juneau canards

La LNH et Canards Illimités Canada s'associent pour raconter l'histoire de joueurs actuels et anciens de la LNH, et expliquer comment l'accès aux patinoires extérieures communautaires et au plein air a contribué à façonner leur amour pour le sport. Aujourd’hui, pour le deuxième épisode de cette série d’articles, le parcours de Joé Juneau, défini à la fois par le hockey et l’appel de la nature.

Les deux passions de Joé Juneau, le hockey et le plein air, ont toujours occupé une place importante dans sa vie, et ont été liées l'une à l'autre avant, pendant et après son passage dans la LNH.

C’est dehors, sur une petite glace que son père avait fabriquée derrière chez lui à Pont-Rouge, une petite ville située à une quarantaine de minutes de Québec, que l’ancien attaquant de la LNH est tombé amoureux du hockey. D’aussi loin qu’il puisse se souvenir, Juneau a eu des patins dans les pieds et un bâton de hockey dans les mains.

« Ma mère m’a raconté qu’à l’âge d’un an, j’étais déjà sur des patins », a-t-il lancé en entrevue téléphonique avec LNH.com.

« Il n’y avait pas de patinoire communautaire à Pont-Rouge quand j’étais jeune, mais j’avais plein d’amis dans le village qui avaient une patinoire chez eux. Ça nous permettait, en plus du hockey à l’aréna dans les rangs mineurs, d’avoir plus de temps de jeu. »

Que ce soit dans le froid glacial de l’hiver québécois ou lors de chaudes journées d’été, le hockey occupait une place prépondérante dans la vie de Juneau.

« On avait un bâton dans les mains chaque jour », s’est remémoré celui qui est aujourd’hui âgé de 56 ans. « C’est vraiment ce que nous aimions faire. Si nous n’étions pas à l’aréna ou sur une patinoire, nous étions dans la rue. Jouer dans la rue, c’était commun pour nous. On débarquait de l’autobus scolaire, on se donnait le mot et à telle heure, il y avait un match qui commençait. »

Ces parties improvisées entre amis à ciel ouvert ont été le début d’un parcours qui a permis à Juneau de disputer plus de 800 matchs dans la LNH avec les Bruins de Boston, les Capitals de Washington, les Sabres de Buffalo, les Sénateurs d’Ottawa, les Coyotes de Phoenix et les Canadiens de Montréal. Juneau a également remporté la médaille d’argent avec le Canada aux Jeux olympiques de 1992 à Albertville, en France.

Juneau Heritage Classic

Rapidement dans sa jeunesse, il a réalisé qu’il avait un talent supérieur à la moyenne des enfants de son âge, et que le rêve de vivre du hockey n’était peut-être pas invraisemblable pour lui. Après un parcours universitaire couronné de succès avec l’Institut polytechnique Rensselaer (R.P.I.), Juneau a connu des débuts fracassants dans la LNH.

Il est l’un des sept joueurs dans l’histoire de la Ligue à avoir amassé au moins 100 points à sa saison recrue (102 en 1992-93 avec les Bruins). Juneau a terminé sa carrière avec 572 points (156 buts, 416 aides) en 828 matchs.

Mais malgré ses succès sur la glace et le mode de vie trépidant d’un joueur de hockey, Juneau a toujours ressenti le besoin de revenir aux sources chez lui à Pont-Rouge. D’abord parce qu’il est attaché à sa région natale, mais surtout parce que la campagne et la nature lui permettaient de se ressourcer.

« C’est vraiment un besoin pour moi de me retrouver dans la nature, que ce soit à mon chalet ou à d’autres endroits », a expliqué Juneau, qui possède une résidence secondaire située au nord de Saint-Raymond-de-Portneuf. « Faire un trip de chasse et pêche, du camping ou une expédition. Ce sont des besoins pour moi. Ç’a toujours été le cas.

« Durant ma carrière de joueur, je retournais passer les étés par chez nous, car justement, j’avais accès à la nature en campagne. C’est comme ça que j’ai été élevé. »

Autre preuve que le goût du grand air et le hockey ont toujours été profondément liés dans la vie de Juneau, c’est en plein cœur de la forêt qu’il a vécu l’un des moments marquants de sa carrière : la signature de son premier contrat avec les Bruins en 1991-92.

« Quand je suis revenu des Jeux olympiques, on m’a célébré dans mon village, et le lendemain, je partais dans le bois avec mes amis, a mentionné Juneau. J’avais obtenu mon diplôme de R.P.I. aux États-Unis et entamé des négociations avec les Bruins dans la dernière année, mais ça n’allait pas à mon goût, donc j’avais choisi d’aller jouer avec l’équipe olympique.

« Boston était reconnu pour être une équipe avec qui il était difficile de négocier comme joueur. Je suis revenu des Olympiques avec une médaille d’argent et avec le titre de meilleur pointeur du tournoi, mais je n’avais toujours pas d’offre acceptable de la part des Bruins. Je me suis dit que j’allais en profiter pour passer quelques jours pour me reposer avec des amis dans le bois. Un moment donné, un de mes oncles est arrivé en motoneige pour me dire que mon agent me cherchait et que Boston m’offrait ce que je voulais. »

La technologie de l’époque n’étant pas ce qu’elle est aujourd’hui, Juneau et ses amis ont dû faire plus d’une heure de motoneige pour rejoindre la ville la plus proche, La Tuque. De là, il a communiqué avec les Bruins depuis une cabine téléphonique, et sa carrière professionnelle a pu s’amorcer.

Donner au suivant

Au terme de ses 13 campagnes dans la LNH, Juneau a su redonner aux autres à travers le sport qui lui a tant apporté. Et c’est encore une fois guidé par l’appel du grand air qu’il est parvenu à le faire.

En expédition au Nunavik, dans le Grand Nord du Québec, Juneau a été sensibilisé à la réalité parfois difficile des jeunes des communautés autochtones. À son retour de voyage, il a eu l’idée de lancer un programme axé sur le hockey au Nunavik, afin d’aider les jeunes de l’endroit à se dépasser à travers le sport.

Lancé en 2006, le programme a pris fin en 2017, faute de financement, mais Juneau l’a tout de même implanté au sein d’autres communautés autochtones, dans lesquelles il est toujours actif.

« Le financement n’était plus là au Nunavik, a-t-il expliqué. C’étaient des décisions de certains de leurs leaders dans ces années-là, mais tout ça a permis que je transporte le programme dans des communautés où je ne serais jamais allé autrement. Le malheur de certains a fait le bonheur des autres. »

Aujourd’hui, Juneau repense parfois à tout le chemin parcouru par le petit gars de Pont-Rouge, pour qui tout a commencé sur la patinoire derrière chez lui. Un cheminement qui lui a permis d’avoir un impact aux Olympiques, dans la LNH et dans des communautés du Grand Nord québécois. Un parcours de vie qui a été défini par le hockey, mais qui n’aurait pas été le même sans l’appel de la nature.

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