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La cérémonie d’intronisation au Temple de la renommée du hockey aura lieu le 13 novembre. La cuvée 2023 inclut Henrik Lundqvist, Tom Barrasso, Pierre Turgeon, Mike Vernon, Caroline Ouellette, Ken Hitchcock et Pierre Lacroix. Aujourd'hui, le fils de Lacroix, Éric, rend hommage à son père et souligne à quel point l'événement sera spécial pour la famille de l'ancien DG.

De son vivant, Pierre Lacroix était tout sauf du genre à se bomber le torse devant ses bons coups ou les réussites de son équipe. Humble, il se faisait un devoir de demeurer en retrait, préférant laisser toute la place aux autres.

Il lui aurait été difficile de se tenir loin des projecteurs, en fin de semaine, à l’occasion de son intronisation au Temple de la renommée – l’honneur suprême individuel par excellence.

Le plus jeune de ses deux fils, Éric Lacroix, se dit convaincu qu’il aurait fait une exception.

« Pour une fois, il aurait été très content et fier de se retrouver à l’avant-scène », avance Éric, en entrevue à LNH.com. « Il ne se serait pas caché derrière les caméras. Il aurait eu le droit de se péter les bretelles, comme on dit en bon québécois. »

Il aurait effectivement eu toutes les raisons au monde de se péter les bretelles, et Lacroix confie que son père souhaitait même recevoir l’appel du Temple.

« Il en parlait, je mentirais si je disais le contraire, révèle-t-il. Il ne parlait jamais d’honneurs individuels, mais celui-là le travaillait. Il disait que c’est un bel événement familial. Il aurait aimé le vivre en famille. Il disait que ce serait le "fun". Il en parlait, mais sans aucune amertume dans la voix, tient-il à préciser. Il soulignait que c’était hors de son contrôle. »

Le coup de fil tant attendu est venu deux ans et demi après son décès à l’âge de 72 ans, le 13 décembre 2020. C’est celle qui a partagé sa vie pendant 55 ans, son épouse Colombe, qui l’a reçu, le 21 juin.

En fin de semaine, toute la famille Lacroix se réunira à Toronto, en ne pouvant pas s’empêcher de regarder vers le ciel par moments.

« Dans le meilleur des mondes, il aurait été là avec nous », note Éric, qui gravite dans l’entourage de l’Avalanche du Colorado à titre d’analyste. « Mais nous ne bouderons pas notre plaisir. Ce sera une grande rencontre familiale. »

Comme Pierre Lacroix l’aurait voulu, ils y seront tous : sa Colombe, ses sœur et frère aînés, Louise et Réal, ses rejetons Martin et Éric, ainsi que ses trois petits-enfants Max, Mia et Ty, les enfants d’Éric.

« Ce seront des retrouvailles festives et émotives, annonce Éric. Ce sera surtout très émotif pour ma mère. Par l’ampleur de l’événement, les petits-enfants réaliseront davantage tous les accomplissements de leur grand-père.

« Il y aura aussi plusieurs anciens joueurs que mon père a côtoyés pendant sa carrière : les Michel Goulet, Raymond Bourque, Patrick Roy, Joe Sakic et Peter Forsberg. Ce sera agréable de passer du temps tous ensemble et de se remémorer de bons souvenirs. »

Un rassembleur

De là-haut, Lacroix sera comblé. L’aspect familial a toujours été au cœur de son œuvre, d’abord comme conseiller de joueurs dans les années 1970 et 1980 et ensuite comme dirigeant dans la LNH dans les années 1990 et 2000.

« Il nous considérait comme ses enfants », a déjà affirmé l’ancien gardien Stéphane Fiset.

Un des premiers agents de joueurs francophones dans la LNH, sinon le premier, il a appelé la compagnie qu’il a créée en 1978, Jandec, pour janvier à décembre. C’était une façon pour lui de dire qu’il était disponible pour sa clientèle 24 heures par jour, sept jours sur sept.

« Il n’y avait pas beaucoup d’agents dans le temps, mais il voulait garder l’entreprise petite, souligne Éric. C’est la promesse qu’il avait faite à son associé à Bob (Robert) Sauvé (qui a pris la relève et qui continue de garder le fort). »

L’ancien gardien Sauvé avait d’ailleurs été le premier client de Lacroix dans les années 1970.

À son arrivée comme directeur général des Nordiques de Québec en 1994 et pendant toutes ces années par la suite avec l’Avalanche, il a appliqué la même recette gagnante.

« C’était très important pour lui de tisser des liens forts entre tout le monde, répète Éric Lacroix. C’était le ciment de sa réussite. Ç’a été l’atout numéro un dans les succès des Nordiques et de l’Avalanche. »

La valeur a certes joué un rôle essentiel dans les deux conquêtes de la Coupe Stanley qu’il a savourées au Colorado, en 1996 et en 2001. Mais il n’y a pas eu que ça. Le flair de Lacroix et ses qualités de fin négociateur sont d’autres facteurs non négligeables.

Et un bon vendeur

« D’avoir été agent de joueurs pendant 25 ans l’a vraiment aidé à comprendre un côté de la médaille, juge Éric. C’était un bon vendeur. Avant de faire carrière dans le hockey, il a travaillé pour une compagnie de cigarettes et une compagnie de bière. Pourtant, mon père ne fumait pas et il ne buvait pas d’alcool, mais je peux vous dire qu’il était très apprécié de ses patrons.

« Un bon vendeur ne laisse rien au hasard. Il ne laissait rien au hasard. Ses décisions étaient mûrement réfléchies et tous ses gestes étaient finement planifiés. C’était un ami proche de René Angélil (l’ancien mari et imprésario de la chanteuse Céline Dion). René était pareil. Les deux s’entraidaient souvent.

« Sa grande force, quand il a sauté la clôture pour être DG, a été de s’entourer de gens compétents, poursuit Éric. Il a toujours voulu s’entourer de personnes fortes qui ne craignaient pas d’exprimer leurs opinions. »

Lacroix n’était plus parmi nous, mais il n’aurait pas été peu fier d’assister à la conquête de la Coupe de l’Avalanche en 2022. C’est qu’il a chaperonné Joe Sakic avant qu’il n’accède au poste de directeur général de l’Avalanche en 2013. Sakic porte maintenant le titre de président des opérations hockey.

« Joe possède une personnalité différente de mon père et il fait les choses à sa manière, mais les valeurs sont les mêmes », estime Éric.

Suivant le triomphe de l’Avalanche l’an dernier, Sakic a fait une confidence à Éric. Il lui a raconté que pendant les célébrations de l’équipe sur la glace, il s’est tourné vers son épouse Debbie et il lui a dit : « Je pense que Pierre serait fier de moi ce soir ».

« Mon père a marqué beaucoup de monde. Il a laissé son empreinte dans l’histoire du hockey. »

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