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MONTRÉAL – Elliot Desnoyers a retenu la leçon : il est difficile de se faire justice à un camp d’entraînement dirigé par John Tortorella lorsqu’on n’est pas au sommet de notre forme.

L’espoir des Flyers de Philadelphie a commis cette erreur, l’an dernier, et a pris les grands moyens pour que ça ne se reproduise pas. Il a modifié son entraînement estival pour retrouver l’explosion et la vitesse qui lui ont fait défaut au cours de la dernière campagne.

« L’année passée, j’avais pris du poids dans le but d’être plus lourd et plus fort dans mes batailles, a expliqué l’attaquant de 22 ans. J’avais perdu en vitesse. C’était ma deuxième année professionnelle, c’était une erreur de ma part et j’ai appris de ça. »

Parce qu’un camp d’entraînement dirigé par Tortorella ne pardonne pas les erreurs de ce genre.

« Vous devriez venir voir ça, a lancé Ian Laperrière, l’entraîneur du club-école des Flyers. Je n’ai jamais vu un camp d’entraînement comme celui-là. C’est du patin à n’en plus finir. Et ça reste dans l’esprit des gars. Ils arrivent encore plus en forme chaque année. Ça contribue à changer la culture du club. »

Au premier jour du camp, le vétéran pilote convie ses ouailles à un cruel test de patin, où ils doivent effectuer huit séries de trois tours et quelques allers-retours d’un bout à l’autre de la patinoire. Dans les jours qui suivent, comme si ce n’était pas assez, chaque entraînement se conclut avec des exercices de patinage.

Au bout de quelques semaines, avec les matchs intraéquipes et les matchs préparatoires, Tortorella peut voir les joueurs qui sont prêts à tout donner, à puiser dans leurs réserves.

« Il n’y a pas une journée facile, a reconnu Desnoyers. On ne se fait pas donner de cadeau. Ça reflète vraiment l’identité qu’il veut donner à l’équipe. Tout le monde goûte à sa médecine, les recrues comme les vétérans. Il faut trouver le moyen de pousser jusqu’à notre limite. Quand la charge de travail diminue, tout semble plus facile. »

« Il veut voir qui sont les joueurs qui continuent de se battre, même si ce n’est qu’un test, a renchéri Laperrière. C’est assez impressionnant. Il prend en note ceux qui lâchent. Il se fout un peu du temps. Il veut voir ceux qui arrêtent de travailler et il fait la même chose dans les matchs. »

Malgré ce que ça exige, Desnoyers n’aurait pas dit non à quelques jours supplémentaires au camp des Flyers. Le natif de Saint-Hyacinthe a toutefois été retranché, jeudi, et se rapportera au camp des Phantoms de Lehigh Valley avec des choses à prouver.

Après une première campagne couronnée de succès, au cours de laquelle il a établi une marque d’équipe pour les buts pour une recrue (23), le choix de cinquième tour en 2020 a vu sa production diminuer à six buts et 22 points en 63 matchs, l’an dernier.

« Je n’étais pas arrivé au camp dans la forme que je voulais et dont j’aurais eu besoin pour me donner une chance, s’est-il souvenu. Je pensais pouvoir me faire une place avec les Flyers, mais j’ai été retranché rapidement. Ça m’a joué dans la tête. Je n’étais pas à la bonne place mentalement. »

Mission : se spécialiser

Laperrière s’attend lui aussi à voir son poulain rebondir après cette saison plus décevante. L’entraîneur québécois a vu des signes encourageants chez Desnoyers dès son arrivée à Philadelphie.

« Il a le pop, il a la même énergie qu’il avait à sa première année avec nous », a-t-il remarqué.

L’objectif de Laperrière sera de faire de Desnoyers un joueur de rôle, un « spécialiste de l’infériorité numérique ». Parce que c’est de cette façon, croit-il, qu’il parviendra un jour à atteindre le plus haut niveau. Et disons que l’ancien attaquant s’y connaît bien dans ce domaine, lui qui a passé 18 saisons à se défoncer sur des trios de soutien.

« Avec toute son expérience, Ian est le coach idéal pour me faire grandir comme joueur, a conclu Desnoyers. La chaise que je dois viser dans la LNH, c’est celle d’un gars capable de jouer en infériorité, de faire de bons jeux offensivement, d’aller chercher la rondelle et de travailler fort. Ce sera mon pain et mon beurre.

« J’ai connu de bonnes saisons au chapitre des statistiques, mais ça n’a jamais été ça mon objectif principal. Je veux seulement jouer de la bonne façon et profiter des occasions qui viennent ensuite. »