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MONTRÉAL – Les collègues de New York nous avaient prévenus, lundi, alors qu’on faisait le pied de grue dans l’espoir de parler avec Alexis Lafrenière : l’attaquant des Rangers est un bien meilleur client en entrevue qu’il ne l’était à ses premières saisons dans la grande ligue.

Il aura finalement fallu patienter jusqu’à mardi matin pour s’entretenir avec le Québécois de 23 ans, incommodé la veille par une blessure au haut du corps – « rien de grave ». Il est apparu détendu et moins cliché dans ses réponses que ce à quoi il nous a toujours habitués.

Il faut dire que le contexte a changé. Depuis les dernières séries éliminatoires, Lafrenière est devenu le joueur d’impact que les Rangers attendaient de lui en le repêchant au premier rang au total en 2020.

« La clé, c’est de se faire confiance, a-t-il réfléchi, assis à son casier dans le vestiaire des visiteurs au Centre Bell. C’est un long processus. Ce n’est pas tout le monde qui arrive et qui domine en partant. Il faut être patient. Je joue aussi avec (Artemi) Panarin et (Vincent) Trocheck, c’est une autre game. »

Dès les premières semaines de son règne derrière le banc des Rangers, à l’automne dernier, Peter Laviolette a effectivement donné davantage de responsabilités offensives à Lafrenière en lui offrant une promotion sur le top-6 aux côtés de Panarin et de Trocheck – une combinaison qui perdure depuis.

Lafrenière a répondu en récoltant 28 buts et 57 points en 82 matchs, des sommets, avant d’être l’un des meilleurs joueurs de la formation new-yorkaise en séries, amassant huit buts et 14 points en 16 rencontres.

« En séries, on a vu le résultat de la progression que nous avons observée tout au long de la saison, a expliqué Laviolette. On l’a vu bâtir son niveau de confiance de match en match. Quand il est arrivé en séries, il était vraiment dominant. Son trio était très bon. Lui était excellent.

« C’était évident qu’il se sentait à l’aise sur la patinoire. Ça vient avec la confiance. Plus tu en as, plus tu es confortable dans tes souliers. Et ça ajoute une sorte d’attitude (swagger) à ton jeu. »

NYR@PIT: Lafrenière amorce sa saison avec un but magnifique

Le natif de St-Eustache n’a rien perdu de tout ça durant l’été. Il semble en fait avoir repris exactement là où il a laissé, récoltant trois buts et trois aides à ses cinq premiers matchs.

« Il y a quelque chose de différent à son sujet, a souligné son bon ami, le défenseur K’Andre Miller. C’est comme s’il était en mission. C’est le fun de voir ça et d’être témoin de sa progression. »

Les Rangers (4-0-1) tenteront d’ailleurs de demeurer invaincus en temps réglementaire face aux Canadiens mardi. Ils font encore une fois partie des équipes aspirantes, et le fait de compter sur un Lafrenière aussi dominant qu’il l’était dans le junior rend cette attaque d’autant plus redoutable.

« Ça aide de faire de longs parcours en séries », a dit Lafrenière, qui a atteint la finale de l’Association de l’Est deux fois dans les trois dernières saisons. « C’est du bon hockey, et c’est à ce moment de l’année que c’est le plus difficile de bien jouer. L’expérience des dernières années aide beaucoup à te préparer. »

Et la première vague?

Il est évident que Lafrenière ne se plaindra pas de la profondeur offensive des Rangers. Mais d’un point de vue extérieur, on peut se demander à quoi ressembleraient ses statistiques s’il finissait par évoluer sur la première vague du jeu de puissance – un privilège qu’il n’a pas encore obtenu.

Avec l’unité composée de Chris Kreider, Trocheck, Panarin, Mika Zibanejad et Adam Fox qui fonctionne à plein régime (31,3 pour cent), il est difficile pour Laviolette de procéder à un changement.

« On se pose beaucoup de questions à ce sujet, a révélé le pilote. Je comprends qu’il pourrait jouer sur plusieurs premières vagues dans la Ligue. Il est très talentueux. Mais les cinq gars qui sont là effectuent le travail, et ils sont efficaces. Je suis bien au courant des habiletés d’Alexis. »

En attendant que la porte s’ouvre sur la première unité, le principal intéressé n’a rien d’autre à faire que de continuer à produire à forces égales.

« Je n’y pense pas vraiment, a-t-il conclu. C’est correct. Si à un moment donné, je joue sur la première vague, je vais être content. Sinon, je me concentre sur mon jeu à 5-contre-5. »