Montembeault Chaumont5

MONTRÉAL – Le 2 octobre 2021. Pour Samuel Montembeault, cette date restera toujours significative. Elle a changé le cours de sa carrière.

Montembeault sort d’un entraînement d’une soixantaine de minutes avec Nick Suzuki, Cole Caufield, Juraj Slafkovsky, Lane Hutson, Mike Matheson et une poignée d’autres vétérans des Canadiens. Il s’installe dans le salon Hartland-Molson du Centre Bell à quelques heures de la visite des Sénateurs d’Ottawa pour un match préparatoire.

En ce 1er octobre, le gardien de 27 ans profite d’un congé. C’est Cayden Primeau qui bloquera les tirs des Sénateurs.

Dans une entrevue avec les représentants de LNH.com, Montembeault se creuse un peu les méninges quand on lui lance la date du 2 octobre pour ouvrir la conversation. Une fois qu’on précise l’année 2021, son regard s’illumine.

« C’est quand je me fais réclamer au ballottage pour venir ici », a-t-il répliqué.

Trois ans plus tard, cette journée lui a permis de passer d’un gardien qui se bat pour un simple poste avec les Panthers de la Floride à un gardien partant avec l’équipe de son enfance. Mais cette ascension ne s’est pas faite en un claquement de doigts.

« Oui, j’y pense parfois à cette journée du ballottage, a-t-il dit. Ça va vraiment vite. Je joue à Montréal depuis maintenant trois ans complets. Je suis vraiment content. Je garde de bons souvenirs de cette journée, du moment où je reçois l’appel de Marc Bergevin. Je savais que c’était au mois d’octobre 2021, mais je ne me souvenais pas que c’était le 2. Quand j’ai reçu la nouvelle que j’avais été réclamé à Montréal, je sautais de joie. »

Le CH avait réclamé Montembeault comme une sorte de police d’assurance. À cette époque, Bergevin et les hommes de hockey de l’équipe ignoraient encore la gravité de la blessure à Carey Price. Ils entretenaient l’espoir d’un retour pour celui qui tenait cette concession sur ses épaules depuis de nombreuses années.

« Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en arrivant à Montréal. Mais j’étais surtout heureux de partir de là (Floride). Il y avait Sergeï Bobrovsky et Spencer Knight avec les Panthers, a-t-il rappelé. Il n’y avait pas trop de place pour moi. C’était aussi la première saison de Seattle dans la LNH. Pour une raison qui m’échappe, les Panthers partageaient leur équipe-école à Charlotte avec le Kraken. Je devais jouer avec Joey D’accord. Il y avait quatre gardiens avec Charlotte. Au départ, les Panthers parlaient de me prêter au Rocket de Laval. Mais j’ai finalement reçu l’appel du CH qui me prenait au ballottage. »

« Sur le coup, je me disais que j’allais être à Montréal pour un minimum d’un mois en raison du règlement avec le ballottage. Je ne connaissais pas trop les plans des Canadiens, mais je savais que Price avait des problèmes avec son genou. Je ne regardais pas trop loin. Je me disais que si je devais ensuite partir pour Laval que c’était quand même bien aussi. »

MTL@TBL: Montembeault vole le Lightning

Même si son avenir restait nébuleux à cette époque, Montembeault entretenait toujours l’espoir de faire son nid au niveau de la LNH.

« Oui, j’y croyais. Mais je me disais que je pouvais aussi m’établir comme un solide troisième gardien. Je n’avais pas encore l’expérience de la LNH avec juste 25 matchs dans l’uniforme des Panthers. Je n’avais pas joué souvent. C’était la première année que j’avais accès au ballottage et je me suis fait prendre. »

On connaît la suite. Montembeault n’a jamais endossé l’uniforme du Rocket de Laval. Il a partagé le filet avec Jake Allen à ses deux premières saisons et l’an dernier, il s’est retrouvé dans un drôle de ménage à trois avec Allen et Cayden Primeau pour une grande portion de l’hiver.

Aujourd’hui, celui que David Savard a surnommé « Snack » a hérité du titre de numéro un de l’équipe. Il formera encore un tandem avec Primeau cette saison, mais c’est lui qui détient la balance du pouvoir.

À l’aube d’une quatrième saison avec le CH, Montembeault prend encore le temps de savourer le moment. Il obtient toujours un rappel quand il enfile ses jambières avant un match ou un entraînement.

« Chaque fois que je m’habille et que je me lève pour mettre mes épaulettes et mon masque, je vois la photo de Maurice Richard juste devant mon casier, a-t-il affirmé en ne pouvant s’empêcher de rire. C’est un bon joueur à regarder. »

La même pression

Pour cette saison 2024-2025, le CH a comme ambition de se retrouver dans la course pour une participation aux séries. Selon le dicton, on dit que l’équipe désire être dans le mix.

Dans son rôle de numéro un, Montembeault cherchera donc à gagner plus de matchs qu’il le fait depuis ses débuts à Montréal où l’équipe a plongé dans une reconstruction. Calme de nature, le numéro 35 gardera la même approche.

« Non, je ne veux pas trop m’en faire avec ça, a-t-il précisé. Je sais que la pression reste toujours énorme. Mais ça reste une pression de l’extérieur. Comme joueur, on se place déjà assez de pression sur nous-mêmes. Je n’y pense pas. Nous avons une équipe jeune, nous voulons nous améliorer, mais mon travail reste le même. Peu importe l’équipe devant moi, je fais face au même puck et je dois l’arrêter. »

Sur le plan personnel, Montembeault aura comme mission de démontrer qu’il a l’étoffe d’un numéro un pour plusieurs saisons. Il ne s’en fait pas avec ceux qui prédisent que Jacob Fowler, le choix de troisième tour de l’équipe en 2023, représente le gardien d’avenir de l’organisation et que c’est lui qui bloquera les rondelles quand le CH aspirera à des jours plus glorieux.

« Non, je n’y pense pas, a-t-il dit. Au hockey, ça change trop rapidement. Tu ne sais jamais ce qui peut arriver. Même moi, je pourrais arriver ici demain matin et apprendre que je viens de me faire échanger. Ça ne sert à rien d’y penser. Je me concentre juste sur moi-même. »

montembeault entrevue

S’il y a une certitude, c’est qu’il ne souhaite pas perdre son trône facilement.

« Oui, ça peut me piquer (quand on parle de Fowler ou de Jakob Dobes comme les gardiens du futur à Montréal). Je ne veux pas perdre ma place pour un autre et surtout pas ici avec les Canadiens. Je veux rester à Montréal et garder ma place. Je bataillerai pour conserver mon poste. »

Avec un bon début de saison, Montembeault aimerait attirer le regard de Doug Armstrong, le directeur général de l’équipe canadienne pour la Confrontation des 4 nations et les Jeux olympiques.

« Ils annonceront l’équipe au début du mois de décembre, a-t-il répliqué. C’est certain que c’est un objectif. Ce serait assez impressionnant de représenter le pays. Ce tournoi-là c’est pas mal un tournoi préparatoire pour les JO. Ceux qui vont être là vont être aux JO. Il s’agit d’un objectif. Mais j’essaie de ne pas trop y penser, c’est encore loin. »

Le meilleur pâté chinois

Il y a une autre date importante pour Montembeault. C’est celle du 1er décembre 2023, jour où il a paraphé une prolongation de contrat de trois ans et 9,45 millions (3,15 millions en moyenne) avec le CH.

Dans les jours qui ont suivi cette annonce, l’ancien de l’Armada de Blainville-Boisbriand avait raconté une anecdote savoureuse au collègue, Simon-Olivier Lorange de La Presse. Le soir du 1er décembre, il avait mangé un pâté chinois chez ses parents (Mario et Manon) à Sainte-Gertrude, près de Trois-Rivières.

Quand on lui reparle de cette histoire, il éclate de rire.

« Oui, je suis heureux dans une vie simple. C’était un hasard. Nous venions de jouer un match contre les Panthers de la Floride à Montréal (30 novembre 2023). J’ai signé mon contrat après le match. J’avais déjà parlé à mes parents pendant la semaine pour leur dire que ça se discutait. Nous avions une journée de congé au lendemain du match. J’ai choisi de descendre jusqu’à Trois-Rivières pour passer la journée avec mes parents. »

« Ça me représente bien. Je suis une personne très familiale. Je suis proche de mes parents. Quand j’ai la chance, j’aime toujours passer du temps en famille. Ça adonnait que ma mère avait préparé un pâté chinois pour souper. »

C’était un bon pâté chinois.

« C’était la recette classique. Il était vraiment bon. Je mets toujours beaucoup de ketchup. Je le mélange bien comme il faut et je le mange comme un bûcheron. »