La cérémonie d'intronisation 2022 du Temple de la renommée du hockey est lundi. La cohorte de cette année est composée de Herb Carnegie, à titre de bâtisseur, puis de Roberto Luongo, Henrik Sedin, Daniel Sedin, Daniel Alfredsson et Riikka Sallinen, à titre d'anciens joueurs. Voici le profil de Riikka Sallinen, dressé par notre journaliste Tracey Myers.
Riikka Sallinen faisait partie de la direction de l'équipe nationale féminine finlandaise en 2013 lorsque les joueuses de la formation ont commencé à aborder, à la blague, l'éventualité d'un retour au jeu.
L'incroyable parcours de Riikka Sallinen jusqu'au Temple de la renommée
Retour sur une carrière ponctuée de deux médailles olympiques et d'un retour après 10 ans de pause
© Photo credit: Jiri Halttunen
À ce moment-là, Sallinen ne jouait plus depuis 10 ans et était, entre temps, devenue mère de ses trois enfants.
« J'ai pris la blague un peu trop au sérieux », dit Sallinen en riant. Honnêtement, je n'étais vraiment pas sûre d'avoir la capacité d'y arriver. Mais je me suis donné une chance et mon corps a bien réagi. »
En effet, Sallinen s'est montrée forte et efficace après son retour à la compétition, de 2013 à 2019. Elle deviendra le 14 novembre la première joueuse de la Finlande - et d'un pays européen - à être intronisée au Temple de la renommée.
« C'est à la hauteur de la carrière légendaire qu'elle a eue. Elle a tellement longtemps joué à un haut niveau, en plus d'être une bonne personne, une bonne et respectée compétitrice », mentionne Kendall Coyne-Schofield, vedette de l'équipe nationale américaine. « Elle a joué le jeu de la bonne manière. Lorsqu'on pense à l'équipe finlandaise, il y a quelques noms qui viennent en tête et le sien en fait partie. C'est incroyable de la voir devenir membre du Temple de la renommée. »
Sallinen fait son entrée à sa première année d'éligibilité. « J'ai joué longtemps et je sens que j'ai pu bénéficier d'une bonne longévité. Mais ce qu'elle a fait, soit revenir après trois grossesses dix ans plus tard, est encore plus difficile à faire », souligne quant à elle Jayna Hefford, ancienne membre de l'équipe nationale canadienne (1997-2015). Hefford a été intronisée au Temple en 2018.
De 1988 à 2003, Sallinen a récolté 300 points (162 buts, 138 mentions d'aide) en 97 matchs de saison régulière et 48 points (21 buts, 27 mentions d'aide) en 20 parties de séries éliminatoires en ligue élite finlandaise. À son retour dans la ligue entre 2013 et 2016, elle a ajouté 95 points (39 buts, 56 mentions d'aide) en 38 joutes de saison et 38 points (15 buts, 33 mentions d'aide) en 21 rencontres éliminatoires.
Elle a aussi été membre de la I-divisioona finlandaise pendant trois saisons, enregistrant un impressionnant total de 100 points, dont 81 buts, en 22 matchs. Partout où elle est passée, elle a affiché des statistiques impressionnantes.
Aux Jeux olympiques de Nagano de 1998, premiers Jeux à inclure un tournoi de hockey féminin, Sallinen a aidé la Finlande à remporter la médaille de bronze. Quand les Finlandaises ont ajouté une autre troisième place à Pyeongchang en 2018, elle est devenue, à 44 ans, la plus vieille hockeyeuse à obtenir une médaille olympique, hommes et femmes confondus. Son compatriote Teemu Selanne détenait le record depuis 2014, lorsqu'il a aidé la Finlande à obtenir le bronze au tournoi de hockey masculin à Sotchi.
Sallinen est également septuple médaillée des Championnats du monde de hockey féminin. Six fois, elle a obtenu le bronze (1990, 1992, 1994, 1997, 2015 et 2017), puis une fois l'argent (2019). Elle a totalisé 41 points (23 buts, 18 aides) en 20 matchs lors de ses quatre premiers tournois, puis 19 points (deux buts, 17 aides) en 25 matchs lors de ses quatre derniers.
L'ancienne attaquante américaine A.J. Mleczko dit de Sallinen qu'elle « respirait la joie et le positivisme » à chaque fois qu'elle lui a parlé. Sur la glace, toutefois, c'était une toute autre histoire.
« C'est une solide compétitrice », mentionne Mleczko. « Je l'ai affrontée pendant deux tournois olympiques. Évidemment, nous avions une grande rivalité avec le Canada, mais la Finlande nous talonnait toujours. Riikka était rapide, fougueuse. J'étais attaquante à Nagano, mais défenseure à Salt Lake City donc j'ai dû être confrontée davantage à elle lors de ce tournoi. Il fallait constamment la surveiller. Elle réussissait à se faufiler à des endroits où nous voulions éviter qu'elle se trouve, elle nous mettait sur nos gardes. »
Sallinen est revenue vers le hockey à plusieurs reprises. Lorsqu'elle était plus jeune, elle jouait avec les garçons, mais était frustrée qu'il n'y ait pas d'équipes féminines. Elle a donc arrêté de jouer à 12 ans. Lorsqu'une formation féminine s'est établie quelques années plus tard, elle a repris la pratique de son sport.
Après les Jeux olympiques de 1998, durant lesquels elle a été la meilleure pointeuse du tournoi (12 points), Sallinen était âgée de 25 ans et a dû subir une troisième opération au genou avec greffe de cartilage. Les docteurs lui ont dit que son genou serait suffisamment rétabli pour marcher, mais pas pour jouer au hockey.
« Mon genou était en si piètre état que je me contentais de l'idée de pouvoir reprendre une vie normale active », affirme-t-elle. La première année de convalescence s'est si bien déroulée que le docteur m'a dit que je pouvais essayer de reprendre le hockey, puis l'entraînement sur glace et hors glace. Tout s'est étonnamment très bien déroulé. »
Elle a effectué un retour pour quatre autres saisons après une année d'absence. Après quoi elle a pris sa retraite, du moins sa première, pour fonder une famille.
Dix ans plus tard, elle était de retour.
Tuula Puputti, ancienne gardienne de but de l'équipe nationale féminine de la Finlande, dit n'avoir jamais douté que Sallinen s'adapterait à un retour après dix ans d'absence.
« Lors de la première partie de sa carrière, elle a toujours été une menace offensive. Lors de la deuxième partie, son rôle a légèrement changé, mais c'était d'une grande aide d'avoir une joueuse qui savait tout de même comment marquer des buts », explique Puputti, maintenant directrice générale de l'équipe nationale. « L'effort qu'elle y a mis de manière générale des deux côtés de la patinoire était très impressionnant. »
Malgré tout, Sallinen n'était pas heureuse après les Jeux olympiques de Sochi de 2014, ses premiers depuis sa sortie de retraite. Elle n'a pas récolté de point et la Finlande a baissé pavillon devant la Suède en quarts de finale.
« Les Jeux de Sotchi sont arrivés trop vite pour moi. Je n'étais pas bonne là-bas », avoue-t-elle. « Mais ça a quand même été une décision facile de continuer parce que je me sentais encore si bien. Même à 40 ans, je sentais que je pouvais m'améliorer et mieux faire. »
Comme de fait, elle s'est reprise avec une production de cinq points, dont quatre buts, en six matchs lors du tournoi de 2018, aidant la Finlande à obtenir le bronze.
« C'était très difficile de jouer contre elle. Une excellente joueuse sur 200 pieds, au cercle de mise au jeu et lors des batailles pour la rondelle. Elle a joué des minutes clé pendant longtemps », affirme la hockeyeuse canadienne Brianne Jenner. « Si tu joues à un tel niveau aussi longtemps, ça prouve que tu t'en sors bien. Je lui donne tout le crédit. Elle a dû inspirer toute une génération de hockeyeuses finlandaises. »
Sallinen a accompli beaucoup lors de sa carrière en deux temps. Elle a vu le hockey féminin évoluer, grandir et a participé à cette croissance.
« J'ai connu le hockey féminin des compétitions internationales de 1990 à aujourd'hui. J'ai été privilégiée de pouvoir constater tout le chemin parcouru. Mes six dernières années de carrière de joueuse ont été si plaisantes, car j'ai profité du progrès qui avait été fait lors de mes dix années d'absence », résume Sallinen.
« Évidemment, il y a encore du travail à faire. Tous les gens gravitant autour du hockey féminin veulent encore voir de l'amélioration. Mais tant de bonnes choses se sont produites jusqu'à maintenant et les joueuses en sont la principale raison. La plupart des personnes de pouvoir dans l'industrie du hockey sont des hommes. Nous avons besoin d'eux et je suis reconnaissante qu'il y en ait qui souhaitent améliorer la condition du hockey féminin aussi. Ç'a été incroyable de faire partie de cette aventure. J'ai rencontré tant de bonnes personnes, tant d'amis. Ça donne un sens à la vie. »