CONNOR BEDARD SIDE BADGE LEPAGE

MONTRÉAL – Connor Bedard n’aura pas eu droit à un accueil tout à fait triomphal à son premier match en sol canadien, mais la jeune vedette des Blackhawks de Chicago est loin de s’en formaliser.

Hué avec énergie par les amateurs montréalais chaque fois qu’il était en possession de la rondelle – c’est-à-dire assez souvent – l’attaquant de 18 ans a réussi à y prendre un malin plaisir à son premier match au Centre Bell, une défaite de 3-2, samedi.

« L’ambiance était folle et nous savions qu’elle le serait, surtout que c’était l’ouverture locale, a-t-il lancé dans le petit vestiaire des visiteurs. J’ai aimé leur réaction à mon égard. Je n’ai encore rien accompli, ma carrière ne fait que commencer, mais c’était bien de recevoir des huées.

« Je crois que ça rend le match encore plus plaisant à jouer quand la foule est impliquée de la sorte. »

À ses deux premiers matchs, à Pittsburgh et à Boston, Bedard n’avait pas eu droit à cet accueil hostile.

La foule du Centre Bell a cependant l’habitude de tenter d’intimider les meilleurs joueurs adverses avec des stratégies de la sorte. C’est peut-être grâce à elle qu’il est passé bien près d’être blanchi pour la première fois de sa carrière, récoltant une mention d’aide secondaire avec 1:21 à écouler à la rencontre.

« Les partisans de Montréal sont probablement ceux qui connaissent le plus le hockey, a fait valoir l’entraîneur Luke Richardson. Ils veulent simplement aider leur équipe. Je suis certain qu’ils l’encourageaient, l’an dernier, au Mondial junior. Ça fait partie de la game et je crois qu’il s’est amusé avec ça. »

En ce qui a trait au match, Bedard a probablement eu un peu moins de plaisir. Il a une fois de plus été l’attaquant le plus utilisé (22:40) par Richardson, mais n’a pas réussi à toucher la cible malgré ses 12 tentatives de tir et ses 8:01 passées sur la glace avec l’avantage d’un homme.

La cohésion et l’exécution ne sont pas tout à fait à point du côté de Chicago, surtout en supériorité numérique où ils ont été blanchis en huit occasions.

« Quand on a vu que les choses n’allaient pas à notre goût, on s’est mis à se fier sur nos habiletés individuelles plutôt que de tenter de s’aider et de mettre l’accent sur le jeu collectif, a expliqué Tyler Johnson. On essayait peut-être de trop en faire, et quand ça survient, les choses ne vont pas en s’améliorant. »

S’agissait-il d’un message pour son jeune coéquipier, qui attendait son tour de parole juste à côté de lui? Ce n’est pas tout à fait clair. Il est toutefois facile de remarquer que Bedard aime bien prendre les choses en main et ne se gêne pas pour diriger des rondelles au filet.

Du pain sur la planche

Après des années à dominer dans les rangs inférieurs, Bedard a peut-être quelques mauvais plis à corriger et doit apprendre à se servir davantage de ses coéquipiers. Et eux doivent s’habituer à la manière de jouer du jeune surdoué. Tout ce travail ne se fera pas en claquant des doigts.

« Il doit s’habituer au concept d’équipe, et les joueurs doivent s’habituer à travailler en sa compagnie, a conclu Richardson. Il voit très bien le jeu et il a des qualités spéciales avec lesquelles il faut apprendre à travailler. On doit s’assurer qu’il comprenne ça et que tout le monde le comprenne.

« Ça va prendre encore plus de répétitions. Connor a décoché plusieurs tirs ce soir qui ont passé près de la cible, et il n’en rate habituellement pas beaucoup. Quand il lance, il faut que les autres joueurs soient prêts à s’emparer des rondelles libres parce que ça ne rentrera pas toujours. »