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Choix de première ronde des Nordiques de Québec au repêchage 1993 de la LNH, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est désormais propriétaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 32 filets de la Ligue.
La haute direction des Sabres de Buffalo a tenté de repousser ce moment le plus possible, mais voilà qu'elle n'a plus d'autre choix que d'envoyer le jeune Ukko-Pekka Luukkonen dans la gueule du loup pour voir de quel bois il se chauffe véritablement.

Eric Comrie s'étant blessé pour au moins quelques semaines, le jeune homme de 23 ans voit la porte s'ouvrir dans un contexte plutôt difficile. Après un excellent début de saison, les Sabres ont perdu leurs sept derniers matchs et les signes encourageants des premières semaines ne sont plus qu'un lointain souvenir.
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C'est une tendance qui se répète pour une quatrième saison de suite à Buffalo, et c'est très difficile à expliquer. La direction et l'entraîneur ont beau changer, l'équipe ne semble pas capable de maintenir le rythme une fois le mois d'octobre passé.
Cette fois, c'est au jeune noyau de trouver une réponse ou de provoquer une étincelle. Est-ce que ce pourrait être l'arrivée - et l'émergence - de Luukkonen? Le directeur général Kevyn Adams doit le souhaiter.
Il pensait peut-être que la signature estivale de Comrie, qui n'avait que 28 matchs d'expérience dans la LNH avant cette saison, lui permettrait d'acheter du temps tout en offrant à l'entraîneur Don Granato une option de qualité devant le filet. Âgé de 27 ans, le gardien avait maintenu de bonnes statistiques en 19 matchs avec les Jets de Winnipeg, la saison dernière (moyenne de buts alloués de 2,58 et taux d'efficacité de ,920).
Force est d'admettre qu'il n'est peut-être pas suffisamment outillé pour occuper un poste de numéro un. En 11 matchs, il affiche une moyenne de 3,62 et une efficacité de ,887 et ses statistiques n'étaient guère mieux avant la série de défaites (4-3 - 3,29 - ,898). Ç'aurait dû servir d'avertissement pour ce qui s'en venait.
Je l'ai souvent écrit dans cette chronique, et je le répète. Une équipe peut difficilement espérer gagner régulièrement si ses gardiens n'ont pas un taux d'efficacité s'approchant des ,920. Il y a simplement trop de parité dans la LNH pour gagner autrement. On voit souvent des matchs basculer d'un côté ou de l'autre à la suite d'un arrêt clé - ou d'un arrêt qui n'est pas effectué.
C'est peut-être en partie ce qui explique la descente aux enfers des Sabres.
Avec deux saisons d'expérience dans la Ligue américaine, Luukkonen pourrait venir sauver les meubles et potentiellement même déloger Comrie de son poste chancelant. Le vétéran Craig Anderson est aussi dans le portrait, mais à 41 ans, on ne peut pas lui confier trop de départs.
Reste que sa présence dans l'entourage de cette jeune équipe est absolument nécessaire. Pour avoir joué avec lui et l'avoir dirigé, c'est un gars pour qui j'ai beaucoup de respect. Il apporte l'expérience et la stabilité et n'a pas connu un vilain début de campagne avant que les choses s'enveniment.
Le contexte force donc la main des Sabres. Ils ne peuvent plus tenter de protéger Luukkonen, comme ils le font depuis quelques années, pendant que l'équipe rebâtit ses fondations. Maintenant que le jeune noyau est en train d'éclore, c'est le bon moment de voir ce qu'il a dans le ventre.
Maintenant ou jamais
Même s'il risque d'être exposé derrière une équipe qui a perdu ses repères, le portier finlandais ne doit pas s'en plaindre. On m'a toujours dit que la chance n'existe pas dans la vie. Que la chance est la rencontre entre la préparation et l'opportunité. S'il a fait ses devoirs au chapitre de la préparation - ce qui semble être le cas - voilà maintenant l'occasion en or qu'il attendait et qu'il doit absolument saisir.
La cloche a sonné et il doit répondre en faisant fi de la pression, un peu comme il l'avait fait la saison dernière alors que les attentes n'étaient peut-être pas aussi élevées que cette année. En neuf matchs avec les Sabres, entre décembre et janvier dernier, il avait maintenu une moyenne de 2,74 et un taux d'efficacité de ,917.
S'il est en mesure d'élever les standards un tant soit peu devant le filet, il pourra se positionner avantageusement dans la hiérarchie des gardiens de l'équipe. Surtout que les espoirs Devon Levi et Erik Portillo s'approchent de plus en plus des rangs professionnels, et lui souffleront bientôt dans le cou.
Luukkonen ne sera pas couronné comme gardien d'avenir des Sabres, loin de là. Il devra mériter chacun de ses départs parce que la compétition interne s'annonce féroce dans les années à venir. Il aura la chance dans les prochaines semaines de prendre une longueur d'avance sur ses homologues, et ce sera à lui d'effectuer le travail.
\Propos recueillis par Guillaume Lepage, journaliste LNH.com*