BROSSARD – 31 octobre 2024. Les Canadiens de Montréal affrontent les Capitals de Washington. C’est toutefois de la galerie de presse du Capital One Arena qu’Arber Xhekaj se prépare à regarder la rencontre.
Le défenseur de 23 ans était retranché pour une troisième fois en six parties. Les nombreuses erreurs défensives étaient en train de coûter le poste à celui qui semblait pourtant être devenu un régulier à la ligne bleue montréalaise après avoir amassé 10 points en 44 matchs pour conclure la saison 2023-24, qu’il avait amorcée dans la Ligue américaine de hockey.
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Mais depuis le début du mois de novembre, Xhekaj a disputé les 14 matchs des Canadiens. Son jeu s’est grandement amélioré, lui qui a récolté trois passes durant cette séquence, alors qu’il avait été blanchi lors des huit premières parties de la saison. Surtout, il montre un différentiel de zéro, alors qu’il était de -6 lors du premier mois de la saison.
Xhekaj a retrouvé sa confiance, qui s’était évaporée en raison de son difficile début de saison, mais aussi des critiques du public, qu’il n’a pas réussi à ignorer. Il a eu besoin de faire une réinitialisation mentale.
« J’ai eu besoin d’aide, c’est certain, dont celle de mes parents, des entraîneurs ici et des joueurs de l’équipe, a-t-il expliqué. Je pensais trop aux choses que je ne peux pas contrôler et j’entendais le bruit extérieur. Quand j’ai pu me sortir ça de la tête, j’ai réussi à me concentrer sur mon jeu. »
Plus stable en défensive, Xhekaj n’hésite plus à attaquer le porteur du disque, ce qui était devenu un problème à la fin du mois d’octobre. Il s’est parfois retrouvé pris à contrepied puisqu’il avait amorcé trop tardivement son échec avant, craintif de prendre la mauvaise décision.
« Je ne voulais pas faire les mauvaises lectures et des choses comme ça en début de saison, donc je restais plus en arrière, a-t-il analysé. Mais maintenant que je suis plus en confiance, mon jeu est plus constant. Récemment, je mets de la pression sur les gars le long de la bande, au centre, et je m’avance plus. C’est ce qui arrive quand tu es en confiance. »
La constance dans le jeu de Xhekaj a même fait de lui un rouage en infériorité numérique des Canadiens, qui est à égalité au cinquième rang dans la LNH avec un taux d’efficacité de 82,6 %. Mais c’est avant tout grâce à son jeu à forces égales que le défenseur a retrouvé ses repères, a expliqué l’entraîneur-chef Martin St-Louis.
« Ça part beaucoup avec son jeu à cinq contre cinq, a dit le pilote québécois. Il a trouvé une constance, et ç’a créé cette confiance. Quand les joueurs sont dans une situation comme ça, tu peux leur en donner un peu plus. C’est ce qu’on fait.
« Il a une belle progression. On voulait lui donner un runway [rampe de lancement] pour voir s’il était capable d’atteindre ce niveau-là. Parfois, ce runway, ça vient avec des petits hauts et bas. Il a passé à travers ça et il est dans une bonne place en ce moment. Maintenant, il ne doit pas être complaisant, il doit continuer à pousser et à en vouloir plus. »
Indirectement, le retour en force de Xhekaj a des répercussions sur toute la défensive du Tricolore, qui a vu sa moyenne de buts accordés par match passer de 4,18 en octobre à 3,36 depuis le 1er novembre. Les minutes qu’il joue en désavantage numérique permettent à d’autres joueurs d’avoir plus de jambes à cinq contre cinq, puisqu’ils n’ont pas été surtaxés dans cette facette du jeu.
« Plus il va avoir de l’expérience, plus il va se sentir à l'aise, a ajouté St-Louis. Il faut que quelqu’un puisse jouer ces minutes [en désavantage numérique]. Ça ne peut pas juste être (David Savard) et (Kaiden) Guhle. L’an passé (Johnathan) Kovacevic tuait des punitions. Quelqu’un doit prendre cette chaise. »
Grâce à la qualité de son jeu, Xhekaj s’est emparé de la ligne intérieure pour demeurer dans la formation, alors que d’autres jeunes arrières comme Jayden Struble et Justin Barron tentent eux aussi de gagner leur place, avec un peu moins de succès que leur coéquipier. Et si Xhekaj devait se retrouver à nouveau sur la galerie de presse, il croit que l’expérience qu’il a vécue en octobre lui permettra de revenir en force.
« Quand tu entres et sors de la formation tout le temps, c’est difficile de demeurer constant et d’avoir de la confiance parce que tu voudrais toujours jouer. Au début, je pensais trop à cela, mais une fois que j’ai réussi à me sortir ça de la tête, je me suis dit que peu importe le nombre de minutes que j’allais obtenir, peu importe la situation dans laquelle j’allais être placé, je devais faire de mon mieux et regarder vers l’avant. »