LAINE BADGE CHAUMONT

MONTRÉAL – Patrik Laine n’avait pas joué depuis pratiquement un an. Mais un marqueur naturel garde ce don pour repérer un minuscule espace afin de déjouer un gardien. Ilya Sorokin le savait, mais il n’a jamais pu bloquer son puissant tir des poignets du cercle des mises en jeu lors d’une supériorité numérique.

À son premier match dans l’uniforme des Canadiens, Laine a écrit le scénario parfait dans un gain de 2-1 en prolongation contre les Islanders de New York.

Si Nick Suzuki a réussi le but gagnant contre la bande à Patrick Roy, il n’était pas celui qui se retrouvait sous les projecteurs dans le vestiaire du CH.

Quand les portes grises du vestiaire ont fini par s’ouvrir, les dernières notes de Sledgehammer de Peter Gabriel résonnaient encore. On ne sait pas qui avait choisi ce classique sorti en 1986, mais cette chanson ajoutait au bonheur qui régnait au sein de l’équipe.

Laine, lui, redescendait tranquillement de son nuage. Élu la première étoile de la rencontre grâce à son but en deuxième période après des passes de Lane Hutson et de Suzuki, le Finlandais cherchait encore à comprendre tout l’amour qu’il venait de recevoir de la part des partisans du Centre Bell.

« C’était absurde, je n’avais jamais entendu une telle réaction de toute ma vie, a dit Laine. Je ne méritais pas tout ça. Je m’en souviendrai toujours. Je n’ai jamais vu un truc aussi cool. J’ai reçu un accueil incroyable, mais c’est le cas depuis que je suis ici. Pour mon retour au jeu, je n’ai pas le choix d’être reconnaissant envers les partisans. Je les remercie. »

Un bruit assourdissant a envahi l’édifice quand Laine a battu Sorokin d’un tir parfait. Cole Caufield, Juraj Slafkovsky, Hutson et Suzuki l’ont enlacé immédiatement après son but. Il s’agissait d’un rare moment de pur bonheur en cette saison difficile.

« Oui, vous pouvez dire que c’était un sentiment unique, a noté Laine. J’étais chanceux, puisque ma sœur et ma fiancée regardaient le match dans les gradins. Je me doute qu’elles étaient émotives. Je mérite maintenant un petit dessert, comme de la crème glacée pour mon retour à la maison. »

Utilisé à l’aile droite aux côtés de Kirby Dach et de Slafkovsky, Laine a offert un bilan assez sévère de son premier match cette saison. Le numéro 92 n’a pas trop aimé sa performance, mais il a aussi un dosage à faire entre une juste évaluation et son sens de l’humour.

« C’était bien, mais je me sentais horrible. Je ne jouais pas mon style, j’étais rouillé, mais nous avons récolté les deux points. C’est ça le plus important. Il y avait de la rouille. Je devrais m’améliorer.

« Mon but, c’était bien, a-t-il poursuivi. J’ai fermé mes yeux et j’espérais atteindre le filet. J’ai été chanceux, j’ai pratiquement manqué le filet. Heureusement, j’ai marqué. C’était un assez bon tir pour le déjouer. »

À son premier match depuis le 14 décembre 2023, où il avait aussi marqué dans un gain de 6-5 des Blue Jackets contre les Maple Leafs, Laine a décoché deux tirs, distribué deux mises en échec et il a passé un peu plus de 17 minutes (17:27) sur la glace.

« J’ai parlé à mon thérapeute dans les derniers jours, a-t-il rappelé. J’étais nerveux pour mon retour. Je me disais qu’en portant ce chandail, je réalisais une étape importante après tout ce que j’ai traversé. Je ne pouvais pas connaître un mauvais match, puisque j’ai travaillé trop fort pour revenir. »

Martin St-Louis avait le sourire au visage en parlant de Laine en conférence de presse.

« C’est un match que Patty attendait, a dit l’entraîneur en chef. Je lui ai parlé ce matin. Je sais ce qu’il peut amener. J’ai été impressionné, surtout pour un gars qui n’avait pas joué depuis un an. »

Une foule spéciale

En prolongation, Suzuki a récupéré son propre retour pour battre Sorokin et offrir la victoire à son équipe. Sur ce jeu, Bo Horvat a touché à la rondelle avec sa jambe avant que le capitaine du CH ait le temps de la refrapper au vol.

À l’instar de ses coéquipiers, Suzuki a préféré parler de Laine que de lui-même.

« Après son but, j’ai récupéré la rondelle et j’ai sauté dans la pile, a-t-il affirmé. Nous étions tous heureux pour lui. Depuis que je joue à Montréal, j’ai expérimenté à quelques reprises des moments de folie de la foule. J’espère que nous en vivrons plus. C’était un beau moment et un beau scénario. Patty a marqué en supériorité numérique d’un tir dans son bureau. Il a souvent marqué de cet endroit. »

Dans ce gain, Samuel Montembeault a été fumant en bloquant 30 des 31 tirs des Islanders. Mike Matheson, qui avait connu un match pénible contre les Bruins à Boston, a aussi rebondi avec une sortie impeccable, autant sur le plan défensif que pour sa passe sur le but vainqueur en prolongation.

Islanders vs Canadiens | Résumé 03/12/24

EN PROLONGATION

Le chiffre du match: 6

C’est le nombre de mises en échec distribuées par Juraj Slafkovsky dans ce match. Le gros attaquant connaît de bien meilleurs moments après un passage à vide.

Un Monty au sommet de son art

On dit souvent que l’unité de désavantage numérique d’une équipe est aussi bonne que son gardien. Samuel Montembeault en a fait la démonstration claire en deuxième période lors d’une pénalité à Arber Xhekaj.

Au cœur d’une excellente prestation, le gardien québécois a repoussé six tirs dans ces deux minutes, volant un but certain à Jean-Gabriel Pageau – un joueur pourtant habitué à faire payer le Tricolore. Montembeault s’est étendu de tout son long de son côté droit pour bloquer le retour de Pageau avec son bouclier.

La foule a tout de suite réagi en entonnant les « Monty! Monty! Monty! ». Un peu moins de deux minutes plus tard, il cédait sur le 21e tir dirigé vers lui, celui d’Anders Lee, laissé fin seul devant lui. Le portier a tout de même terminé sa soirée de travail avec 30 arrêts.

Chance ratée rapidement oubliée

Dans un match aussi serré défensivement, Cole Caufield a raté une belle occasion de porter un dur coup aux Islanders avec 7:47 à faire au deuxième vingt.

Le franc-tireur s’est complètement échappé et a tenté de déjouer Ilya Sorokin avec un tir des poignets, sa marque de commerce. Le gardien des Islanders a réalisé un bel arrêt de la jambière droite, privant le petit attaquant de son 17e but de la saison.

Il a surtout empêché les locaux de se distancer, permettant à Lee de créer l’égalité quelques minutes plus tard. Son complice Suzuki s’est organisé pour faire oublier cette chance ratée en prolongation.

La troisième, le cauchemar des Islanders

Patrick Roy avait parlé de l’importance de la tenue des siens en troisième période lors de son point de presse d’avant-match. Elle a entamé le dernier tiers avec un différentiel de moins-17 – ayant marqué seulement 21 buts contre 38. Les Islanders n’ont rien donné, mais ils ont accordé plusieurs chances de qualité.

Sorokin a notamment dû se signaler avec trois gros arrêts en 26 secondes dès le retour du vestiaire, face à Alex Newhook, Matheson et Suzuki. Disons qu’il a sauvé la mise à plusieurs reprises. Les choses n’ont tout de même pas tourné en faveur des siens, incapables d’aligner deux victoires depuis le début du mois de novembre.

Avec la collaboration de Guillaume Lepage, journaliste principal LNH.com