Thomas Bordeleau avait bien l'impression que tous les efforts qu'il avait investis en compagnie de ses coéquipiers de l'équipe des moins de 18 ans du Programme de développement de l'équipe nationale de USA Hockey (NTDP) étaient sur le point de rapporter.
Thomas Bordeleau, déçu mais sans regret
L'attaquant québécois aurait aimé que son aventure au NTDP se termine d'une autre façon
Après deux années de dur labeur, de hauts et de bas, la formation était à un mois de passer son examen final en disputant le Championnat mondial des moins de 18 ans de la Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG) - le tournoi au cœur même du fondement du programme.
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Dans la tourmente, et alors que toutes les ligues sportives de la planète cessaient leurs activités en raison du coronavirus, la FIHG a pris la décision qui s'imposait en annulant l'évènement.
« Ça fait deux ans qu'on travaille comme des acharnés pour en arriver à ce but-là, a déclaré l'attaquant québécois, bien au fait de l'ampleur de la situation mondiale. De voir ça s'envoler en fumée, ç'a été vraiment dur. On sait que c'est hors de notre contrôle et que ça affecte beaucoup d'autres joueurs, mais le fait d'avoir travaillé si fort pour en arriver à ça, ç'a été très difficile sur le moral.
« Je vis avec ces gars-là presque 24 heures sur 24, sept jours sur sept, depuis deux ans. Du jour au lendemain, tout le monde a dû rentrer chez eux en se disant qu'on ne jouerait probablement plus jamais un match ensemble. Ce n'est pas seulement l'annulation du tournoi qui est crève-cœur, c'est aussi de savoir que je n'aurai pas la chance de rejouer un match avec tous mes frères. »
Parce que la USHL - la ligue dans laquelle la formation évolue en saison régulière - a suspendu ses activités au même moment et a confirmé l'annulation du reste de la campagne, mercredi.
Après avoir reçu la nouvelle de façon émotive, Bordeleau et ses coéquipiers ont parcouru les 12 heures de route entre Omaha, au Nebraska, et Plymouth, au Michigan, avant de ramasser leurs effets personnels au USA Hockey Arena et de se dire au revoir.
Ils ont quitté Plymouth avec le sentiment de ne pas avoir terminé le travail. On ne peut présumer de rien, mais les derniers résultats de la formation dans les compétitions internationales étaient fort encourageants et laissaient croire que le meilleur était à venir.
Après avoir terminé au huitième et dernier rang au Défi mondial des moins de 17 ans en novembre 2018, la troupe guidée par Seth Appert a pris part à la finale lors des quatre évènements internationaux subséquents - remportant l'or une fois au Tournoi des cinq nations, en Suède, en novembre dernier.
« C'est fou, on est tellement partis de loin, s'est souvenu l'espoir admissible au prochain repêchage de la LNH. Nous étions tous dédiés à mettre l'équipe en premier et à tout faire pour qu'on connaisse du succès collectif. Ça nous a complètement amenés à un autre niveau.
« On n'était pas l'équipe avec le plus de talent brut, mais avec tous les progrès qu'on a faits, Seth était vraiment fier de nous. C'est pour ça qu'il trouvait ça injuste. Je pense qu'il donnerait lui aussi n'importe quoi pour avoir la chance de nous diriger pour un dernier match. Il prenait vraiment ça à cœur. »
Devoir accompli
Même s'il n'aura pas la chance de se battre pour l'or avec ceux qu'il appelle ses frères, Bordeleau a tout de même quitté Plymouth et le NTDP avec le sentiment du devoir accompli - au chapitre individuel, à tous le moins.
Il a terminé au premier rang des pointeurs de l'équipe à ses deux saisons au sein du prestigieux programme, concluant la présente campagne avec une récolte de 46 points, dont 16 buts, en 47 rencontres.
« À ma première année, j'ai senti que j'avais vraiment grandi, a-t-il expliqué. Je pense avoir fait des pas de géant encore cette année. C'est ça la beauté du NTDP, on t'aide tout le temps à te développer et à t'améliorer. Je vais devoir continuer à faire la même chose dans les prochaines années. »
Considéré comme le 26e meilleur espoir nord-américain par le Bureau central de dépistage de la LNH, le patineur de 18 ans ne contrôle maintenant plus rien en vue du repêchage.
Le Mondial des moins de 18 ans aurait pu lui permettre de démontrer tout son savoir-faire une dernière fois devant les nombreux recruteurs et dirigeants d'équipes de la LNH, mais il est bien confortable avec ce qui leur a offert tout au long de la saison.
« Je pense avoir prouvé ce que j'avais à prouver, a lancé celui qui s'alignera avec l'Université du Michigan, l'an prochain. Je jouais dans toutes les situations et je contribuais à rendre mes coéquipiers meilleurs. C'est sûr que le U-18 aurait été une plateforme pour solidifier certaines choses, mais j'ai fait ce que j'avais à faire.
« La situation n'affecte pas seulement moi, c'est le cas de pleins d'autres joueurs. Je ne peux plus rien contrôler et je n'ai pas de regrets. J'ai joué chaque match comme s'il n'y avait pas de lendemain. »
Avec ce qu'on sait aujourd'hui, c'était visiblement la bonne chose à faire.