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Philipp Grubauer avait l'habitude d'écouter attentivement les vidéocassettes achetées par son père au magasin de hockey local, alors qu'il avait la chance de voir en action les joueurs qu'il admirait : Olie Kolzig, Félix Potvin, Grant Fuhr, Martin Brodeur et Patrick Roy.

« Ces joueurs-là étaient ses idoles », a raconté Peter Grubauer.
Philipp était alors haut comme trois pommes.
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« Ç'a toujours été mon objectif en grandissant », a affirmé Philipp Grubauer. « J'ai regardé plusieurs vidéos de leurs meilleurs moments et je voulais être comme eux. »
Vingt-cinq ans plus tard, le gamin fait désormais 6 pieds 1 pouce et 188 livres, et il est un gardien dont l'impact pourrait un jour égaler celui de ses idoles. Il se prépare d'ailleurs à devenir l'un des visages de la plus récente équipe de la LNH.
Après avoir été finaliste pour l'obtention du trophée Vézina à titre de meilleur gardien de la LNH, la saison dernière, Grubauer a décidé de quitter l'Avalanche du Colorado et de signer un contrat de six ans d'une valeur de 35,4 millions $ avec le Kraken de Seattle, le 28 juillet.
Ç'a été une décision audacieuse et surprenante pour un gardien qui aurait simplement pu demeurer avec une équipe prétendante à la Coupe Stanley plutôt que de choisir une avenue différente.
« Quand le marché des joueurs autonomes s'est ouvert, Seattle a appelé, et ç'a été une décision facile pour moi de rejoindre une toute nouvelle équipe et de marquer l'histoire comme les Golden Knights de Vegas l'ont fait en devenant l'un des premiers joueurs à s'entendre avec cette équipe », a expliqué Grubauer, après avoir signé son contrat.
Il sera le gardien numéro un du Kraken, le joueur sur qui la pression repose, peut-être celui qui sera le plus important pour la nouvelle concession. C'est ce qu'il voulait lorsqu'il était plus jeune, même si lors de ses premières années en Amérique du Nord, il parlait à peine l'anglais. Son objectif est demeuré le même lorsqu'il a été l'auxiliaire des Capitals de Washington et le partant avec l'Avalanche.
« Tu dois te prouver », a-t-il mentionné durant les séries éliminatoires de la Coupe Stanley, avant que l'Avalanche s'incline face aux Golden Knights en six matchs au deuxième tour. « Rien ne va t'être donné. Tu dois te prouver chaque soir. Tu es aussi bon que le dernier match que tu as joué. »
Ç'a toujours été sa mentalité. De l'époque où il n'était qu'un jeune enfant admirant les meilleurs gardiens de l'histoire du hockey jusqu'à aujourd'hui. Grubauer rêvait grand dans sa ville natale de Rosenheim, dans la région de la Bavière en Allemagne, pas très loin de la frontière autrichienne.
« Philipp reproduisait les mouvements des gardiens qu'il voyait dans les vidéocassettes. Il avait 3 ou 4 ans, a s'est remémoré Peter. C'était drôle à voir. Et des années après, de voir ton fils dans la LNH, c'est incroyable. »
C'est maintenant au tour de Grubauer d'être la vedette de ces vidéos, l'idole d'autres jeunes un peu partout.
« Philipp est un modèle au sein de notre équipe », a affirmé Siegfried Harrer, l'entraîneur des gardiens des Star Bulls de Rosenheim. « Pour moi comme entraîneur, c'est très important, car j'aime prendre Philipp en exemple quand il est question de montrer aux jeunes ce qu'ils peuvent accomplir. J'aime aussi présenter des vidéos de lui à l'entraînement. »
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Grubauer était vu comme l'un des éléments clés des succès du Colorado quand il a été acquis dans une transaction avec Washington, en compagnie du défenseur Brooks Orpik et d'un choix de deuxième ronde au Repêchage 2018 de la LNH le 22 juin 2018.
À ce moment-là, l'Avalanche était une équipe dynamique sur le plan offensif, mais son gardien, Semyon Varlamov, avait composé avec des blessures au cours des deux saisons précédentes.
Après avoir partagé la tâche devant le filet lors de ses deux premières campagnes au Colorado - d'abord avec Varlamov en 2018-19, puis avec Pavel Francouz en 2019-20 - Grubauer est devenu l'homme de la situation la saison dernière. Il a conservé un dossier de 30-9-1 avec une moyenne de buts alloués de 1,95 (minimum 25 matchs). Il a également terminé à égalité avec Varlamov au premier rang au chapitre des blanchissages (7) et en sixième place pour le pourcentage d'arrêts (,922).
Le Colorado n'a toutefois jamais atteint ses objectifs en séries éliminatoires avec Grubauer, s'inclinant en deuxième ronde dans chacune de ses trois saisons. En juillet, Grubauer a choisi Seattle après que lui et l'Avalanche eurent été incapables d'en venir à une entente pour un nouveau contrat.
« C'est génial de faire partie de quelque chose de nouveau, de marquer l'histoire en jouant le tout premier match d'une équipe et de tenter de faire ce que Vegas a fait », a affirmé Grubauer après s'être entendu avec le Kraken. « C'est l'objectif. »
Le but, c'est d'imiter Vegas. De faire comme Marc-André Fleury, le gardien qui a eu le dessus sur Grubauer dans la course au trophée Vézina trois ans après avoir conduit les Golden Knights à la Finale de la Coupe Stanley lors de leur saison inaugurale, s'inclinant ultimement contre les Capitals en cinq parties.

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Grubauer était l'auxiliaire de Braden Holtby à Washington, cette saison-là, et il a pu voir de près ce qui pourrait bien être son propre avenir. Un futur et une pression pour lesquels il s'est préparé toute sa vie.
« Il est très, très concentré », a dit sa mère, Susi. « Il est très calme. »
Et c'est l'une des raisons pour lesquelles le Kraken le voulait.
« Il a une bonne tête sur les épaules, une bonne mentalité », a déclaré Devan Dubnyk, qui a agi comme auxiliaire à Grubauer la saison dernière après avoir été acquis dans un échange avec les Sharks de San Jose le 10 avril. « Il a exactement la personnalité que tu recherches chez un joueur qui va sauter sur la glace tous les soirs pour ton équipe. Il ne se laisse pas abattre, peu importe la situation.
« J'aime le fait qu'il a plusieurs atouts, donc il peut effectuer des arrêts acrobatiques si nécessaire, mais il peut aussi être extrêmement calme et technique. J'ai été très impressionné en le regardant aller sur la glace, mais aussi en apprenant à le connaître personnellement. »
Cette mentalité, ce calme et cette capacité à être prêt dans les moments les plus importants, ce n'est rien de nouveau.
Ingo Dieckmann, le directeur administratif des Star Bulls de Rosenheim, se souvient de Grubauer lors d'un match à Kaufbeuren lors de la saison 2007-08, alors qu'il était âgé de 16 ans.
« Notre gardien habituel n'avait pas fait très bonne figure, donc l'entraîneur avait indiqué dans le vestiaire que Philipp allait jouer ce jour-là, s'est remémoré Dieckmann. Philipp a brièvement acquiescé, il a sauté sur la glace et nous avons gagné 2-1. Philipp avait connu un match extraordinaire.
« À ce moment-là, je m'étais dit que nous n'avions rien à perdre à envoyer un jeune de 16 ans devant le filet et que ça pouvait seulement être positif. C'est exactement ce qui s'est produit. »
Il pouvait être à la hauteur des attentes de l'équipe.
D'aussi loin que Grubauer se souvienne, ç'a toujours été son objectif. Il a commencé à assister à des matchs à l'âge de 2 ou 3 ans avec Susi, alors que son père travaillait pour l'équipe locale. Il a enfilé des patins pour la première fois à 4 ans, puis sa passion pour le hockey est devenue évidente.
« À la base, tu ne peux pas avoir comme plan de jouer dans la LNH », a ajouté Peter, encore un peu émerveillé par le parcours de son fils.
C'est devenu plus sérieux entre 13 et 15 ans, alors qu'approchait le Repêchage international 2008 de la Ligue canadienne de hockey (LCH), un événement qui allait changer sa vie. Il est passé de Rosenheim à Belleville, dans la Ligue de hockey de l'Ontario (OHL), où il a eu la chance d'évoluer avec Bjorn Krupp, le fils de l'ancien défenseur de la LNH Uwe Krupp.
« Il était très spectaculaire à l'époque. Il dégageait des rondelles au vol avec son bouclier en infériorité numérique, s'est rappelé Krupp. Ça m'a marqué. »
Krupp a facilité l'adaptation de Grubauer au hockey nord-américain, parlant au jeune gardien en allemand, passant du temps avec lui et apprenant à connaître sa personnalité.
« Il est un gars très discret, a dit Krupp. Ça se voit par sa façon de jouer. Il est très calme et ça reflète sa personnalité. Il travaillait comme un forcené. Il avait un objectif et il était déterminé. »
Cet objectif n'a pas changé.
À Rosenheim, au ROFA-Stadion, là où les Star Bulls jouent, la section VIP a récemment été refaite. Des photos de Grubauer y sont accrochées, un hommage au joueur qui a toujours voulu faire partie des meilleurs. On le voit notamment porter la culotte à bretelles typique de la Bavière avec la Coupe Stanley dans les mains, une photo qui date de sa journée avec le trophée en 2018.
« Je suis fier de lui et de ce qu'il a accompli, a dit Krupp. Surtout pour un joueur allemand.
« Avec Leon Draisaitl qui est un joueur dominant, le hockey se développe et ça montre aux jeunes qu'il y a de l'espoir pour les plus petits pays au hockey. Il y a de plus en plus de jeunes qui jouent maintenant, et avoir un gardien en plus d'un attaquant, ça démontre que quand tu mets tous tes efforts sur quelque chose, tu peux réaliser ton rêve, peu importe d'où tu viens. »
En Allemagne, on espère qu'il sera un jour de retour avec la Coupe, remportée avec le Kraken. Ce serait l'occasion parfaite pour un autre hommage, une autre célébration, un autre moment qui permettrait à Grubauer de s'insérer parmi les grands qu'il a si longtemps admirés.
\Avec la contribution du correspondant indépendant NHL.com/de Stefan Herget.*