carrier chaumont

MONTRÉAL – À 28 ans, Alexandre Carrier a découvert un autre aspect du sport. Jamais échangé dans la LHJMQ ou dans les rangs professionnels, Carrier a finalement découvert cette réalité le 18 décembre au soir.

Choix de quatrième tour (115e) des Predators de Nashville en 2015, Carrier a passé les neuf premières saisons de sa carrière professionnelle au sein de la même organisation. Avant ça, il n’avait porté qu’un seul chandail pendant quatre ans dans la LHJMQ, celui des Olympiques de Gatineau.

Barry Trotz et les Predators ont brisé cette période d’invincibilité en l’échangeant aux Canadiens de Montréal contre un autre défenseur droitier, Justin Barron. La pilule s’avalait plus facilement quand il a compris qu’il poursuivrait sa route avec l’équipe de son enfance.

Un peu moins de 24 heures après son départ de Nashville, Carrier avait un grand sourire dans le visage à sa première mêlée de presse. Il a rencontré les médias dans un hôtel du centre-ville de Detroit où le CH jouera contre les Red Wings vendredi.

« C’était un peu une surprise cette transaction, a dit Carrier aux journalistes présents à Detroit . J’avais parlé à mon agent il y a quelques semaines et il m’avait averti de cette possibilité. Mais l’an dernier, je me retrouvais aussi dans des rumeurs et il n’y avait rien eu. Comme joueur, tu veux ne pas trop y penser. Quand j’ai reçu l’appel, je le savais immédiatement. Je ne savais pas où je partais. En réalisant que je m’en allais à Montréal, je peux dire que ça m’aidait beaucoup. Je suis vraiment excité de rentrer à la maison. »

Quand il a décroché le téléphone pour apprendre la nouvelle, Carrier partageait un repas avec Anthony Beauvillier. Les deux amis devaient jouer l’un contre l’autre jeudi soir alors que les Penguins visitaient les Predators.

« Je l’ai appris vers 20h00 ou 20h20 à l’heure de Nashville, a-t-il continué. Sur le coup, je dirais que c’était un choc. Je n’y croyais pas trop. Je mangeais avec Anthony. Il connaît ce sentiment. Il s’est fait échanger deux fois juste l’an dernier. Il m’a aidé.

« Aujourd’hui, j’ai été chercher ma poche à l’aréna et j’ai salué mes anciens coéquipiers. C’était plus émotif. Je dois tourner la page. J’aurai maintenant la chance de jouer à la maison et au Centre Bell. C’est du positif. »

Carrier l’a dit plus d’une fois. Il voit d’un très bon œil l’occasion de se joindre au Tricolore.

« C’est la fierté des Québécois, a-t-il affirmé. Partout au Québec, les gens suivent les Canadiens. C’est un honneur de pouvoir endosser ce chandail. J’ai joué quatre ans dans la Ligue américaine à Milwaukee. Quand ça n’allait pas bien, je me demandais si j’étais pour réussir. Je pensais qu’on pouvait me donner juste un match au Centre Bell. J’ai joué au Centre Bell pour l’équipe adverse, mais j’aurai maintenant la chance de défendre les couleurs du CH. »

Carrier avait opté pour la stabilité au cours de l’été. Le 1er juillet dernier, il a paraphé un contrat de trois ans et 11,25 millions $ (3,75 millions en moyenne par année) avec les Predators. Techniquement, le petit défenseur de 5 pi 11 po et 174 lb avait attendu l’ouverture du marché des joueurs autonomes avant d’accepter la proposition des Predators. Il avait toutefois expliqué au cours de l’été qu’il avait dit oui à l’offre de Trotz le 29 juin, soit quelques jours avant.

« J’avais parlé avec mon agent (Philippe Lecavalier) de Montréal. Mais je venais de connaître une bonne saison avec les Predators. Au premier tour des séries, je crois que nous aurions pu éliminer les Canucks de Vancouver. Pour moi, c’était un automatisme de retourner à Nashville. Je ne me suis pas rendu au marché des joueurs autonomes. Mais tu penses toujours aux Canadiens quand tu es un Québécois. »

À Montréal, Carrier sortira de l’ombre.

« Je m’attends à faire des épiceries d’une autre façon. Je me ferai reconnaître plus souvent. Je joue dans la LNH depuis quelques années, mais je reste assez méconnu. J’aurai maintenant la chance d’interagir avec les partisans plus souvent. Je regarde le positif. À Nashville, je peux compter sur les doigts d’une main les fois où je me suis fait reconnaître. »

Un rôle à définir

Le CH avait un besoin d’aide du côté droit à la ligne bleue. Il y avait aussi un désir d’ajouter un défenseur d’expérience. Carrier peut cocher les deux cases. Il fera ses débuts avec le CH contre les Red Wings vendredi soir. Il a obtenu le feu vert des médecins pour revenir au jeu, lui qui a manqué les quatre derniers matchs en raison d’une blessure au haut du corps.

À moins d’une surprise, il héritera d’une place au sein du top quatre à la ligne bleue.

« Pour le rôle, je n’ai pas encore pensé à ça. Je n’ai pas encore rencontré Martin (St-Louis), a-t-il précisé aux collègues sur place à Detroit. J’ai toujours suivi les Canadiens, mais je n’ai pas vu plusieurs matchs cette saison. C’est difficile de prédire un rôle. Comme joueur, je suis très compétitif même si je ne suis pas le plus gros. Je suis intelligent, mon sens du jeu est ma force. Je sors aussi bien la rondelle de mon territoire, je bloque des tirs et je suis un gars d’équipe. Je peux aussi jouer en désavantage numérique. »

En 28 matchs cette saison avec les Predators, Carrier a obtenu sept points (un but, six passes). Il jouait en moyenne un peu plus de 20 minutes (20:08). Il se retrouvait au deuxième rang de l’équipe avec 49 tirs bloqués. Son différentiel de -14 était aussi une illustration de la pénible saison des Predators.

« Si tu regardes mes plus et moins, je me retrouve à -14, a-t-il rappelé. À un certain moment, tu arrêtes de regarder. C’est une statistique individuelle, mais le hockey reste un sport collectif. Quand l’équipe va moins bien, c’est toujours plus difficile. J’essayais de garder ça au jour le jour et je restais positif. Après dix matchs, on disait qu’on était pour se replacer. Après 30 matchs, ça devenait plus lourd. »