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BOISBRIAND – C’est au détour d’une question anodine sur son cheminement que Justin Carbonneau révèle, un peu inconsciemment, ce qui se trouve au cœur de son identité.

Assis dans l’entrée du Centre d’excellence Sports Rousseau, l’attaquant de l’Armada de Blainville-Boisbriand nous met sur une piste intéressante quand on lui demande s’il a toujours fait partie des meilleurs de son groupe d’âge. Si cette année d’admissibilité au repêchage de la LNH n’est que la continuité pour lui.

« J’ai toujours été un bon joueur », amorce-t-il, quelques minutes avant de retourner en classe. « Mais dans ma tête, je n’ai jamais été assez bon. Que je finisse un match avec trois buts ou six mises en échec, je me demande toujours ce que j’aurais pu faire de plus.

« J’ai l’impression qu’il me manque toujours quelque chose. Je crois que de ne jamais être satisfait, c’est important pour être capable de t’améliorer tous les jours. »

C’est la raison pour laquelle, lorsqu’on le questionne à savoir s’il a amorcé la saison comme il l’avait souhaité – Carbonneau a récolté 11 buts et 29 points en 19 sorties – il pointe vers le fait qu’il peut afficher davantage de constance dans son jeu, et respecter encore plus son identité d’attaquant de puissance.

Quand on souligne les 31 buts qu’il a marqués à sa première saison complète dans la LHJMQ, il reconnaît qu’il s’agit d’une production intéressante, mais qu’il aurait pu en amener plus en séries éliminatoires. Pas moyen, vous aurez compris, de lui soutirer une once de satisfaction sans qu’elle soit assortie d’un astérisque.

Cette vision des choses peut évidemment aider Carbonneau à atteindre les plus hauts sommets – son ascension actuelle en est la preuve. Or, elle pourrait aussi venir lui jouer entre les deux oreilles si les choses devaient moins bien se dérouler à un moment ou à un autre de cette saison charnière.

« Il y a assurément un équilibre à trouver », répond son entraîneur Mathieu Turcotte, bien au courant de ce trait de caractère de son poulain. « C’est arrivé cette saison que j’aie dû m’asseoir avec lui pour remettre les choses en perspective. C’est une bonne chose de toujours vouloir s’améliorer et corriger les erreurs.

« Il ne faut pas non plus se mettre trop de pression inutile. Il y a des moments où il doit s’arrêter et regarder ce qu’il a accompli jusqu’à maintenant. Il faut demeurer réaliste dans l’atteinte de ces objectifs. »

Dans sa quête d’une perfection, disons-le, impossible à atteindre, le jeune homme de 17 ans – bientôt 18 – passe beaucoup de temps dans la salle vidéo en compagnie de Turcotte. Il est souvent celui qui cogne à la porte de l’entraîneur pour faire un bilan de ses récents matchs.

Carbonneau

« Justin, c’est le joueur avec qui je fais le plus d’analyse vidéo, rigole Turcotte. Il veut toujours en voir. Il est le premier à me texter pour en faire si ce n’est pas déjà à l’horaire. Mon objectif est de lui faire comprendre que plus il jouera dans la structure, plus il sera à la bonne place sur la glace, et plus il aura la rondelle. »

« Je regarde tous mes matchs, renchérit le principal intéressé. Quand je l’ai visionné, c’est comme si je m’étais fait une opinion solide et que je pouvais tourner la page. Chaque semaine, je veux savoir ce que je peux faire de mieux. Je dois une bonne partie de mon succès à Mathieu, il m’aide beaucoup sur les détails. »

L’identité comme clé

Ce sont justement ces fameux détails qui font la différence dans une année aussi importante.

« Les dépisteurs savent ce qu’il peut faire offensivement, tranche Turcotte. Ils ont un bon échantillon. Ils savent qu’il a un bon tir et qu’il est capable de faire des jeux sous pression. Ces cases sont cochées. Maintenant, ils regardent beaucoup plus son jeu sans la rondelle, son langage corporel et les autres détails de son jeu. »

Carbonneau est déjà considéré comme l’un des deux espoirs de la LHJMQ – avec l’attaquant Caleb Desnoyers – pouvant aspirer à une sélection au premier tour, mais il est conscient que ça ne veut rien dire à ce stade-ci de la saison. De toute façon, il en veut toujours plus.

Et il sait exactement comment s’y prendre pour parvenir à ses fins. Tout se résume à son identité, à sa soif de victoire. À son obsession pour la perfection.

« Ma game ne se résume pas à marquer des buts, souligne-t-il. C’en est une partie, mais ce n’est pas juste ça. Je veux bien jouer sur 200 pieds, bloquer des tirs, finir mes mises en échec, être un bon coéquipier et avoir du leadership. Après ça, il y a le côté offensif. Si je joue selon mon identité, ça vient tout seul.

« Ma qualité principale, c’est que je suis un compétiteur. Je n’abandonne jamais sur une rondelle, je ne prends jamais une présence ou un match de congé. C’est dans ma nature. »