MONTRÉAL – Il n’a jamais été nécessaire de chercher bien loin pour savoir où se trouvait Samuel Montembeault dans ses jeunes années. Il n’était généralement pas bien loin de tout ce qui impliquait un bâton, une rondelle et un filet.
« J’ai toujours trippé sur le hockey. Dans mon petit village de Sainte-Gertrude, on était trois ou quatre amis et on se retrouvait toujours dans la rue pour jouer ensemble », a raconté le gardien des Canadiens de Montréal avec le sourire aux lèvres, en entrevue avec les représentants de LNH.com.
« J’allais à mon match le matin, j’allais jouer au hockey dehors en revenant. En fin de journée, je rentrais jouer au hockey sur mon GameCube et le soir, je regardais un match de hockey. J’ai toujours aimé ça. »
À LIRE AUSSI : Montembeault, heureux dans la simplicité | CH: Roy, Mailloux, Engström et Dobes à Laval
À cette époque, Montembeault venait à peine de découvrir qu’il aimait être le dernier rempart de son équipe, celui qui se dresse devant les lancers avec les grosses jambières. Alors que la grande majorité de ses coéquipiers souhaitaient remplir le filet adverse, il préférait défendre sa propre cage.
« Quand j’étais au niveau MAHG, on allait dans les buts les uns après les autres, s’est-il remémoré. Chaque fois que quelqu’un ne voulait pas y aller, je levais ma main. L’année suivante, alors que je devais initialement rester à ce niveau, il manquait un gardien dans le novice et on m’a demandé si je voulais y aller. »
C’est ainsi que son histoire a commencé.
Quand il enfilait son équipement – « des vieilles Itech noires avec des étoiles dessus » – Montembeault se prenait pour Roberto Luongo, Henrik Lundqvist ou bien José Théodore.
Le jeune garçon avait six ans lorsque Théo a connu la meilleure saison de sa carrière dans l’uniforme des Canadiens, remportant le trophée Hart et le Vézina, en 2002. C’était un temps où les amateurs montréalais n’avaient pas grand-chose à se mettre sous la dent, si ce n’était des arrêts spectaculaires du numéro 60.
Montembeault était loin de se douter que 22 ans plus tard, après une carrière remplie de hauts et de bas et un parcours qui l’a mené de Boisbriand à la Floride, ce serait à son tour d’occuper le poste le plus en vue dans toute la Ligue nationale.
Un poste qui a fait naître des légendes comme Georges Vézina, Jacques Plante, Ken Dryden, Patrick Roy et Carey Price. Montembeault fera d’ailleurs un clin d’œil au passé en affichant les bannières de Plante, Dryden et Roy sur son nouveau masque. Il songe aussi à en commander un autre orné de gargouilles et des gratte-ciels du centre-ville, comme celui qu’arborait Théodore dans ses belles années.
À 27 ans, bientôt 28, Montembeault est donc bien conscient de l’histoire, de ceux qui l’ont précédé. Et il espère maintenant laisser sa marque, à sa manière.
Le contexte est différent de celui de l’époque, certes. Le Tricolore n’est plus la puissance qu’il était dans les années de Vézina, de Plante, de Dryden ou de Roy. Il est malgré tout possible de gagner le cœur et l’amour du public montréalais, même sans Coupe Stanley. Price l’a fait il n’y a pas si longtemps.
Comme Québécois – le premier depuis Théodore à être numéro un – il part déjà avec une longueur d’avance.
« Je sais que j’ai de gros souliers à chausser, surtout que je viens après Carey Price, a reconnu Montembeault, sans détour. Il y a eu de grands gardiens devant ce filet. Il y a tellement une belle histoire avec les Canadiens. Je suis juste content d’en faire partie. »
Il se doute bien que quelque part au Québec, peut-être même dans les rues de Sainte-Gertrude, un de ses jeunes compatriotes enfile ses jambières en rêvant de devenir le prochain Samuel Montembeault. Après tout, il aura prouvé qu’il est possible d’atteindre le rêve ultime en y croyant et en faisant preuve de persévérance.
« C’est spécial, c’est vraiment le fun, a-t-il évoqué. C’est pour ça que c’est important pour moi de redonner à la communauté. Chaque fois que des partisans viennent nous voir, j’arrête pour les saluer. Ça ne me demande rien, et je peux faire leur journée en retour. Ça me fait toujours plaisir. »
Parce qu’il sait, au fond de lui, l’impact que peut avoir un modèle de réussite sur la prochaine génération.