout. Ça rend les choses plus difficiles à défendre. Ça demande beaucoup d’inversions et de communication. »

À plusieurs reprises, le Tricolore s’est fait prendre pendant de longs moments dans son territoire, incapable de toucher au disque. David Savard (2:04) et Kirby Dach (2:01) en deuxième, ainsi que Cole Caufield (2:18) et Nick Suzuki (3:13) en troisième, ont tous enregistré une présence de plus de deux minutes.

Il s’agit d’une tendance que l’on observe souvent depuis le début de la campagne. St-Louis a souhaité voir ses joueurs être plus agressifs sur les joueurs qu’ils couvrent en défensive, soulignant leur passivité.

Un bon départ… qui finit mal

Aussi absurde que cela puisse paraître quand une équipe accorde quatre buts dans les 12 premières minutes de jeu, St-Louis n’a pas tout à fait tort quand il affirme que les siens ont connu un bon départ. À condition de réduire ça à la première présence du trio de Jake Evans, Josh Anderson et Brendan Gallagher.

Ils ont passé la majorité de leur temps en territoire des Rangers et ont bourdonné avec l’aide du défenseur Lane Hutson. Ce dernier a même failli inscrire le premier but de sa carrière, mais son tir a été bloqué par Jacob Trouba. Les Rangers ont ensuite remonté la glace, et Mika Zibanejad a fait 1-0. Ça donnait vite le ton.

« Du jeu défensif de qualité peut mener à de bonnes chances en attaque, a souligné Laviolette. On savait qu’on aurait des occasions de l’autre côté si nous jouions bien dans notre zone. Le jeu de Trouba a été un exemple parfait en début de match, et c’est exactement ce qui s’est passé. »

Un hommage à la dynastie

Les partisans du Tricolore faisaient mieux de regarder vers le passé que vers le futur en cette soirée plutôt difficile pour l’édition actuelle. Avant la rencontre, l’organisation a rendu hommage aux membres de la dynastie des années 70 qui ont gagné quatre fois la Coupe Stanley entre 1976 et 1979.

Serge Savard et Ken Dryden ont pris la parole au centre de la patinoire pour remercier les partisans après la présentation de 15 membres de ces équipes glorieuses, dont Yvan Cournoyer, Bob Gainey, Yvon Lambert et Mario Tremblay. Ils ont malheureusement ensuite dû assister à la dégelée.

Disons que les défaites de 7-2 étaient plus rares dans ces années-là.

- Avec la collaboration de Guillaume Lepage, journaliste LNH.com