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La cérémonie d’intronisation au Temple de la renommée du hockey aura lieu le 13 novembre. La cuvée 2023 inclut Henrik Lundqvist, Tom Barrasso, Pierre Turgeon, Mike Vernon, Caroline Ouellette, Ken Hitchcock et Pierre Lacroix. Le journaliste de NHL.com Derek van Diest nous dresse aujourd'hui le portrait de Lacroix.

Pierre Lacroix a laissé son empreinte lors de son passage dans la LNH et mérite amplement son intronisation au Temple de la renommée du hockey selon ceux qui l'ont bien connu.

Un agent devenu directeur général, Lacroix a été l’architecte de deux conquêtes de la Coupe Stanley par l’Avalanche du Colorado. Il a bâti la puissante machine qu’a été l’équipe à partir du milieu des années 1990 et qui l’est restée pendant plus d’une décennie.

L’impact de Lacroix au Colorado se fait toujours sentir aujourd’hui. Il sera intronisé dans la catégorie des bâtisseurs du Temple de la renommée du hockey à titre posthume. Lacroix est décédé le 13 décembre 2020, à l’âge de 72 ans, lui qui a laissé dans le deuil son épouse Colombe ainsi que ses fils Éric, un ancien joueur de la LNH, et Martin.

« Je pense que ses accomplissements parlent d’eux-mêmes », a affirmé l’ancien capitaine de l’Avalanche et actuel président des opérations hockey de l’organisation. « Il est arrivé alors que l’équipe était jeune et apprenait comment gagner et comment dominer. Je me souviens du premier appel que j’ai reçu de sa part après son embauche comme directeur général; on pouvait immédiatement sentir sa passion, son niveau d’engagement et que son objectif était de gagner. On pouvait y croire, et il a réussi à accomplir tout ce qu’il avait dit. »

Lacroix a commencé sa carrière comme agent de joueurs en fondant sa propre agence, Jandec Inc., dont la priorité était les jeunes joueurs du Québec. Les gardiens Patrick Roy, Jocelyn Thibault et l’attaquant Alexandre Daigle ont été parmi ses clients les plus connus.

Natif de Montréal, Lacroix a été à la tête de l’entreprise pendant deux décennies avant d’être embauché par les Nordiques de Québec, qui avaient un jeune et très prometteur noyau mené par Sakic. Les Nordiques avaient effectué une reconstruction à l’aide du repêchage et ils étaient prêts à viser la Coupe Stanley lorsque Lacroix a été engagé en mai 1994 afin de remplacer Pierre Pagé.

Les Nordiques ont été sacrés champions de la saison 1994-95 et mis la main sur le trophée des Présidents, mais ils ont été surpris en six matchs dès la première ronde des séries éliminatoires par les Rangers de New York.

Quelques semaines plus tard, les Nordiques déménageaient à Denver.

Lacroix a suivi l’organisation et il a aidé l’Avalanche à remporter la Coupe dès sa première saison au Colorado, en 1996.

Lacroix a réalisé quelques transactions majeures afin d’aider l’Avalanche à atteindre le sommet, la plus importante étant son acquisition de Roy des Canadiens de Montréal après que le gardien a eu maille à partir avec l’entraîneur-chef Mario Tremblay. Le soir du 2 décembre 1995, Roy a permis neuf buts dans une défaite de 11-1 contre les Red Wings de Detroit. Sentant qu’il avait été humilié par Tremblay, Roy, après avoir été retiré du match, est passé devant l’entraîneur avant d’aller s’adresser au président Ronald Corey, qui était assis derrière le banc, et lui a dit qu’il avait joué son dernier match à Montréal.

Quatre jours plus tard, Roy devenait un membre de l’Avalanche dans un échange majeur, acquis en compagnie de l’attaquant Mike Keane en retour du gardien Jocelyn Thibault et des attaquants Martin Rucinsky et Andrei Kovalenko.

« Quand nous étions à Québec, c’était impossible de réaliser un échange avec Montréal. J’avais discuté avec Serge Savard, qui avait commencé l’année comme le DG à Montréal, et je pense que Serge avait compris qu’il devrait étudier la question », a expliqué l’ancien entraîneur de l’Avalanche Marc Crawford, qui dirige maintenant les ZSC Lions de la National League suisse.

« C’était passé près, et Pierre était venu me voir pour me dire qu’il y avoir une possibilité d’obtenir Patrick. Puis, ça ne faisait même pas cinq secondes que l’incident s’était produit en décembre 1995, quand il a été laissé devant le filet après avoir accordé tous ces buts et ce qui a suivi, que Pierre m’appelait pour me dire ‘Nous devons aller le chercher’.

« Et quand il avait quelque chose en tête, ça allait habituellement se réaliser. Je me souviens que nous avions une réunion la journée suivante avec tous les entraîneurs et certains dépisteurs, et nous en avons parlé. Ce qui est ressorti, c’est que nous devions tout faire pour aller le chercher. Pierre a réussi un superbe échange et Patrick a été un élément important pour permettre à notre équipe d’être prête à gagner. »

Roy, Keane et l’attaquant Claude Lemieux, obtenu dans une transaction à trois équipes avec les Devils du New Jersey plus tôt dans la saison, ont aidé le Colorado à se rendre jusqu’au bout, lorsqu’ils ont gagné la Coupe Stanley en balayant les Panthers de la Floride.

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Avant d’atteindre la finale, l’Avalanche a dû passer à travers les Red Wings de Detroit en finale de l’Association de l’Ouest dans ce qui était le premier de cinq duels épiques en séries éliminatoires entre les deux équipes en l’espace de sept saisons.

« Il y avait une vraie rivalité entre nous deux », a indiqué le directeur général des Oilers d’Edmonton Ken Holland, qui occupait le même poste avec les Red Wings à l’époque. « Je me souviens quand nous les avons battus en 2002 dans notre aréna lors du match no 7, alors qu’ils avaient eu l’avance 3-2 dans la série. Lacroix est venu nous voir dans notre vestiaire et a félicité nos entraîneurs et moi pour avoir remporté la série. En raison de toute l’animosité qu’il y avait eu entre les deux équipes au cours des cinq ou six années précédentes, ça prenait beaucoup de classe à mon avis. »

Même s’il était énormément compétitif, Lacroix avait au travers de la Ligue la réputation d’être humble dans la victoire et d’être un bon perdant.

« Lors du conflit de travail de 2004-05, il avait invité environ huit DG à Vegas afin d’y passer trois à quatre jours, a raconté Holland. Il nous a accueilli à sa maison un soir, nous avons joué au golf, nous avons parlé de hockey et échangé des idées au sujet de ce que nous croyions être le plus dans l’intérêt du sport. J’ai vraiment appris à bien le connaître à partir de 2001 ou 2002 jusqu’à ce qu’il ne soit plus directeur général. »

Lacroix a été en mesure de permettre à l’Avalanche de demeurer parmi les meilleures équipes de la LNH au cours de son passage grâce à des acquisitions majeures. Il a entre autres mis la main sur les futurs membres du Temple de la renommée Raymond Bourque et Rob Blake afin d’aller chercher une deuxième Coupe Stanley, en 2001.

« C’était dans son caractère, et il n’avait pas peur de faire une erreur et de réaliser des transactions, a dit Sakic. Ce n’est pas toujours facile de mettre en place un plan et de prendre les décisions importantes, parce que parfois, tu ne sais pas comment les choses vont tourner. S’il croyait que c’était ce qu’il devait faire pour aider l’équipe, il allait de l’avant.

« Nous avons remporté neuf championnats de section, dont sept consécutifs, nous avons gagné deux fois la Coupe Stanley et nous avons participé à quatre autres finales d’association. C’était toute une séquence, et chaque année, nous n’étions pas satisfaits. Chaque année, s’il sentait qu’il y avait la possibilité de frapper un grand coup afin de rendre l’équipe encore meilleure, il allait le faire. »