« Je me retrouve avec des joueurs dont mon père me parlait quand j'étais tout jeune, les Maurice Richard et Guy Lafleur. Je suis maintenant avec eux. C'est malade. »
Le coup de génie de Dudley
Dire qu'à l'été 2000, St-Louis a failli prendre une décision qui aurait changé son destin à tout jamais. Laissé pour compte par les Flames de Calgary à la suite d'un remue-ménage au sein de la direction, St-Louis n'a également pas été réclamé au repêchage d'expansion. À l'âge de 25 ans, il a alors lorgné du côté de l'Europe.
« Si ç'a passé proche, bien évidemment, a-t-il expliqué. J'étais prêt à plier bagage et à aller poursuivre ma carrière en Europe si je n'avais pas reçu d'offre de contrat dans la LNH. J'avais un plan B au cas où le plan A ne fonctionnait pas et c'était sérieux. Je n'aurais pas accroché mes patins. On me vouait à une belle carrière outre-mer. »
C'était avant l'entrée en scène du Lightning de Tampa Bay. Le directeur général Rick Dudley s'est dit que le coup en valait la chandelle. On connaît la suite. La carrière de St-Louis a pris son envol. Il allait aider le Lightning à remporter la Coupe Stanley en 2004. Cette saison-là, il a été le huitième joueur de l'histoire de la LNH à signer le tour du chapeau Coupe Stanley-championnat des marqueurs-trophée Hart.
Le Lavallois âgé de 43 ans allait remporter un autre titre des meilleurs marqueurs (trophée Art-Ross) en 2013, en plus de gagner le trophée du joueur gentilhomme (Lady-Byng) à trois reprises (2010, 2011, 2013).
« C'est fou quand on y pense. J'aurais pu passer à côté de tout ça. »
L'influence de Tortorella
Il y a effectivement un paradoxe dans le fait qu'il fasse son entrée au Temple de la renommée par la grande porte après s'être rivé le nez sur plusieurs portes au début de sa carrière. C'est comme si on lui permettait de faire une grimace au passé.
« Je ne l'ai pas eu facile, rien ne m'a jamais été donné, a-t-il évoqué. Et voilà maintenant que l'ultime récompense arrive rapidement, à ma première année d'admissibilité. C'est comme quand vous faites la lecture d'un livre, vous espérez qu'il se termine bien. Si vous faites les bonnes choses, vous augmentez les chances d'une fin heureuse et je peux dire que mon histoire a une fin très heureuse. Je ne changerais absolument rien à aucun chapitre. J'ai eu des moments heureux et des déceptions, c'est le lot d'une carrière. »
Dans le discours qu'il livrera au cours de la cérémonie d'intronisation lundi, il aura de bons mots à l'endroit de l'entraîneur John Tortorella parce qu'il lui a donné sa première véritable chance.
« Il m'a ouvert la porte, mais je lui ai forcé la main à le faire. Ce n'était pas comme si j'arrivais de nulle part. Il m'avait vu aller pendant quelques mois quand il agissait comme adjoint. Il savait ce que je faisais. »
Tortorella a déjà raconté que St-Louis était allé le voir dans son bureau afin de lui demander de lui confier des tâches plus importantes.
« Des rencontres entre nous deux, il y en a eu plusieurs, a lancé St-Louis. Je me souviens de celle que nous avons eue quand l'équipe n'allait pas bien pendant la première moitié de la saison 2003-04. John est un entraîneur très exigeant. Il nous en demandait toujours davantage, moi j'en voulais plus de sa part. J'étais allé lui dire : 'donne-m'en plus, je vais t'en donner'. »
St-Louis s'enorgueillit qu'on dise qu'il a pavé la voie à une génération de joueurs de petite taille. Les David Desharnais, Jonathan Marchessault, Yanni Gourde et plusieurs autres n'hésitent pas à dire qu'il a été une source d'inspiration pour eux.