Doug Wilson ne s'en fait pas avec le fait d'avoir dû attendre sa 24e année d'admissibilité avant d'être intronisé au Temple de la renommée du hockey. Donc patienter un an de plus lorsque la cérémonie d'intronisation a été reportée en raison de la pandémie ne l'a pas importuné non plus.
L'attente avant l'intronisation au Temple aura valu la peine pour Wilson
Le gagnant du trophée Norris avec les Blackhawks et actuel DG des Sharks est honoré à sa 24e année d'admissibilité
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Le grand jour est lundi pour Wilson, qui sera intronisé au Temple de la renommée en compagnie de Jarome Iginla, Marian Hossa, Kevin Lowe, Kim St-Pierre et Ken Holland.
« Jouer dans cette ligue a été un énorme privilège, donc qu'une chose pareille m'arrive dépasse mes rêves les plus fous, a affirmé Wilson. Je me considère comme chanceux d'avoir pu jouer dans cette ligue avec les joueurs que j'ai côtoyés et d'avoir vécu autant d'expériences. C'est de cette façon que je voyais le hockey et mon parcours. »
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Wilson, directeur général des Sharks de San Jose depuis 2003, n'a pas pris le chemin le plus court jusqu'au Temple de la renommée à la suite de sa carrière de 16 saisons dans la LNH avec les Blackhawks de Chicago et les Sharks. Reconnu pour son tir puissant, ses passes précises en sortie de zone et son intelligence - et également pour avoir été l'un des derniers joueurs à jouer sans casque avant de prendre sa retraite en 1993 - Wilson est 12e dans l'histoire de la LNH parmi les défenseurs avec 237 buts, 15e avec 827 points et 18e avec 590 passes en 1024 matchs de saison régulière.
Wilson, qui a passé 14 saisons avec les Blackhawks, détient les records de l'équipe chez les défenseurs pour les buts (225), les mentions d'aide (554) et les points (779). Il a atteint le plateau des 60 points dans une saison à sept reprises, établissant un sommet en carrière dans la LNH de 85 points (39 buts, 46 aides) en 76 rencontres en 1981-82, quand il a remporté le trophée Norris à titre de meilleur défenseur de la Ligue.
Ses 39 filets cette saison-là demeurent le quatrième plus haut total par un défenseur dans l'histoire de la LNH, derrière Paul Coffey (48 en 1985-86; 40 en 1983-84) et Bobby Orr (46 en 1974-75).
« J'étais dans l'équipe quand "Willie" a marqué 39 buts », s'est remémoré l'entraîneur des Flames de Calgary Darryl Sutter, un attaquant ayant évolué avec Chicago pendant huit campagnes. « Je me rappelle que j'allais devant le filet en sachant exactement où il allait tirer. Son intelligence était remarquable. Il savait lire le jeu.
« S'il jouait dans le hockey d'aujourd'hui, avec les chiffres qu'il avait à l'époque, je pense qu'il afficherait des statistiques encore plus impressionnantes. »
Cela dit, Wilson avait plus à offrir que simplement de l'offensive. Sa capacité à lire le jeu l'aidait aussi défensivement.
« Il avait une vision extraordinaire », a noté son partenaire de longue date en défensive, Bob Murray, l'actuel DG des Ducks d'Anaheim. « Il avait une bonne vision offensivement sur le jeu de puissance, mais nous étions également capables d'écouler des pénalités. Il était un joueur complet. Il n'y avait aucune faiblesse dans son jeu. »
Sutter a souligné que Wilson a joué avant que l'on commence à comptabiliser le temps de jeu, mais il avait l'habitude de jouer beaucoup de minutes, souvent contre le meilleur trio de l'adversaire.
« Je parie qu'il jouait beaucoup plus que 20 minutes par match, a dit Sutter. Aujourd'hui, on calcule le temps de jeu à forces égales, et il jouait à 5-contre-5 face aux meilleurs joueurs de toutes les équipes. Il fallait qu'il soit un excellent joueur pour faire ça. »
Wilson a été sélectionné sur la première équipe d'étoiles de la LNH en 1981-82 et sur la deuxième équipe d'étoiles en 1984-85 et 1989-90. Il a pris part au Match des étoiles de la LNH à sept reprises, incluant en 1992 comme premier représentant de l'équipe d'expansion des Sharks.
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Mais durant toute sa carrière, il s'est retrouvé dans l'ombre de Coffey, trois fois gagnant du trophée Norris, et de Raymond Bourque, qui a remporté l'honneur du meilleur défenseur à cinq reprises.
Coffey et les Oilers d'Edmonton, qui ont remporté la Coupe Stanley cinq fois en sept saisons entre 1984 et 1990, ont souvent représenté un obstacle pour Wilson et Chicago. Les Blackhawks ont terminé au premier rang de leur section sept fois et ils ont atteint la finale de l'Association Campbell à cinq reprises durant les 14 campagnes de Wilson, mais ils n'ont jamais pu aller plus loin, s'inclinant contre les Oilers en 1983, 1985 et 1990, face aux Canucks de Vancouver en 1982 et contre les Flames en 1989.
« Paul Coffey est l'un des plus grands joueurs de l'histoire, et nous avons affronté les Oilers à plusieurs reprises », s'est remémoré Denis Savard, un coéquipier de Wilson chez les Blackhawks qui a été intronisé au Temple de la renommée en 2000. « Wayne Gretzky et Mark Messier jouaient là-bas, et quand tu analyses leur défensive avec Coffey dans leur camp et "Willie" dans le nôtre, je ne crois pas que la différence était très grande.
« Si Paul Coffey avait joué avec nous, il aurait eu une grande carrière, et si "Willie" avait évolué avec eux, il aurait eu une grande carrière également, avec quelques championnats. Je suis convaincu de ça. »
Murray croit que l'absence d'une conquête de la Coupe Stanley sur le tableau de chasse de Wilson a peut-être eu un impact négatif sur sa candidature pour entrer au Temple, et son humilité aussi. Malgré sa production offensive, Wilson n'était pas le joueur le plus électrisant sur la patinoire.
« Il était de toute évidence un excellent joueur, mais il n'avait pas besoin d'attention comme certains autres, et c'est ce qui a fait en sorte qu'il n'est pas entré au Temple rapidement, a expliqué Murray. Il y a aussi le fait que durant toutes ces années à Chicago, nous formions une excellente équipe, mais malheureusement, il y en avait une encore meilleure à Edmonton, et nous n'arrivions pas à la vaincre. »
Ayant grandi à Ottawa, Wilson avait un modèle dans sa propre maison en la personne de son frère plus âgé, Murray Wilson, un attaquant qui a remporté la Coupe Stanley quatre fois (1973, 1976 à 1978) durant ses six saisons avec les Canadiens de Montréal avant de disputer une campagne avec les Kings de Los Angeles et de prendre sa retraite en 1979. Wilson a suivi les traces de son frère en jouant trois saisons dans les rangs juniors avec Ottawa dans la Ligue junior majeur de l'Ontario sous les ordres du légendaire Brian Kilrea, qui a été intronisé au Temple de la renommée dans la catégorie des bâtisseurs en 2003.
Après avoir été sélectionné par Chicago avec le sixième choix au total du repêchage de 1977, Wilson a récolté 34 points (14 buts, 20 passes) en 77 matchs de saison régulière en tant que recrue à l'âge de 20 ans en 1977-78. Puisqu'il était un jeune défenseur offensif, Wilson s'inspirait d'Orr, qui a gagné huit fois le trophée Norris avec les Bruins de Boston. Il aura eu la chance d'être son coéquipier avec les Blackhawks pendant six rencontres lors de la saison 1978-79, avant que des blessures poussent Orr vers la retraite.
Parmi les autres influences de Wilson au début de sa carrière, il y a le défenseur Keith Magnuson, le joueur de centre Stan Mikita et le gardien Tony Esposito.
« Bobby Orr a changé le hockey, et j'ai pu voir les coulisses des Canadiens de Montréal grâce à mon frère, a raconté Wilson. C'était spécial de voir à quel point il s'agissait d'une grande organisation. Il y a ensuite les joueurs que j'ai côtoyés à Chicago : les Mikita, Magnuson et Esposito. Ils partageaient avec moi leur sagesse et leurs expériences de vie. Les plus grands joueurs de notre sport étaient des personnes très spéciales par leur façon de se comporter. »
Wilson a tenté de les imiter. Après qu'Esposito eut pris sa retraite en 1984, Wilson et son épouse Kathy ont pris la relève d'Esposito en organisation beaucoup d'activités familiales d'équipe à l'extérieur de la patinoire.
Wilson a poursuivi après avoir été échangé aux Sharks le 6 septembre 1991 et avoir été choisi comme premier capitaine. Même si San Jose a gagné peu de parties pendant les deux saisons de Wilson là-bas (17-58-5 en 1991-92; 11-71-2 en 1992-93), il a contribué à instaurer une culture au sein de l'organisation.
« L'équipe passait en premier pour lui. Il se souciait réellement de ses coéquipiers », a affirmé l'entraîneur du Wild du Minnesota Dean Evason, un attaquant des Sharks lors de leurs deux premières saisons. « Avec l'expansion à San Jose, nous étions les laissés-pour-compte de partout à travers la Ligue. Ce n'était pas comme aujourd'hui, alors que les équipes d'expansion peuvent mettre la main sur des joueurs de premier plan. Doug savait que si nous voulions avoir du succès, nous devions former un groupe tissé serré.
« Même si nous n'avons pas connu beaucoup de succès lors des deux premières années, notre groupe était uni en raison de ses qualités de leadership. »
Wilson ne s'attendait pas à devenir DG des Sharks, mais avoir fait partie de l'organisation à ses balbutiements lui offre une belle perspective quant au chemin parcouru par l'équipe.
« Nous étions tous dans le même bateau, a dit Wilson. Nous avions un propriétaire extraordinaire, M. George Gund, qui était en amour avec le hockey et la communauté. Nous représentions l'équipe et tout le monde au sein de l'organisation - nous, les Kelly Kisio, Dean Evason, Rob Zettler, Perry Berezan et Mike Sullivan. Nous comprenions l'importance de redonner, de tisser des liens avec les partisans et de travailler fort sur la glace.
« Nous n'avions peut-être pas tout le talent du monde, mais je pense que nous pouvons nous attribuer du mérite pour avoir contribué à développer le hockey là-bas et pour avoir créé une relation avec les partisans. »
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Wilson tient également à souligner les efforts de son épouse. Après que Wilson eut accepté de lever sa clause de non-échange dans son contrat afin d'être échangé aux Sharks, Kathy a eu une bonne partie de lourde tâche d'installer toute la petite famille à San Jose, incluant leurs filles Lacey et Chelsea ainsi que leurs fils Doug et Charlie.
« Les enfants étaient tellement jeunes et mon épouse a été extraordinaire, a mentionné Wilson. Je devais me joindre à une nouvelle équipe, et de son côté, elle arrivait dans une ville qu'elle ne connaissait pas. Sa capacité à s'adapter a été remarquable. »
Et donc, quand le président du Temple de la renommée du hockey Lanny McDonald a appelé Wilson pour l'informer qu'il était admis, ce dernier voulait absolument que Kathy soit au téléphone avec lui.
« Je voulais qu'elle l'entende parce que sans elle, rien de tout ça ne se serait produit », a lancé Wilson.
Wilson a souligné que le fait que l'appel du Temple soit survenu à sa 24e année d'admissibilité est peut-être un signe du destin. Il a porté le numéro 24 durant toute sa carrière dans la LNH.
« C'est drôle, a-t-il dit. Je pense même que j'ai reçu l'appel le 24 juin. »
S'il y a une chose qui déçoit Wilson du fait que la cérémonie d'intronisation a été retardée d'un an, c'est qu'elle ne pourra se faire en présence d'Esposito. Ce dernier est décédé le 10 août dernier d'un cancer du pancréas.
Wilson a au moins pu remercier Esposito par téléphone. Mikita est décédé en 2018, donc Wilson a pris le temps d'appeler sa famille pour exprimer toute sa gratitude.
« J'ai eu la chance de remercier beaucoup de gens. C'est l'une des choses que ce long délai m'a permis de faire, a dit Wilson. Plusieurs personnes ont été présentes à des moments importants de ma vie, mais j'ai aussi pu partager ce que ces personnes signifiaient pour moi. C'est ce qui fait ressortir les émotions, les gens qui étaient à tes côtés durant ton parcours. »