Notre chroniqueur Anthony Marcotte nous parle de l'actualité chez le Rocket de Laval ainsi que dans l'ensemble de la Ligue américaine de hockey (LAH). Il permettra aux partisans de suivre assidûment ce qui se passe dans l'antichambre de la meilleure ligue de hockey au monde.
La saison de la Ligue américaine est encore bien jeune, mais les chiffres des gardiens du Rocket de Laval font peur. Disons qu’ils ne connaissent pas le départ souhaité. Jakub Dobes (fiche de 1-1, moyenne de 5,62 et pourcentage d’arrêts de ,833) et Strauss Mann (fiche de 0-2-1, moyenne de 4.55 et pourcentage d’arrêts de ,858) se partagent le travail présentement et ça ne va pas tellement bien. Dobes est le seul à avoir soutiré une victoire lors des cinq premières sorties de l’équipe, une victoire de 8-4 sur Rochester vendredi dernier.
En Dobes et Mann, les Lavallois se retrouvent avec deux jeunes gardiens inexpérimentés qui n’avaient que 20 matchs d’expérience à eux deux dans la Ligue américaine avant que la saison commence. Déjà dans les coursives de la Place Bell, l’inquiétude est palpable sur la précarité de la situation devant le filet.
N'allez cependant pas croire que le jeune Dobes, fraîchement sorti des rangs universitaires américains chez les Buckeyes d’Ohio State, a la mine abattue par la tournure des événements. En fait, c’est tout le contraire.
Rencontré devant son casier mardi matin à Laval, le longiligne gardien tchèque ne se dit pas inquiet de ce cahoteux début de carrière chez les professionnels. Il faut dire que la brigade défensive s’avère particulièrement permissive, ce qui n’aide pas la cause de ceux qui sont payés pour arrêter les rondelles.
Le Rocket a concédé 25 buts jusqu’à maintenant cette saison et occupe le dernier rang du circuit à ce chapitre.
« Pour l’instant, je ne suis pas capable vraiment d’expliquer ce qui se passe [collectivement], mais on doit se concentrer d’abord à aller chercher les victoires, a-t-il d’abord souligné. Le nombre de buts qu’on accorde importe peu; l’objectif est de gagner des matchs. Tout le monde doit être plus concentré afin de garder le pointage le plus bas possible. »
On apprend tranquillement à découvrir ce modeste choix de cinquième tour des Canadiens au repêchage de 2020. L’équipe n’a pas tardé à lui offrir un contrat d’entrée dès qu’elle en a eu l’occasion après deux saisons impressionnantes de 21 victoires à Ohio State. Il devient, ni plus ni moins, le prochain projet de développement qui passera par Laval après quatre saisons quasi complètes de Cayden Primeau dans le club-école.
L’entraîneur lavallois Jean-François Houle n’a pas hésité à comparer les situations des deux gardiens à leur arrivée avec l’équipe. Comme Primeau en 2019, Dobes n’a été utilisé ni en fin de saison dernière ni en séries éliminatoires, au printemps. La saison suivante, Primeau s’était retrouvé à partager le filet avec le jeune vétéran Charlie Lindgren et un autre jeune loup, Michael McNiven. La porte s’était ouverte pour Primeau, mais il n’avait pris part qu’à 33 des 62 parties de l’équipe cette année-là.
« C’est sûr qu’on se prépare à lui donner plus de matchs, mais il faut qu’il soit prêt pour ça, a tempéré Houle. Le jeune, peut-être que lui il en veut, des matchs, mais il n’est peut-être pas prêt mentalement et physiquement pour ça. On va y aller progressivement dans son cas et c’est lui qui a notre seule victoire pour le moment. C’est sûr qu’on va lui en donner. On sentait juste que notre entraîneur des gardiens devait prendre le temps de corriger certains trucs dans son jeu. »
En tout cas, Dobes se sent tout à fait capable de relever ce défi haut la main. Pour l’instant, il existe un partage des tâches avec Mann, ce qui n’embête pas le principal intéressé outre mesure.
« À chaque étape dans ma carrière, j’ai commencé comme second violon avant qu’on me donne le statut de numéro 1, disait-il la semaine dernière à l’aube de sa première victoire en carrière chez les professionnels. Ce n’est pas de l’inconnu pour moi, car je l’ai fait à deux reprises (d’abord à Omaha dans la USHL, puis à Ohio State). J’ai toujours réussi à aller gagner le filet. Je sais que c’est une longue saison, et on va se soutenir. Je serai prêt quand les entraîneurs me donneront leur confiance. »
Dobes se dit impressionné par le talent qui rejaillit dans le vestiaire d’un très jeune Rocket de Laval, édition 2023-2024. Le Tchèque de 22 ans fait partie de la cohorte de huit recrues du Rocket cette année, du jamais vu en sept ans à Laval. C’est précisément en raison du talent à l’interne que Dobes s’attend à de très belles choses plus la saison prendra son envol.
« J’aime beaucoup le style d’équipe que nous avons, a avancé celui qui habite le même appartement que Logan Mailloux à Laval. J’aime que nous soyons jeunes avec beaucoup de choses à prouver. Je sens que tout le monde a la même approche. Il n’y a pas grand-chose qui nous fait peur à l’égard des habiletés. Je pense que notre chimie prendra un peu de temps à s’établir, mais je n’ai aucun doute que nous ferons partie des séries. Je pense que lorsque ça se mettra à cliquer, nous serons très difficiles à arrêter. »
L’organisation n’a pas cru bon de conserver les services de Kevin Poulin cette année. Le vétéran a rendu de fiers services au club-école au cours des deux dernières saisons, non seulement sur le plan des performances mais aussi comme mentor de Primeau. Historiquement, les ménages à trois dans la LNH ne durent jamais longtemps et il serait très surprenant que trois gardiens occupent une place dans la formation des Canadiens jusqu’à la fin de la saison. Des blessures peuvent survenir, évidemment, mais d’ici là, il s’agit d’une opportunité rêvée pour Jakub Dobes de s’établir comme la prochaine option d’avenir du Tricolore entre les poteaux.
