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QUÉBEC – Sylvain Lefebvre a poussé un soupir de soulagement quand l’autobus des Panthers de la Floride a tourné sur l’avenue du Colisée, samedi, en vue de leur entraînement matinal au Centre Videotron.

« Je ne me souvenais plus si l’ancien Colisée avait été détruit ou pas », a expliqué l’entraîneur adjoint des champions en titre de la Coupe Stanley, à quelques heures du match préparatoire entre son équipe et les Kings de Los Angeles. « C’est le fun de voir qu’il est encore là. »

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Le vétuste édifice est encore là, certes, mais il est loin d’afficher son lustre d’antan. Situé à quelques centaines de mètres du gros igloo blanc moderne bâti en 2015, il sert désormais d’entrepôt.

Les souvenirs créés à l’intérieur de ses murs vivent toutefois encore dans la mémoire des Québécois, des partisans des Nordiques et des anciens joueurs de l’équipe, comme Lefebvre. À l’âge de 27 ans, l’ancien défenseur a fait partie de la dernière édition de la formation fleurdelisée.

Il a donc vécu la lente agonie qui a mené à la vente et au déménagement de l’équipe au Colorado. Tout ça lui est revenu en tête quand il a posé les pieds dans la vieille capitale avec les Panthers. Le beau, assurément, mais aussi le moins beau.

« J’ai vraiment aimé mon année avec les Nordiques », a dit celui qui avait auparavant passé trois saisons à Montréal et deux à Toronto. « Quand j’étais jeune, mon père était un partisan des Canadiens. Pour mettre un peu de piquant dans la maison, je prenais pour les Nordiques. C’était une fierté pour moi de jouer pour eux.

« Mais le fait de ne pas savoir ce qui allait arriver, ce n’était pas évident. J’avais trois jeunes enfants et ma femme était enceinte. Je venais d’être échangé. Je ne savais pas trop si je devais m’établir à Québec. C’est venu avec beaucoup de questionnements. On ne savait pas dans quoi on s’embarquait. »

Lefebvre se souvient surtout de l’ambiance qu’il y avait aux quatre coins de la ville, alors que les rumeurs de déménagement étaient omniprésentes. Il y a des images qu’il n’oubliera pas.

« On avait nos endroits préférés en ville, et les gens qu’on connaissait étaient vraiment déçus, s’est-il souvenu. Ils nous pleuraient dans les bras. Ça, j’ai trouvé ça difficile. J’étais heureux et fier de jouer pour les Nordiques. De partir aussi rapidement, ça m’a fait quelque chose. »

On connaît tous la suite de l’histoire. Le baume sur le départ est venu assez rapidement.

Dès l’année suivante, après les acquisitions de Patrick Roy, Claude Lemieux et Sandis Ozolinsh, l’Avalanche du Colorado soulevait la Coupe Stanley. Un triomphe déchirant pour les gens de Québec, mais une conquête marquante pour ceux qui ont vécu l’incertitude et le déménagement de l’intérieur.

« De gagner dès notre première année, ç’a été un conte de fées, a raconté Lefebvre. Ç’a lancé l’engouement pour le hockey là-bas. Les gens nous ont accueillis à bras ouverts. L’ironie de la chose, c’est que tu arrives à Denver et que la rue Quebec traverse la ville. C’est comme si ç’avait été écrit dans un livre. »

Autant Lefebvre se sent à la maison chaque fois qu’il retourne à Denver, autant il n’a pas oublié la passion qu’avaient les partisans des Nordiques lors de son bref passage. Même si le rêve du retour d’une équipe semble de plus en plus lointain, il espère un autre dénouement heureux.

« On voit l’engouement des gens de Québec pour le hockey, a-t-il conclu. N’importe quelle équipe qui arriverait ici aurait le soutien des partisans. C’est tellement une belle place, les joueurs le soulignent depuis notre arrivée hier soir. Il y a une atmosphère spéciale, un beau charme à Québec.

« Et au niveau hockey, il n’y a plus de preuves à faire. L’intérêt est là. »