Jacob Gaucher badge Duhamel

Il n’est jamais trop tard pour faire bonne impression. À 23 ans, Jacob Gaucher s'est déniché un premier contrat de la LNH avec les Flyers de Philadelphie, jeudi, grâce à son brillant début de saison.

Ignoré au repêchage, l’attaquant longueuillois a gravi les échelons dans les dernières années, au travers des essais professionnels et des contrats de la Ligue américaine (LAH). Le voilà maintenant avec un contrat de deux ans de la LNH.

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« C’est un sentiment incroyable de signer son premier contrat de la LNH sans même avoir été repêché. J’ai travaillé fort pour le mériter », a soutenu Gaucher en entrevue avec LNH.com, vendredi. « Le contrat est une étape dans le chemin et non la destination finale, mais je suis content de la progression. »

Dans l’organisation des Flyers pour une troisième saison, Gaucher est passé des Royals de Reading (ECHL) aux Phantoms de Lehigh Valley pour y jouer le rôle de 13e attaquant la saison dernière. Un an plus tard, il est le meilleur buteur de l’équipe – il a trouvé le fond du filet 10 fois en 24 matchs cet automne. Il a égalé son total de 16 points de la dernière campagne en 35 rencontres de moins.

« L’histoire de Jacob est assez unique », souligne le Montréalais Ian Laperrière, entraîneur-chef des Phantoms. « Plusieurs joueurs de 23 ans sont déjà repêchés. Ils ne sont pas à leur apogée à cet âge, mais ils ne s’améliorent pas au même rythme que Jacob l’a fait. Je n’ai pas vu ça souvent, des gars qui ont connu une telle amélioration à 23 ans.

« L’an passé, il était mon cinquième centre et il ne jouait pas beaucoup – voire ‘’pas pantoute’’. Mais cet été, deux de nos centres ont quitté l’équipe. Il a vu l’opportunité qui s’offrait à lui, il l’a prise et cette saison, il est notre meilleur buteur. Je suis vraiment impressionné. »

Gaucher refuse de parler d’un déclic lorsqu’on compare ses deux premières saisons dans la LAH, diamétralement opposées sur le plan statistique. Un simple constat lui a permis de changer sa manière de jouer.

« Je me suis toujours caractérisé comme un joueur responsable dans les deux sens de la patinoire. L’an passé, je me suis beaucoup concentré sur mon jeu défensif. Cette année, j’ai remarqué que je pouvais inscrire des points au tableau sans délaisser mes responsabilités dans mon territoire. Et j’ai également tiré profit des nouveaux rôles que j’occupe en avantage numérique et à 5-contre-5 », explique-t-il.

S’il tient à ce que ses forces ne se fassent pas de l’ombre, c’est parce qu’il mise davantage sur son brio défensif que sur son talent de marqueur pour obtenir un rappel des Flyers. Un rappel qui devient maintenant possible avec le contrat qu’il a paraphé jeudi.

« L’efficacité aux mises en jeu, être capable de bien jouer défensivement, bien faire en infériorité numérique… Ce sont des choses que les équipes recherchent chez les joueurs de profondeur et qui peuvent sans doute m’aider à passer au prochain niveau », croit-il.

La filière québécoise

Le Québec est bien représenté à Lehigh Valley. En plus de Gaucher, Anthony Richard, Elliot Desnoyers, Xavier Bernard et Alexis Gendron évoluent pour les Phantoms. Le petit groupe du fleurdelisé est dirigé par Laperrière.

« J’ai déjà joué avec Elliot et Xavier, puis j’ai rencontré Alexis et Anthony ici, à Lehigh Valley, indique Gaucher. On a les mêmes origines, on parle la même langue… On est devenus des chums assez vite! »

« On est des petites grenouilles qui se promènent dans le vestiaire », image quant à lui Laperrière.

Dans la Ligue américaine, seuls le Rocket de Laval (10) et le Crunch de Syracuse (6) ont misé sur davantage de francophones dans leur formation cette saison.

L’université pour combler le temps libre

À 16 ans, alors qu’il évoluait encore au niveau M18 AAA – à l’époque midget AAA – Gaucher commençait déjà son parcours universitaire avec deux cours à distance. Sept ans plus tard, il poursuit la même routine. Même s’il est athlète à temps plein, l’attaquant trouve le temps de s’adonner à des cours d’investissement immobilier dans le cadre de son baccalauréat en administration des affaires à l’Université Laval.

« L’après-midi, on a du temps libre. Ça m’occupe quand même, décrit-il humblement. Je mets tous les efforts possibles sur le hockey, mais quand j’ai du temps libre, je prépare mon après-carrière. »

« "Gauch" est vraiment un gars posé et intelligent, renchérit Laperrière. Il arrive dans le bureau des entraîneurs avec ses examens, et notre adjoint les faxe à l’Université Laval. Je n’ai jamais vu ça! »

Et lorsqu’il lui reste quelques minutes dans sa journée, Jacob prend des nouvelles de son frère Nathan, qui vit la même aventure que lui à l’autre bout du pays. Nathan Gaucher est un espoir des Ducks d’Anaheim – un choix de premier tour de l’équipe en 2022. De deux ans le cadet de Jacob, il dispute lui aussi sa deuxième saison dans la LAH, mais avec les Gulls de San Diego.

« On vit des moments semblables, assure Jacob. C’est une bonne adaptation de passer en LAH. C’est une très bonne ligue. Malheureusement, il est difficile pour moi de regarder les matchs sur la côte ouest, mais on essaie quand même, lui, moi et notre père (Yannick, directeur général des Huskies de Rouyn-Noranda dans la LHJMQ) de se donner de la rétroaction. »