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Notre chroniqueur Anthony Marcotte nous parle de l’actualité chez le Rocket de Laval ainsi que dans l’ensemble de la Ligue américaine de hockey (LAH). Il permettra aux partisans de suivre assidûment ce qui se passe dans l’antichambre de la meilleure ligue de hockey au monde.

Quand les Canadiens de Montréal ont annoncé la prolongation de contrat de plusieurs années de John Sedgwick le 6 mars dernier, la nouvelle n’a pas fait grand bruit dans l’univers médiatique montréalais. Après avoir été l'un des adjoints de Marc Bergevin à compter de 2013 comme directeur des affaires juridiques de l’organisation, il avait assuré la continuité sous Jeff Gorton et Kent Hughes.

Celui dont la responsabilité première est la gestion au quotidien de la masse salariale des Canadiens avait aussi comme mandat d’agir à titre de gouverneur du Rocket de Laval. En gravitant souvent autour du club-école, ce n’est pas rare de croiser Sedgwick autour du vestiaire de l’équipe le jour des matchs. Il n'a donc pas été surprenant de le voir obtenir officiellement le titre de directeur général du Rocket dans le même communiqué de presse annonçant la prolongation de son contrat avec l’organisation. Préalablement, le titre de DG du club-école relevait de Bergevin, puis de Hughes.

C’est à l’initiative de Sedgwick lui-même que nous l’avons rencontré la semaine dernière dans un entretien qui s’est tenu uniquement en français. Pour la première fois, l’homme de hockey choisissait de livrer des détails sur son mandat avec le Rocket dans la langue de Molière.

Voici donc cinq questions avec… John Sedgwick.

Tout d’abord, félicitations, John, pour la nomination au poste de directeur général du Rocket et merci d’accepter de nous rencontrer et de nous accorder votre première entrevue en français.

Merci beaucoup! Je vais essayer de faire de mon mieux. Je suis un peu nerveux! (rires)

J'occupais déjà cette fonction depuis quelques années, mais c’est bien de se faire confirmer le titre. J’aime beaucoup la Ligue américaine, et j’aime beaucoup Laval.

Est-ce qu’on peut vous demander exactement en quoi consistent les principales responsabilités d’un directeur général dans la Ligue américaine? Évidemment, on demande beaucoup aux entraîneurs-chefs de gérer le personnel au quotidien, mais pourriez-vous nous résumer en quelques mots votre mandat?

C’est une bonne question! Premièrement, je pense que c’est de prendre connaissance de tout ce qui se passe ici. Je viens faire un tour assez souvent et je parle à JF (Jean-François Houle) tous les jours ou presque. Pendant l’été, on essaie de construire une formation qui donnera la chance à nos jeunes de bien se développer. On veut que nos jeunes puissent s’améliorer, tout en greffant des joueurs un peu plus âgés qui amèneront de la profondeur à notre organisation. Une grande partie de ce travail est déjà fait par nos recruteurs professionnels et amateurs.

L’expression « bon vétéran » s’applique bien ici, puisque nous cherchons à bien encadrer nos jeunes avec des joueurs un peu plus expérimentés, mais qui vont bien comprendre leur rôle avec nous. Ces joueurs doivent se tenir prêts en tout temps pour un rappel quand on juge que nos jeunes ont besoin de plus de temps (pour se développer).

L’objectif dans tout ça est de doter le Rocket d’une équipe compétitive. C’est très important pour nous.

Cette année, c’est une cohorte de huit recrues qui a amorcé la saison à Laval. Si Filip Mesar a rapidement quitté l’équipe pour retourner à Kitchener dans la Ligue junior de l’Ontario, David Reinbacher s’est ajouté au portrait à la fin de l’année. Vous saviez d’avance que vous auriez une équipe beaucoup plus jeune cette année, mais aussi remplie de promesses. Êtes-vous contents de votre saison en général alors que le club va se battre pour une place en séries jusqu’à la fin?

C’est exactement ce qu’on veut. On désire que nos jeunes s’améliorent à mesure que la saison progresse, et tant mieux si nous avons pu présenter une formation relativement compétitive toute la saison. On espère pouvoir se qualifier pour les séries, mais on pense que c’est déjà une excellente expérience que nos jeunes peuvent vivre présentement en essayant de se tailler une place.

Tous ces matchs sont importants pour le développement de nos jeunes. Encore là, l’atmosphère est tout à fait spéciale ici et on se sent déjà en séries. On affiche complet tous les soirs à la Place Bell. On est extrêmement chanceux de pouvoir offrir cet environnement à notre relève dans la Ligue américaine. Très peu de marchés peuvent offrir ça.

C’est important de trouver le juste équilibre entre jeunesse et expérience. On ne veut pas avoir trop de vétérans pour garder un temps de glace intéressant pour nos espoirs. En même temps, on ne veut pas être trop jeunes non plus, et nous voulons avoir de bons vétérans pour leur montrer la marche à suivre. Bien sûr qu’on aimerait se rendre jusqu’au bout et gagner la Coupe Calder, mais notre priorité sera toujours consacrée au développement.

Vous avez eu l’occasion de travailler avec Marc Bergevin dans les dernières années de son règne à Montréal, puis vous y êtes toujours aux côtés de Jeff Gorton et Kent Hughes. Quelles sont les principales différences que vous constatez dans la gestion des effectifs, particulièrement en lien avec le club-école de Laval?

Je comprends la question, mais en même temps je pense que c’est surtout une question de circonstances. Dans les dernières années de Marc, nous n’avions pas eu énormément de choix au repêchage, puis les choses ont changé progressivement et nous avons fait beaucoup de sélections lors des dernières années. Jeff et Kent sont arrivés à un moment où nos jeunes étaient désormais prêts à faire le saut chez les professionnels, et d’autres vont se joindre à nos jeunes en place dans les prochaines années.

C’est pour ça que c’est difficile de comparer les deux parties. Quand j’ai commencé, c’était l’époque des (Jarred) Tinordi et (Nathan) Beaulieu. Nous avions quatre ou cinq jeunes qui étaient nos priorités. Ce n’est pas du tout la même chose maintenant.

Ce n’est donc pas la philosophie qui a changé. Je pense que la principale différence est sur le plan des effectifs au développement des joueurs. Nous avons ajouté Adam Nicholas, Scott Pellerin, Francis Bouillon et Paul Byron. Je pense que nous sommes un peu plus impliqués dans le développement au quotidien de nos jeunes. Je pense que nous sommes au bon endroit présentement.

Toute la saison durant, des questions en lien avec l’avenir de l’entraîneur-chef Jean-François Houle et son groupe d’adjoints ont fait surface puisqu’ils n’ont pas de contrat en vue de la saison prochaine. Êtes-vous en mesure de nous en dire un peu plus sur leur avenir avec le Rocket et si des négociations contractuelles ont été amorcées? Est-ce qu’une qualification en séries éliminatoires est primordiale pour leur retour?

Non, il n’y a pas de lien à faire entre une qualification en séries ou pas. Je pense que je vais répondre à cette question un peu plus tard à la fin de la saison. Je peux vous dire toutefois qu’on est content du groupe en place. Je pense que nos jeunes s’améliorent et que l’équipe est compétitive. Nous allons aborder ces questions à la fin de la saison. Je pense que je vais me contenter d’un « no comment » sur cette question.

Au cours de la saison, trois transactions ont touché directement les effectifs du Rocket de Laval. Il y a eu d’abord l’acquisition de Filip Cederqvist des Sabres de Buffalo en janvier, puis celles de Jacob Perreault (Anaheim) et Arnaud Durandeau (New Jersey) le mois dernier. Quel a été le motif derrière ces mouvements de personnel?

On pensait d’abord que nous avions besoin d’un peu plus d’habiletés à l’attaque avec les acquisitions de Perreault et Durandeau. Nous avons donc pu offrir un changement d’air à Jan Mysak et Nathan Légaré. On pense que Jacob a un plafond un peu plus élevé au niveau des habiletés et on voulait vraiment travailler avec lui. Dans le cas de Durandeau, c’est un peu la même chose. Avec Joshua Roy en haut, on pensait que d’ajouter un peu plus d’offensive pour compenser sa perte serait une bonne chose.

Honnêtement, on aimait beaucoup Jan. C’est un bon jeune homme qui a travaillé fort pour nous. On n’a rien de négatif à dire sur lui, et c’est la même chose pour Nathan.

Dans le cas de Cederqvist, c’est un joueur qui avait demandé un changement d’adresse et nos recruteurs l’avaient en haute estime depuis quelques années. Je pense qu’il nous apporte quelques éléments qui nous manquaient, notamment sur le plan du gabarit à l’attaque.

C’est aussi ça la Ligue américaine. On peut se permettre de tenter notre chance sur des joueurs qu’on pense qu’on peut aider à progresser. C’était surtout ça l’objectif derrière l’acquisition de Perreault.