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En raison de la pandémie de la COVID-19, Paul Stastny et les joueurs de la LNH qui sont toujours en séries éliminatoires sont actuellement isolés dans une bulle. Mais il y a 40 ans, son père Peter et son oncle Anton fuyaient une autre bulle, celle du Bloc de l'Est, afin de goûter à la liberté.

Le 24 août 1980, un coup de tonnerre résonnait sur la scène du hockey mondial. Deux des meilleurs joueurs de la Tchécoslovaquie venaient de faire défection. Ils s'étaient sauvés de leur équipe lors de la Coupe d'Europe, qui se tenait à Innsbruck en Autriche, pour rejoindre l'ambassade canadienne à Vienne. Le tout avait été organisé par les Nordiques de Québec.
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Le lendemain, les deux joueurs atterrissaient à Montréal et signaient un contrat avec les Nordiques, avant d'être présentés aux journalistes le lendemain. Darina, l'épouse de Peter, les avait accompagnés, elle qui était enceinte de presque neuf mois.
Les deux attaquants ont eu un impact immédiat. Peter a remporté le trophée Calder avec une récolte de 109 points en 77 matchs lors de sa première saison, alors qu'Anton en a amassé 85 en 80 parties. La saison suivante, leur frère aîné Marian les a rejoints. Leur arrivée a changé le visage des Nordiques au même titre que leur propre vie a été chamboulée en découvrant le Québec. C'est dans la Vieille Capitale qu'ils ont fondé leur famille. Paul et son frère Yan ont atteint la Ligue nationale de hockey, et ils ont pu apprendre le français, tout comme leurs deux sœurs.
Le 40e anniversaire de ce passage à l'Ouest est loin d'avoir été oublié dans la famille. Depuis quelques jours, les messages s'échangent au sein de la famille.
« (Peter et Anton) se sont écrit il y a quatre ou cinq jours et se sont souvenus que c'était la date du début du tournoi, a raconté Stastny. J'ai moi aussi écrit à mon père hier pour lui dire que c'était l'anniversaire, mais il m'a dit qu'en fait, c'était le lendemain parce que tout s'était fait tôt le matin (le vol de Vienne à Montréal). »
Questionné sur l'importance que représentait ce moment dans sa famille, Statsny a été invité à répondre en français, qu'il a appris à Québec, mais il n'a pas caché qu'il était un peu rouillé.
« Je vais répondre en anglais parce que je ne veux pas me mettre dans le trouble », a-t-il rigolé.
« Je ne pense pas que tout le monde peut comprendre ce que représente prendre un tel risque et de laisser le reste de ta famille derrière. (Ma mère) était enceinte, et ce qu'ils voulaient pour moi, mon frère et mes deux sœurs, c'est que nous ayons la chance de profiter de la liberté et faire ce que nous voulions. »
Le pari a fonctionné. Peter et Anton ont respectivement disputé 977 et 650 matchs dans la LNH. De la saison 1980-81 à 1992-93, sa dernière complète dans la LNH, Peter a été le deuxième joueur à amasser le plus de points dans la Ligue derrière Wayne Gretzky. Ils ont pavé la voie pour tous les joueurs européens qui allaient faire le saut de l'autre côté de l'Atlantique par la suite.
Quant à ses fils, ils ont été élevés dans le réseau de hockey mineur américain à St. Louis, où Peter a terminé sa carrière avec les Blues. Les deux attaquants ont d'ailleurs représenté les États-Unis sur la scène mondiale, comme l'avait fait leur père avec la Tchécoslovaquie et le Canada.

Yan a disputé 91 parties dans la LNH. Paul, de son côté, en est à sa 14e saison. Tout comme son père, la Coupe Stanley lui a échappé jusqu'à présent, mais les Golden Knights, qui mènent la série de deuxième ronde contre les Canucks de Vancouver 1-0, peuvent se permettre de rêver aux grands honneurs cette saison.
« Leur décision de (faire défection) a porté ses fruits », a souligné Stastny, qui a amassé deux points en sept matchs jusqu'à maintenant. « Chaque jour, je suis reconnaissant qu'ils l'aient fait, et je pense que mon père remercie le ciel que ça ait fonctionné. Vous pouvez poser la question à mon père et à ma mère. C'est la plus importante et la meilleure décision qu'ils pouvaient prendre. »