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L'ancien attaquant autochtone Gino Odjick, qui a été la coqueluche chez les Canucks de Vancouver dans les années 1990, est décédé à l'âge de 52 ans, dimanche.

Établi à Vancouver depuis sa retraite, Odjick souffrait depuis plusieurs années d'amylose, une forme rare de maladie du sang qui s'attaque aux organes, principalement le coeur. Il en avait fait l'annonce le 26 juin 2014, affirmant à l'époque que la maladie était incurable et qu'il n'en avait possiblement pour peu de temps à vivre.
N'ayant rien à perdre, Odjick s'était tourné vers un traitement expérimental qui avait, miraculeusement, mis la maladie en veilleuse.
En 2020, il avait toutefois indiqué que la maladie était de retour en force et qu'il se soumettrait de nouveau aux traitements expérimentaux.
Odjick a disputé 12 saisons dans la LNH entre les années 1990 et 2002, portant les couleurs de quatre équipes. Après avoir amorcé sa carrière avec les Canucks, il a évolué pour les Islanders de New York, les Flyers de Philadelphie et les Canadiens de Montréal.
En 605 matchs, son plus grand fait d'armes a été de récolter 2567 minutes de pénalités - le 17e total le plus élevé dans l'histoire de la LNH. Il a amassé 137 points, incluant 64 buts.
Il été adulé des partisans de l'équipe parce qu'il campait le rôle de protecteur de l'électrisant Pavel Bure, avec lequel il s'était grandement lié d'amitié. Odjick a d'ailleurs prénommé un de ses nombreux enfants Pavel.
Choix de cinquième ronde (86e au total) des Canucks en 1990, il a connu sa meilleure saison dans l'uniforme à sa quatrième saison à Vancouver en 1993-94, avec 16 buts et 29 points.
Sa participation en finale de la Coupe Stanley cette saison-là ne représente pas sa plus grande source de fierté.
« Je suis surtout fier d'avoir atteint la LNH en venant d'une communauté autochtone », avait-il déjà affirmé en entrevue. « Dans les années 1970, il y avait des tensions entre les non-autochtones et nous. Plusieurs personnes me disaient que j'allais abandonner et retourner dans ma communauté. Ç'a été également spécial d'avoir joué pour les Canadiens, mais j'aurais aimé arriver à Montréal un peu moins amoché. »

Le gaillard de 6 pieds 3 pouces et de 215 livres s'était assagi lors de ses passages avec les trois autres équipes pour lesquelles il a joué.
Odjick a ajouté 142 minutes de pénalités en 44 matchs en séries éliminatoires, ainsi que quatre buts et une passe.
Un fier algonquin
Wayne Gino Odjick naît le 7 septembre 1970 sur la réserve algonquine Kitigan Zibi, près de Maniwaki en Outaouais. Il est le seul garçon d'une famille de six enfants. Initialement prénommé Wayne, il change de prénom pour Gino quand la famille réalise qu'il y a un autre Wayne sur la réserve.
Odjick s'initie au hockey en bas âge, mais ce n'est pas avant l'âge de 11 ans qu'il joint une ligue structurée, dirigée par son père Joe. Il demeure sur la réserve jusque vers l'âge de 15 ans.
Au moment où il envisage d'abandonner le hockey, Odjick obtient un essai avec les Hawks de Hawkesbury, une équipe junior ontarienne de niveau 2. Évoluant à la position de défenseur, le colosse réalise rapidement qu'il n'est pas de calibre et que la seule façon qu'il peut être utile est en jouant les fiers-à-bras comme attaquant. C'est à Hawkesbury qu'on l'affuble du sobriquet « The Algonquin Assassin » (l'Assassin algonquin).
Il dit retirer une satisfaction à s'acquitter de ce rôle de redresseur de torts, qu'il voit comme un exutoire pour toutes les injustices dont son peuple est victime.
Odjick fait sa marque avec ses poings dans la LHJMQ, avec le Titan de Laval. Il fait partie de deux conquêtes de la Coupe du Président de l'équipe en 1989-90 et en 1990-91.
Odjick n'évolue que brièvement dans les ligues mineures, 17 matchs avec les Admirals de Wilwaukee dans la Ligue internationale, avant de faire le saut avec les Canucks en 1991-92.
Il dispute huit saisons à Vancouver jusqu'en 1997-98, avant d'être échangé aux Islanders. Il passe deux saisons ou presque à New York, avant d'être envoyé aux Flyers. Il ne fait que passer à Philadelphie, se retrouvant avec le CH en 2000-01. Son association avec le CH se termine mal au bout de seulement 49 matchs. Il décline une affectation dans la Ligue américaine et l'équipe le suspend en février 2003. Il ne rejoue plus dans la LNH.
À la retraite, il retourne vivre à Vancouver, où il ne rate pas une occasion de partager son héritage à la jeunesse autochtone. Il opère un Club de golf sur la réserve Musqueam, où il habite, en plus de s'acquitter de tâches pour les propriétaires des Canucks, la famille Aquilini. En 2021, il est admis au Panthéon du sport de la Colombie-Britannique.
« Après toutes ces années, les partisans des Canucks ne m'ont pas oublié », disait-il dans le cadre des festivités du 50e anniversaire de l'équipe au début de la saison 2019-20. « Ça fait toujours chaud au coeur de les entendre scander mon prénom quand je participe à des cérémonies sur la glace. »